CHRONIQUE PAR ...
Adam Weishaupt
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Rob Zombie
(chant)
-John 5
(guitare)
-Piggy D.
(basse)
-Tommy Clufetos
(batterie)
TRACKLIST
1)Jesus Frankenstein
2)Sick Bubble-Gum
3)What?
4)Mars Needs Women
5)Werewolf, Baby!
6)Virgin Witch
7)Death and Destiny Inside the Dream Factory
8)Burn
9)Cease to Exist
10)Werewolf Women of the SS
11)The Man Who Laughs
DISCOGRAPHIE
Rob Zombie, c’est comme les boîtes de sardines : que ce soit nature, à l’huile d’olive, ou à la tomate, ça reste toujours un peu la même chose. Rob Zombie est cette fois-ci entouré de musiciens qui l’accompagnent déjà depuis un certain temps en tournée, et non plus de professionnels itinérants de studio qui faisaient de lui le seul membre permanent du groupe. Parmi eux, le fameux guitariste John 5, fidèle depuis 2005, ainsi que le bassiste Piggy D. et Tommy Clufetos, tous deux présents depuis 2006. Mais les questions qui se posent à présent sont les suivantes : Hellbilly Deluxe 2 regorge t-il d’une humanité vraie ? Est-il exclusif ?
Le sous titre répond en partie à la première : « Noble Jackals, Penny Dreadfuls and the Systematic Dehumanization of Cool ». Bien. Pour les newbies qui penseraient que « Penny » fait référence à Lost, procédons à un bref rappel : son kiff à Rob Zombie, dans la vie, c’est les films d’horreur. Les vieux, les moins vieux, les bons, les moins bons. Il aime tellement ça, Rob Zombie, qu’il est même allé jusqu’à en réaliser quelques-uns, et pas des moindres. House Of 1000 Corpses et The Devil’s Rejects, par exemple, gagnent très certainement à être vus. Cette passion fort saine ne s’exprime, dans sa musique, pas tant à travers les paroles comme on pourrait le croire (elles sont assez nonsensiques et ne méritent pas beaucoup d’attention), qu’à travers l’utilisation judicieuse de samples, parlés ou musicaux, tirés de ces films. En plus de ces samples, un travail sur l’atmosphère sonore générale ainsi que des artworks aussi référencés que réussis achèvent de conférer au travail de Rob Zombie une aura oppressante, poisseuse et kitsch. En gros, Rob Zombie, le groupe, c’est du Ministry en plus pop avec des livrets rigolos.
Hellbilly Deluxe 2 ne déroge pas à la règle. "Jesus Frankenstein" sert d’ouverture massive et inquiétante magnifiée par une illustration dans le livret qui rassemble tous les ingrédients du parfait poster : femmes nues, terrifiées, un monstre aux traits karloffiens reconnaissables entre mille, des chaînes et un halo céleste. Le reste de l’album suit tranquillement. Rob Zombie chante toujours de la même manière, ce mélange particulier entre un chat de gouttière et un forain un peu tendu. John 5 abat le gros du boulot avec des riffs efficaces (celui de "Virgin Witch" est particulièrement délicieux) bien que parfois très bateaux ("Mars Needs Women", boarf) et quelques solos à la limite du shred ici et là (rien de bien méchant, cela dit). Quelques surprises bienvenues haussent le niveau, comme certaines intros acoustiques, le vocoder de "Cease to Exist" ou le délire cinématographique de presque dix minutes de "The Man Who Laughs", avec ses arrangements de cordes particulièrement anxiogènes et un solo de batterie qui sort de nulle part.
On peut toujours pointer du doigt la récurrence du mot « Werewolf » dans deux titres de chansons différents et dire que c’est mal, que c’est pas inventif, que c’est même carrément maladroit. D’autant plus que "Werewolf Women of the SS" fait référence à la fausse bande-annonce que Rob Zombie lui-même avait réalisé pour le projet Grindhouse. Mais voilà, les loups-garous du IIIème Reich, c’est pas aussi fascinant que les zombies SS de Dead Snow mais pas loin. Sinon, Hellbilly Deluxe 2 ne révolutionne rien et se laisse écouter. Jamais brillant, au mieux agréablement surprenant, mais jamais mauvais non plus. Solide, quoi.