CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Juliette Lewis
(chant+claviers)
-Omar Rodriguez-Lopez
(guitare+claviers)
-Thomas Pridgen
(batterie)
TRACKLIST
1)Intro
2)Noche Sin Fin
3)Terra Incognita
4)Hard Lovin' Woman
5)Fantasy Bar
6)Romeo
7)Ghosts
8)All Is For God
9)Female Persecution
10)Uh Huh
11)Junkyard Heart
12)Suicide Dive Bombers
13)The Devil Knows
14)Gold & Mud
DISCOGRAPHIE
Il est bien évident que le succès du combo Juliette Lewis & The Licks tient en grande partie du charisme et de l'énergie de la frontwoman (la sus-ditée Juliette pour ceux qui ne suivent pas) et qu'il n'est pas trop difficile d'imaginer ce que serait Juliette Lewis & The Licks sans les Licks. Bref, les fans ne seront sans doute pas débousso... Mais -attendez- cette guitare audacieuse et psychédélique, ce son seventies/avantgardiste... Mais c'est OMAR RORIGUEZ-LOPEZ! Ah ben ça alors, elle est bien bonne...
La petite Juliette qui s'offre le luxe de bosser avec un des guitaristes les plus créatifs de la décennie, ça doit valoir le détour! Pas tant que ça en fait, car là où l'on s'attendait à un feu d'artifice de guitares planantes et acides mêlées aux envolées énergiques de la petite punkette, on trouve un album de pop-rock, musclée certes, mais plutôt convenue malgré quelques incartades psyché. Passée l'intro, le burner "Noche Sin Fin" fournit un excellent échantillon de la musique du combo. Un rock coincé dans le classique enchainement couplet/refrain avec quelques guitares piquantes mais domptées qui ne laissent que peu de place à l'imagination. Efficace mais convenu.
Il faudra attendre "Hard Lovin' Man" pour avoir le premier frisson... Et quel frisson! Lancée dans un duel guitare/chant, Juliette balance ses tripes sur des accords bluesy et vient flirter avec Janis Joplin. Malgré ce départ en flèche le deuxième tiers de l'album n'est pas aussi enthousiasmant et fait un peu trop penser à du « sous-Mars Volta qui aurait changé de chanteur » pour être vraiment bandant (notamment sur "Ghosts", qui semble être un rush d'Octahedron). Dommage on n'est pas loin du truc vraiment intéressant que laissait présager le duo. D'autant que l'on s'en éloigne grandement dans la dernière partie avec une incursion non déguisée dans le registre pop-rock ("Uh Huh", "Gold & Mud") voire dans la ballade acoustique sympathique mais peu originale...
De la à dire qu'il s'agit pour autant d'une collaboration ratée il n'y a qu'un pas qu'il serait bien dommage de franchir car, somme toute, l'album est assez prenant, tant le joli timbre légèrement fêlé de Juliette et ses lignes de chant rock sont capables de dompter les délires de Rodriguez et les transformer en chansons. On en vient à fredonner le refrain de "Romeo", l'énergique couplet de "All Is for God" voire la totalité de l'excellente "Junkyard Heart". Bon couplet légérement blues, Refrain tendu et inspiré (la petite guitare qui tourne derrière est un délice) et envolée de six-cordes en apothéose : du grand art.
En un peu moins d'une heure, Juliette Lewis et Omar Rodriguez tentent de mêler leurs deux univers. Malheureusement dans la bataille chacun perdra ce qu'il sait le mieux faire : on aurait aimé un peu plus d'énergie punk dans la voix de Juliette et un peu plus de feu dans les interventions du génie texan. Mais ne boudons pas notre plaisir et savourons tout de même ce bon moment de rock légèrement acidulé.