CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Tobias Sidegård
(chant)
-Johan Norman
(guitare)
-Ewo Solvelius
(gutare)
-Alexander Friberg
(basse)
-Jonas Blom
(batterie)
TRACKLIST
1) The Trident
2) Jaws of Satan
3) Nemesis
4) Luciferain Call
5) Black Velvet Wings
6) Stockholm Bloodbath
7) Blackened Souls
8) Slaves to Anguish
9) World Destruction
10) Mephisto
DISCOGRAPHIE
Trident ou un groupe qui s’annonce comme possédant en son sein un ex-membre de Dissection, Johan Norman au poste de guitariste passé par la légende entre 94 et 97, et jouant aussi du black/death metal. Qui plus est, pour ne rien arranger, la communication est même fortement axée là-dessus. Ca sent à plein nez la copie de Dissection. Quand en plus on apprend que ledit Johan Norman sentait le besoin de revenir à la scène metal après un break de plusieurs années, on se méfie. Surtout pour refaire du black/death metal.
Ca ne manque pas. Après une intro pour le moins risible faite à coups de rafistolages au clavier du pauvre, on embarque pour un voyage aux forts accents de Dissection, première période, soit The Somberlain et Storm Of The Light’s Bane. On se souvient aussi que dans Dissection, c’est Jon Nodveidt qui composait, pas Johan Norman. Forcément, on se situe donc un cran en dessous. Pourtant force est de constater qu’instrumentalement, le tout tient fort bien la route avec des guitares acérées et incisives enchaînant les riffs aux notes multiples et les soli démonstratifs. La batterie est à l’avenant, véloce et parfois variée. La basse se contente évidemment de la portion congrue, c’est-à-dire pas grand chose, puisqu’on ne l’entend pas. Plus loin que la maîtrise technique, les compositions sont aussi relativement bonnes. Agréables à l’oreille, elles versent dans un black/death tout à fait classique et balisé. En fait, uniquement entre les balises, pour ne jamais explorer les friches alentours.
En ceci on peut blâmer Trident, car avec ses capacités techniques fort raisonnables, il aurait pu en profiter pour proposer une musique bien plus ambitieuse que de simplement se contenter de rendre un hommage plus ou moins appuyé au maître incontesté du genre, Dissection le père. Hommage qui peut être très bon mais qui reste dans le sillage tourbillonnant de son modèle. Les mélodies présentes sont ainsi un cran en-dessous de l’icône. Elles habillent toutefois les chansons avec une certaine grâce et une présence non contenue. Cela rend la musique facile d’accès pour autant qu’elle soit techniquement assez ambitieuse. Car on tombe sur un corollaire de ce manque d’originalité, l’album en lui-même n’est pas désagréable du tout et s’assimile rapidement puisqu’il met son auditeur dans un fauteuil douillet et connu. On serait tenté de dire que c’est le minimum exigible lorsque la prise de risque est si faible. Le minimum est atteint, c’est déjà ça.
Alors que retenir de ce World Destruction ? Mettant de côté les similitudes exacerbées, on lui accordera une rapidité d’exécution un poil plus élevée que son inspirateur. Les blasts sont bien présents mais savent cependant s’effacer régulièrement au profit de parties plus posées. Qui plus est, les soli sont ici présents dans un tonnage imposant et n’arrivent pas comme des retournements de situations Night Shyamalanesques. Non, ils sont bien intégrés même si on aurait apprécié qu’ils soient plus incisifs, en misant plus systématiquement sur l’impact émotionnel que sur le défilement des notes qui a tendance à être le courant porteur par moments. Autre bon point positif, il y a quelques refrains bien trouvés comme sur "Nemesis". Ça ne mange pas de pain, c’est dans le genre déclamation incantatoire et c’est efficace. En continuant sur le chant, la seule remarque digne d’intérêt à faire à son sujet, et elle vaut pour l’album finalement, est qu’il est très conservateur. Du typique du genre, neutralement correct.
Ce World Destruction est donc un album tout à fait honnête, à l’achalandage travaillé pour plaire à une cible bien précise en manque de black/death mélodique à la Dissection. La population plus vorace d’originalité passera probablement son chemin par manque d’intérêt. En fait, on ne peut pas reprocher grand chose à cet album dans l’absolu, si seulement il était sorti en 1994-95 ... Il faut espérer que le groupe saura trouver une voie qui soit plus personnelle pour un prochain disque. Malheureusement, le fait qu’il soit porté par une personne dans le circuit depuis un moment ne porte pas à l’excès d’optimisme.