CHRONIQUE PAR ...
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Jared Monette
(chant)
-Jaeson Bardoni
(guitare)
-Arthur Alvarez
(guitare)
-Sean Richmond
(claviers)
-Greg Howell
(basse)
-Garin Rosen
(batterie)
TRACKLIST
1)Interdimensionary
2)The 42nd ego
3)My Cup's Half Empty
4)Skiff for the Suits
5)In the Empyreans
6)Saturnine
7)Violence in Fluid – Triceratops
8)Portals
9)I Lost My Loss of Ruin
10)To Playact in Static
11)Tea Time Ribbons
DISCOGRAPHIE
Fondé en 2005 du côté de Santa Cruz, Arsonists get all the girls (AGATG) est un groupe pratiquant un deathcore aux accents bien expérimentaux. Issu de toute cette vague de groupes à la Black Dahlia Murder, Carnifex et autres Suicide Silence qui mélangent allègrement divers styles de métal extrême avec plus ou moins de succès et de talent, les AGATG affichent une belle expérience puisqu'ils ils livrent ici leur troisième album studio. Ayant plutôt apprécié le précédent, c'est avec une certaine impatience que j'attendais celui-ci. Alors qu'en dire après quelques fort nombreuses écoutes? Eh bien qu'il fait mal.
Que oui, cet album fait très mal. A la fois puissant, varié, expérimental tout en restant bien cohérent (aspect qui fait défaut chez nombre de groupes évoluant dans le style), contenant quelques grosses tueries et peu de fautes de goût, Portals est une vraie réussite dans un genre qui n'a pas amené que de la qualité à nos oreilles ces dernières années, loin s'en faut. Commençons par saluer une prod' claire et puissante qui arrive à mettre en valeur les délires des deux guitares et du clavier sans trop les aseptiser et sans reléguer au second plan la section rythmique un seul instant. En bref, du bon boulot. Disons également un mot de l'artwork, qui si il n'est certes pas d'un goût princier, se démarque néanmoins par son originalité et un certain second degré, second degré qui de toute façon semble caractériser ce groupe (ce nom de groupe.. ces paroles!). Bref, des aspects qui font furieusement à d'autres épouvantails de la scène, du style Iwrestledabearonce. Mais si tout cela est bien gentil et de qualité, intéressons-nous donc maintenant au contenu de ce Portals. Et sur le fond, on peut dire que le groupe ne déçoit pas, loin de là.
Déjà, le niveau technique est monstrueux. Mais ça ce n'est rien, dans la mesure où aujourd'hui les musiciens sont tous plus techniques les uns que les autres et que ça n'empêche pas certains de bien se vautrer (les derniers Emmure ou Despised Icon). Non, ce qui marque chez AGATG, c'est justement cette capacité à mettre la technique au service de la musique. On entendra par là que le groupe arrive à produire des morceaux hyper variés, techniquement casse-gueule, sans jamais tomber dans la démo. Assez peu de solos par exemple, alors que le deathcore est un style qui aime assez bien abreuver ses fans de solos d'ultra shred branleur sans grand intérêt. Du coup, on retient ces passages ou la lead se déchaine, rendus plus marquants par cette parcimonie ("Violence in Fluids – Triceratops"). Bref ça joue bien et ça joue intelligemment, mais qu'est ce que ça joue? Ma foi mon bon monsieur, ça joue un mix entre hardcore, grind et death, violent dans l'ensemble mais qui sait aussi calmer le jeu (''In the Empyreans''), et surtout qui sait se faire progressif (''Portals'', chanson titre extraordinaire) et expérimenter bien à fond.
Le groupe propose effectivement ici quelque chose d'original, avec beaucoup de passages qui sortent de l'alternance classique entre couplets grindo'deatho'frénétiques et gros beatdowns hardcore, assez barrés en termes de rythmique et qu'on pourrait aisément rapprocher du mathcore, influence marquée dans Portals. La section rythmique est ultra-carrée, sans jamais donner l'impression de manquer d'âme et de bêtement suivre le duo guitares/synthé, même si c'est ce dernier qui remporte le prix de l'expérimentation sur cet album. Ces trois là s'éclatent franchement, et leur complicité est impressionnante. Le clavier opère tantôt en soutien judicieux des deux tricoteurs, tantôt partant en vrille totale - on a le droit à des passages un peu reggae-ska, d'autres plus rock'n'roll ("To Playact in Static"), et le reste du temps à des nappes au son cosmico-synthétique du plus bel effet (ah mais cette intro de ''Portals''!!) - le tout sans jamais manquer de cohérence ni tomber dans le solo pompeux. Enfin le chanteur apporte beaucoup à la qualité de cet album, aussi à l'aise sur les vocaux typés core que sur des phases plus death et gutturales.
Vous l'aurez compris, on est ici en présence d'un album où le groupe ne se pose que peu de limites en termes de styles empruntés, ce qui le rend difficilement descriptible. Et si cet album n'est pas non plus un authentique chef d'œuvre, dans la mesure où il ne réinvente pas non plus un style ni ne balance tuerie sur tuerie sans aucun répit, sachez juste qu'à mon sens vous ne mettrez pas les mains sur n'importe quelle beauferie deathcore survendue et surproduite, loin s'en faut. Jetez-y une oreille, vous y reviendrez!