CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Mick
(chant)
-Zephiros
(guitare)
-Seb VS
(guitare)
-Dave
(basse)
-Morteüs
(batterie+chœurs)
TRACKLIST
1)Just Before...
2)A Dead Silence
3)When They Stand Still
4)To Touch the Ground
5)Your Demonic Defense
6)In Sorrow
7)Rule of the Rope
8)Silent Warfare
9)Negative Eyes Control
10)Self Lies Addiction
11)Got Smile Sticking
DISCOGRAPHIE
À une époque où l’Olympique Lyonnais ne domine plus vraiment le championnat de France de football, ne faisant illusion que grâce aux exploits répétés de son gardien de but niçois Hugo Lloris, les Gones peuvent se consoler en se disant que certains de leurs groupes de metal locaux sont devenu des références au niveau national, qu’il s’agisse de Nightmare pour le heavy, Benighted pour le brutal death, ou de Destinity pour un death moins extrême et plus raffiné (façon de parler).
Album après album, Destinity a en effet réussi à se faire un nom dans le milieu du metal extrême français. En 14 ans de carrière et déjà 5 albums au compteur, les Lyonnais font à présent figure de groupe établi, pour ne pas dire de vétérans dans un pays où les groupes qui durent vraiment sont à compter sur les doigts de la main et méritent plus que jamais le respect. Après des débuts très orientés vers le black metal symphonique, la composante death de leur musique a peu à peu gagné en importance au fil des albums, jusqu’à arriver à The Inside en 2008, qualifié un peu hâtivement d’album de death mélodique. Moins de deux ans plus tard débarque donc en ce début d’année 2010 XI Resons To See, nouvel album qui ne révolutionne pas la recette du précédent opus, autant le dire tout de suite, mais qui fait preuve d’une efficacité redoutable. Le groupe n’évite pas le passage obligé de l’intro instrumentale symphonique qui monte en puissance lorsque les claviers sont rejoints par les guitares pour enchainer sur le premier vrai morceau de l’album, "A Dead Silence".
Cet opener très réussi au riff principal excellent nous propose un death metal mélodique assez riche renforcé de claviers efficaces et à la structure parsemée de breaks et de changements de tempo. Au détour du refrain on retrouve l’élément qui avait fait quelque peu jaser sur l’album précèdent : le chant clair du batteur Morteüs, également responsable des claviers et programmations. Le résultat ressemble toujours autant au chant clair que Peter Tägtgren utilise chez Pain ou sur quelques albums d’Hypocrisy (on pense surtout au controversé Catch 22). Mais pour une fois qu’un chant clair dans une musique extrême ne sonne pas niais et aseptisé on ne va pas se plaindre ! En parlant de chant, la performance de Mick est proprement remarquable, que ce soit dans le registre death profond ou le black le plus colérique. Le titre suivant "When They Stand Still" est encore meilleur, utilisant la même recette à laquelle le groupe rajoute un aspect extrêmement pêchu jouissif et un court solo. Le break mid tempo bien heavy et propre au headbanging risque de briser bien des cervicales…
Changement de tempo sur "To Touch the Ground" qui se démarque complètement du reste de l’album par son rythme lent et ses claviers plus présents, ainsi que son ambiance mélancolique au possible. Tiens, on trouve généralement un morceau de ce type sur tous les albums d’Hypocrisy ! Destinity tend un peu le bâton pour se faire battre en proposant ce type de compo, mais le résultat est objectivement très réussi. La suite de l’album reprend la recette des premiers titres avec efficacité mais un peu moins de fulgurance au fur et à mesure que les titres défilent. À moins que cette impression ne vienne du style quelque peu figé qui finit par lasser ? On reste toutefois dans du haut niveau comme le prouvent le refrain accrocheur de "In Sorrow" ou les alternances de voix death/black de "Rule of the Rope" (comme le fait… Peter Tägtgren). "Negative Eyes Control" se démarque par ses passages plutôt groovy inattendus, et "Self Lies Addiction" en se montrant plus mélodique, moins Hypocrisy-like. Enfin "Got Smile Sticking" est un titre épique à tiroir qui clôt l’album dans une légère ambiance black qui rappelle les débuts du groupe.
Les qualités mais aussi les légers défauts de The Inside se retrouvent sur XI Reasons To See, et les détracteurs de Destinity ne se priveront pas de qualifier les Lyonnais d’Hypocrisy français. Il y a pire comme critique. L’efficacité de la musique fera taire les grincheux. Ajoutez à cela une prod puissante mettant les guitares à l’honneur (réalisée aux Hansen studios au Danemark) et un chant particulièrement réussi et varié (death, black, clair) et vous comprendrez pourquoi et comment Destinity nous livre avec XI Reasons To See encore un très bon album.