CHRONIQUE PAR ...
Sebrouxx
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Charly Sahona
(guitare+claviers+chant)
-Thomas James-Potrel
(basse)
-Diego Rapacchietti
(batterie)
TRACKLIST
1)Relieved
2)Raise the Shadow
3)Away from Our Sins
4)Forgotten Past
5)River of Lies
6)Living in a Dream Is Not Right
7)It Will Fly Away
8)All That Can't Be Said
DISCOGRAPHIE
Séb, tu vas encore nous les briser longtemps avec tes albums de gratteux français ? Et un coup de cœur du mois en plus! Okay, mais je ne veux pas lire le moindre mot style tapping, sweeping, legato, ni le moindre nom ou de marque d’effets fabriqués je-ne-sais-où. Chez les Éternels, on n’est pas à Shred Magazine, va falloir te le dire combien de fois? Au moins autant de fois qu'il me faudra te répéter, chef, que Charly Sahona, c’est une nouvelle preuve de la bonne santé d’une autre facette de la scène française. Celle des multi-instrumentistes chanteurs mélodistes.
Et dire que je m’étais promis de ne plus JAMAIS lire les dossiers de presse accompagnant les CD de promotion transmis par les distributeurs et autres maisons de disques. Pourquoi ? Parce que dans le cas de Charly Sahona, guitariste Montpelliérain, était vendue une vague fusion de Dream Theater, Muse et de 30 Seconds to Mars (histoire d’aligner les noms qui résonnent). Il y a un peu de vrai dans ce raccourci, mais s’en tenir à cela s’avérerait primo malhonnête intellectuellement, et secundo tellement réducteur au regard des efforts multiples déployés par Charly et sa diabolique section rythmique. D’un autre côté, aurait pu nous être seulement vendu un Xième album d’un Xième shreddeur hexagonal, Charly ayant tenu, ces dernières années, la baraque d’une chocolaterie métal-prog’ dénommée Venturia. Cette dernière - malgré deux albums dont l’ultime Hybrid laissait entrevoir le présent revirement - cherche encore l’écho qu’elle mérite, et notre homme rebondit ici sous son propre nom même s’il reste néanmoins accompagné des batteur et bassiste de la formation susnommée. Grand bien lui et leur en a pris. Et plus encore car Naked Thoughts From A Silent Chaos est une réussite qui se bonifie davantage à chaque écoute.
Huit titres équilibrés, bien éloignés des gros quart d’heure de prog’ habituel auxquels l’auditeur aurait eu droit si le sudiste avait persisté dans le seul style Venturia/Theater, composent cette première livraison solo, étrangement facile d’accès. Autant le saluer car en ces temps de surproduction déraisonnée (vous savez, l’art et la manière de faire compliqué quand mon tout sonnerait bien mieux en toute simplicité), quel plaisir d’enchaîner des riffs-couplets-refrains-solo aussi « punchy que catchy » (pour reprendre, sans rancune, les termes du presskit) ! Que Charly taquine parfaitement bien ses Ibanez, nul ne va en douter et ce dès l’opener “Relieved”. Là n’est même pas l’essentiel, puisque ce talent technique est assurément mis au service de solides compositions qui, espérons-le, ne sont que le début d’une riche discographie personnelle. Des compositions, peut-être un poil trop vite rangées au rayon du Hard mélodique, mais suffisamment rares dans nos contrées pour en plus être appréciées. Et appréciables puisque notre homme assure en plus les claviers mais aussi le chant lead. Sûrement mieux qu’Yngwie en plus!
Des vocaux de très bonne facture, un peu trop sous-mixés et appuyés parfois d’une surdose d’effets (l’influence Bellamy sûrement), mais en parfaite adéquation avec les chorus enlevés qui les précédent et/ou succèdent. Sans aucune ambiguïté, Charly aurait pu nous asséner son album de gratte instrumentale stratosphérique, mais quitte à se (re)mettre en selle mieux valait-il pour lui voguer vers le mélodique FM quitte à conserver quelques pointes progressives aux encablures. A ce titre, “River of Lies” ne saurait mentir dès les premières notes de l’intro sur ses accents Dream Theater-Marillionesques. Mais le plus plaisant avec ce Naked Thoughts… s’avère être la somme de petits détails qui font souvent la différence : les deux parties de piano de “Forgotten Past” et de “All That Can’t Be Said” ou encore cette nappe d’orgue grandiloquent sur “It Will Fly Away”. L’homogénéité de mon tout ne laisse entrevoir aucun hit en puissance, mais une imagination contrôlée pour du bon goût in fine. Les amoureux de shred exigeant en en auront donc autant pour leur argent (appréciez le chorus de “Raise the Shadow”) que le plus grand public rock/Metal visé en l’espèce. Liberté, égalité... vélocité.
Avant de repartir assurer le job sur le futur troisième album de Venturia, gageons que Sahona puisse défendre ces huit titres sur scène afin de leur offrir la dimension live qu’elles méritent amplement. Au hasard, il existe un grand stade proche de Paris qu'un groupe anglais cité dans le dossier de presse va investir courant juin. Une première partie ne serait pas volée. Fais jouer tes relations presse, sinon envoie un mail au concepteur des pédales d’effets Zvex: avec un peu de chance, il te refile une Fuzz Factory à l’œil et surtout l'adresse mail de Bellamy...