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CHRONIQUE PAR ...

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Sebrouxx
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 15/20

LINE UP

-Slash
(guitare)

-Chris Chaney
(basse)

-Josh Freese
(batterie)

-Leonard Castro
(percussions)

-plein d’invités

TRACKLIST

1)Ghost (feat. Ian Astbury et Izzy Stradlin)
2)Crucify the Dead (feat. Ozzy Osbourne)
3)Beautiful Dangerous (feat. Fergie)
4)Back from Cali (feat. Myles Kennedy)
5)Promise (feat. Chris Cornell)
6)By the Sword (feat. Andrew Stockdale)
7)Gotten (feat. Adam Levine)
8)Doctor Alibi (feat. Lemmy Kilmister)
9)Watch This (feat. Dave Grohl & Duff McKagan)
10)I Hold On (feat. Kid Rock)
11)Nothing to Say (feat. M. Shadows)
12)Starlight (feat. Myles Kennedy)
13)Saint Is A Sinner Too (feat. Rocco DeLuca)
14)We're All Gonna Die (feat. Iggy Pop)

Bonus en fonction des versions :
1)Sahara (feat. Koshi Inaba)
2)Chains and Shackles (feat. Nick Oliveri)
3)Paradise City (feat. Fergie et Cypress Hill)
4)Baby Can't Drive (feat. Alice Cooper, Nicole Scherzinger, Steven Adler & Flea)
5)Mother Maria (feat. Beth Hart)

DISCOGRAPHIE

Slash (2010)

Slash - Slash
(2010) - hard rock - Label : Roadrunner Records



Slash vient de sortir son premier album solo!? Vous voulez en connaître la setlist, peut-être ? Derrière cette private joke des habitués de notre forum se profile une ruse marketing bien pénible: la démultiplication des versions (et surtout des bonus). Okay: pas de polémique surtout quand la transmission de tout CD-promo pointe aux abonnés absents… Cela n’empêche pas de se procurer l’objet dans son fourreau français, sans le moindre titre supplémentaire (qu’il va falloir dénicher autrement via iTunes et autres plate-formes). Mais bon, en principe, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, hein?

Que les anxieux se rassurent: avec ce premier album solo (et tout est relatif), Slash se s’est pas transformé en Jeff Loomis, soit une implacable machinerie à shredder plus vite que son ombre chapeautée. L’image ne trompe d’ailleurs pas sur la marchandise: un haut de forme, une guitare Les Paul, un ampli Marshall, une chemise ouverte, une paire de Ray-ban fines branches (mais plus une trace de la bouteille de Jack Daniel’s, ni du paquet de Marlboro rouge, les années 2000 sont bel et bien passées par là). Pourtant les multilples écoutes de Slash laissent comme une (agréable) sensation de temps suspendu que seule une partie de la conséquente liste d’invités ramène à 2010. Plutôt que de cracher sur un style quelconque et de nourrir des regrets dignes d’alimenter les sites consacrés au musicien, autant accepter l’imparable vérité en face: pour Slash, la musique reste avant tout une question de relations et de feelings inter-personnels. Les die hard fans de Guns n' Roses vont sûrement avoir du mal à avaler la pilule sur certains titres où apparaîssent quelques noms qui grattent la gorge: la Black Eyed Peas Fergie, le Maroon 5 Adam Levine, voire la Pussycat Doll Nicole Scherzinger. Les mêmes aficionados bomberont alors le torse, lèveront le menton fièrement et préfèreront se rabattre sur les pistes « featuring » des rockers, des vrais, des purs comme les responsables de la section rythmique (Josh "Nine Inch Nails" Freese et Chris "Jane's Addiction" Chaney). Mais aussi la plupart des membres des anciens Guns (exception faite du chanteur-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom) et surtout - cerise sur le gâteau - les HeaVyIP dont cette vieille ganache de Lemmy, la légende Osbourne, le screamer playboy Cornell et le culte Astbury.

Cette belle histoire commence d’ailleurs avec ce dernier dans une forme étonnante sur le parfait opener “Ghost”, rock’n’roll sympatiquement rentre-dedans en guise d’amuse-gueule. Maintenant tout ce qui va suivre ne s’avère pas aussi « in your face », même si les structures restent invariablement les mêmes. Pas de reprise à l’horizon, si ce n’est un “Paradise City” revisité moderne avec Cypress Hill et une Fergie abonnée aux fins de couplets et aux refrains. Pour le reste, que des compos originales co-écrites par Slash avec ses invités, soit une succession de couplet/refrain/couplet/refrain/solo/et passe le micro au copain/copine, s’il te plaît. Pas de quoi, merci, et c’est ce côté démocratie participative qui permet à l’album d’être finalement un peu plus qu’une simple œuvre solo, et surtout d’offrir son lot de surprises. Alors que “Nothing to Say”/“Chains and Shackles” (meme riff mais interprètes différents) sonne Black Sabbath dès les premières notes, ce n’est pas Ozzy qui pousse la chansonnette mais M. Shadows/Nick Oliveri qui balancent finalement des vocaux bien heavy. Osbourne, lui, va revisiter via le mid-tempo “Crucify the Dead” un de ses propres titres, à savoir le “Old LA Tonight” sur lequel Slash aurait finalement déjà dû officier en lieu et place de Zakk Wylde (sans vexer ce dernier, bien sûr). Deux exemples parmi tant d’autres d’admirer l’Art et la Manière de faire du neuf avec du vieux. Mais aussi du vieux avec du vieux, sans médisance aucune bien entendu. Lemmy n’allant pas se faire pousser l’opulente poitrine de Fergie, inutile de préciser que sa participation sur “Docteur Alibi” fleure bon le Motörhead des familles, sans surprise, sans fioriture, entendu mille fois mais diablement efficace comme brise-nuque. Même constat pour Iggy Pop dont le bluesy-rock “We’re All Gonna Die” aurait largement pu figurer sur son album Brick By Brick, lequel comptait déjà Slash dans ses rangs.

Vous ne sentez pas encore le vent de l’originalité pour autant. Et bien accrochez-vous parce que la blonde Fergie n’a pas à rougir de sa participation sur “Beautiful Dangerous”. Slash avait prévenu, le doute restait néanmoins permis: même si le titre transpire le calibré de bande FM, il envoie un bois certain qui file l’envie d’enclencher le mode Repeat du système audio. Sous ses allures de Desperate Housewives R’n’B, la Dame trouve sa place sans la moindre difficulté et fait montre d'un réel potentiel rock, voire hard rock gentillet. Elle y nage comme un poisson dans l’eau, avec un Slash qui en fond balance lick sur lick pour finir sur un solo aussi bien amené que bien habile. De l’or en barre, vraiment. Et à force de la ramener sur ses convives, on en oublierait d'ailleurs le principal concerné: Slash. Il ne force jamais son talent, ne va jamais au-delà de ses terrains de jeu habituels qui ont fait sa renommée aussi bien chez les Guns qu’après: du blues en plus speedé, des descentes et montées de gammes rock, plus quelques incursions acoustiques très Rolling Stones (“By the Sword” et “Gotten” dans une moindre mesure). Bien lui en a pris de réduire le tout instrumental à un seul titre (le plus faible de l’album d’ailleurs), “Watch This Dave”, sur lequel Dave Grohl et Duff McKagan assurent sans trop se fatiguer le béton rythmique. Bien loin de ses envolées hispanisantes de 1996 sur “Obsession Confession”, le lead semble ici poussif et traine en longueur comme un Santana sur le point de pousser un petit roupillon, mais agacé par un voisinage un peu bruyant. Parce que le père Carlos - lui aussi adepte du CD plein de guests - sur ses récents albums, il ne conviait que rarement des gens énervés (si l’on excepte P.O.D. et le Metallica Kirk Hammett). C’est toute la différence entre un guitariste qui ne tire la couverture qu’à lui et un autre pour lequel la notion de plaisir partagé est omniprésente.


Vu le beau linge (cher), c’est bien du courage que l’on souhaite à Slash lorsqu’il va falloir promouvoir son album sur scène (comme lors du prochain Hellfest, je vous le rappelle en passant). Puisque Myles Kennedy va tenir le micro live, souhaitons-leur de défendre aussi bien les titres de cet opus que ceux issus des répertoires de Guns n'Roses et de Velvet Revolver. Et si successeur à cette éponyme Slash il doit y avoir, espérons que le guitariste accepte d’y croiser le fer pas seulement avec des chanteurs(ses) de renom, mais aussi avec d’autres musiciens qui auraient largement mérité leur place ici (Joe Perry, Tommy Iommi ou encore Jimmy Page).


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