CHRONIQUE PAR ...
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Ben Hollyer
(chant)
-Matt Lerwill
(guitare)
-Steve Beatty
(basse)
-John Watts
(batterie)
TRACKLIST
1)Crawl
2)Corporate Evasion
3)Falter
4)Dredge
5)Eau du War
6)Our Souls to You Part One
7)A Public Display of Anger
8)Isolation
9)September
10)Love Is (a Warm AK47)
11)Our Souls to You Part Two
DISCOGRAPHIE
October File n'est pas trop du genre à faire de concessions. Officiant depuis ses débuts en 2004 dans un punk hardcore très fortement influencé par la scène indus des années 80-90, Killing Joke, Ministry et autres Prong en tête, les anglais reviennent en ce début d'année 2010 avec un troisième album en forme de « fuck off » général. ''Our Souls to You'' est effectivement un sacré pavé, un monolithe très compact d'une heure (sans compter les cinq bonus tracks!) qui évolue dans les archétypes du genre, avec un savoir-faire certain mais également avec les habituels défauts qu'on rencontre souvent dans le style. Décryptage.
Qui dit punk-hardcore dit énergie, fougue, riffs directs et capacité à transmettre un sentiment d'urgence dans la musique. L'indus se développe sur d'autres bases, plus sombres, lourdes et martiales, bien que les deux soient étroitement liés. Et force est de reconnaître que le groupe maîtrise la fusion des genres à merveille. Morceaux directs, rentre-dedans, aux riffs efficaces mais sans une once d'originalité (''Crawl'' ou ''Corporate Evasion''), le tout enrobé par une section rythmique typiquement indus sur la plupart des morceaux (basique, carrée et lourde quoi!), ainsi que d'une production tout à fait honorable et faisant, comme il se doit, la part belle à la basse : bref, on rentre sans trop de mal dans l'univers proposé, notamment grâce à un excellent chanteur, au timbre grave et profond et qui rappelle clairement plus Al Jourgensen que n'importe quel chanteur de la scène punk-hardcore. October File est donc un groupe brut de décoffrage et qui ne fait pas vraiment dans la fioriture ni ne cherche à attirer à lui un public plus large, n'hésitant pas à balancer des pavés de 7 à 10 minutes pas des plus aisés à écouter (''Dredge'', ''Love Is a Warm AK-47'', ''Our Souls to You Part-Two''), voir complètement barrés tels le morceau titre ''Our Souls to You Part-One'' et ses 7 minutes entre spoken lyrics en arabe et « fuuuuck! » balancés en écho par le chanteur. Bref, pas vraiment des adeptes du refrain qui rentre dans la tête et du tube immédiat.
Et cette démarche, si elle est éminemment respectable dans le principe, me paraît tout de même un peu dommageable, car on a parfois l'impression d'être face à un gros monolithe qu'il est difficile d'apprécier si l'on est pas déjà fan du genre à la base, ce qui n'est pas mon cas. Peu de variété donc dans cet album qui fait, par moments, penser à un NIN époque ''Starfuckers Inc.'', mis à part sur les quelques morceaux où le groupe rééquilibre les forces entre un indus souvent trop présent à mon goût et un punk-hardcore au contraire trop peu représenté. Sur ''Falter'' par exemple, le groupe réussit un bel amalgame entre les styles, et se paye même le luxe d'envoyer un refrain groove à souhait avec une ligne de chant des plus appréciables. Sur ''September'' ensuite, probablement le morceau le plus punk-core de l'album avec des riffs comportant beaucoup plus de notes aiguës que sur le reste de la galette, et surtout un refrain des plus punk avec chœurs qui vont bien à l'appui. Mais ces incartades restent rares, et le groupe évolue finalement bien plus dans un metal industriel somme toute assez classique que dans un véritable punk hardcore industriel. Les morceaux sont directs, plutôt entraînants dans l'ensemble, mais le tout reste très basique, à l'image d'une section rythmique pas des plus inspirées et d'un guitariste qui se contente souvent du minimum syndical (''Dredge'', ou comment faire tourner le même riff de trois accords pendant 10 minutes).
Bref, que dire. Un groupe respectable qui ne fait pas de concessions et qui balance sans coup férir une heure (une heure 20 avec les cinq remix dispensables) d'indus un peu punk hardcore, de riffs cubiques et de section rythmique toute aussi peu encline à la mélodie et à la variété. C'est fort bien fait mais quelque peu assommant quand on a pas l'habitude du genre. En tout cas on comprend pourquoi Killing Joke, Prong et Ministry ont choisi de les emmener en tournée tant les anglais sont leurs dignes héritiers (et quoi qu'ils en disent sur leur site officiel, ahah!). Bref si vous êtes fan de ces groupes allez-y les yeux fermés, sinon vous risquez d'avoir du mal.