CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-David Davidson
(guitare+chant)
-Anthony Buda
(basse+chant)
-Phil Dubois
(batterie)
TRACKLIST
1)Enter the Hall
2)Pestilence Reigns
3)Deathonomics
4)Existence Is Futile
5)The Brain Scramblers
6)Across Forests and Fjords
7)ReaniManiac
8)Dismantle the Dictator
9)Anthem of the Betrayed
10)Leviathan Awaits
11)Tragedy of Modern Ages
DISCOGRAPHIE
Ah la technique… Voila ce qui fait littéralement fantasmer la plupart des musiciens amateurs qui se décident à apprendre enfin à jouer: aligner le plus de notes possible à la seconde, alterner les mesures asymétriques, créer les structures les moins évidentes et les plus complexes en s’éloignant de toute logique et de toute facilité… Mais tout cela est vain et inutile si le but n’est que d’impressionner l’auditeur par un exercice masturbatoire.
Heureusement certains ont compris que la technique instrumentale est un moyen, pas un objectif en soi, et qu’elle doit toujours être au service de la musique. C’est le cas des Bostoniens de Revocation. Existence Is Futile est leur deuxième album, le premier à bénéficier d’une sortie internationale sur le label Relapse. Le groupe annonce clairement les choses dès le premier morceau en se permettant le luxe de commencer son album par un titre instrumental. Soyons clair : ce n’est pas une simple introduction mais un véritable morceau entièrement instrumental, agressif, mélodique et plutôt technique. Mais nous n’avons encore rien vu, il ne s’agissait que d’une mise en bouche à ce niveau. A partir de "Pestilence Reigns", Revocation affine son propos et nous sert un death légèrement thrashy, à la fois violent et plutôt mélodique, sur lequel le guitariste David Davidson pose un chant écorché qui peut évoquer celui de The Crown ou encore de Lamb Of God, souvent épaulé par la voix death du bassiste Anthony Buda dont la quatre-cordes est omniprésente, trio oblige.
Mais là où les musiciens remportent leur pari c’est par leur technique instrumentale individuelle impressionnante mais dont ils ne font pas vraiment étalage, sauf sur un passage instrumental original prétexte à un solo très mélodique et old school, presque jazz et sans guitare rythmique, uniquement appuyé par une partie basse batterie assez technique. Les titres s’enchainent alors dans cet esprit death technique à la limite du progressif : "Deathonomics" et ses riffs groovy, "Existence Is Futile" qui met la basse à l’honneur et multiplie les changements de tempo avant un véritable solo de guitar hero à l’ancienne, "The Brain Scramblers" et ses riffs à la limite de la dissonance… L’un des sommets est atteint sur l’instrumental "Across Forests and Fjords" qui apporte un peu de variété en enchaînant un début très death à la Behemoth à une deuxième partie au feeling général très black et épique qui rappelle les plus belles heures du Immortal d'At The Heart Of Winter (ces mélodies de guitare !).
"Dismantle the Dictator" mérite également d’être cité, les influences de Death, Cynic ou encore Pestilence fusionnant joyeusement jusqu’à un solo jouissif (encore un !) qui se permet certains écarts totalement rock n’ roll posés sur une rythmique de fous! Enfin l’excellent "Anthem of the Betrayed" fait presque figure de morceau facile et accrocheur avec ses riffs plus classiques inspirés du heavy metal traditionnel. Bien entendu le groupe ne peut s’empêcher de caser malgré tout un passage instrumental technique, des changements de rythme et un solo ! Le batteur Phil "j'envoie" Dubois a droit à tous les éloges, tant il excelle dans un jeu complet, varié, énergique, bien entendu très technique, mais avant tout au service des morceaux. Il ne joue pas un solo de batterie pendant que ses petits camarades font mumuse. Il les accompagne, tout simplement, et sait se faire très présent et subtil à la fois, ce qui n’est pas un mince exploit.
C’est là d’ailleurs le gros point fort du groupe. Revocation a réussi à rendre tout à fait digeste une recette pourtant souvent source d’indigestion. Le power trio a su à la fois tirer parti de ses capacités techniques hors du commun, et composer de vraies chansons. Bon, bien sur la recette n’évolue pas d’un iota et la fin de l’album s’essouffle un poil. Mais Existence Is Futile a l’immense mérite de nous prouver (comme l’avait fait le Arsis des débuts) que le death technique, ce n’est pas forcément chiant ! Une très belle surprise.