CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
8/20
LINE UP
-Kristofer Dommin
(chant+guitare)
-Billy James
(basse)
-Konstantine
(claviers)
-Cameron Morris
(batterie)
TRACKLIST
1)My Heart, Your Hands
2)New
3)Evenfall Hollow
4)Tonight
5)Love Is Gone
6)Dark Holiday
7)Without End
8)Within Reach
9)Closure
10)Making the Most
11)One Feeling
12)I Still Lost
13)One Eye Open
14)Honestly
15)Remember
DISCOGRAPHIE
Appeler un groupe de son nom de famille, c’est probablement un symptôme de narcissisme aigu. Encore que l’on peut remercier Kristofer Dommin d’avoir appeler son groupe ainsi, ce qui nous évite le combo total en matière de cliché. Si les Américains avaient fait preuve de la même originalité pour le nom de leur groupe que pour la musique, ils se seraient nommé Darkness In My Heart, ou encore I Cry For My Lost Love, voire même The Dreadful Shadows. Ah non, ce dernier est déjà pris par un groupe qui fait du bon metal gothique, lui.
Roadrunner se lance dans le metal gothique, genre qui n'était pas encore représenté dans leur galerie d’artistes. Le label gérant uniquement des groupes reconnus et n'étant donc pas renommé pour sa prise de risque, cela pourrait surprendre de le voir signer ainsi un groupe underground n’ayant qu’un seul album au compteur. Las, Roadrunner a bien choisi la facilité en prenant ce poulain dans son écurie. Avec leurs bouilles d’anges et leur musique autant stéréotypée que les aventures de Jake chez les Na’vis, les musiciens de Dommin ont des chances de vendre un bon paquet de cet insipide Love Is Gone. Perclus de clichés, Love Is Gone serait, selon certains critiques, du Love Metal, ce nouveau genre créé par HIM. [Pause de cinq minutes nécessaire pour permettre au lecteur de se remettre de ses convulsions d'hilarité].
Nous pouvons reprendre. Du Love Metal (arrêtez de rire) donc, genre qui se caractérise par une musique à la structure simple en couplets/refrains, des progressions d’accords mineurs, une atmosphère un peu sombre sur un tempo lent ou moyen et des paroles qui abordent essentiellement l’amour, mais aussi la mort. Et le chanteur doit être un beau gosse. Cela colle parfaitement avec Dommin, qui est largement influencé par HIM, mais aussi par Type O Negative ou The 69 Eyes. Sauf qu’en comparaison, HIM c’est du prog, The 69 Eyes de l’avant-garde, quant au groupe du regretté Géant Vert, n’en parlons même pas. Ne prenant aucun risque, Dommin construit toutes ses chansons sur le même moule: mid-tempo, des refrains évidents, des mélodies construites avec une application toute scolaire sans aucune originalité.
C’est donc de la pop, mais de la pop archi-vue et revue, qui laissera au bout du troisième titre un énorme sentiment de grosse redite. Dommin essaye de justifier un peu son appartenance à un label metal en mettant un chant grave sur certains titres ("My Heart, Your Hands") ou des riffs plus rock ("New" ou "I Still Lost"). La sauce ne prend cependant pas, et l’impression latente d’avoir un banal album de pop avec un vernis gothique via quelques artifices grossiers reste présente. Les cloches mortuaires sur "My Heart, Your Hands", les sonorités cold-wave sur "Honestly" qui rappellent un Clan Of Xymox du pauvre, l’ambiance cabaret sur "Dark Holiday", rien ne permet à la sauce de prendre. Et ce n’est pas les paroles d’une platitude affligeante (« Tonight I am coming home with you, Tonight it is only me and you ») qui vont aider les compositions à prendre de la hauteur.
Love Is Gone est un album profondément ennuyeux, sans aucune forme d'originalité et sans personnalité. Des mélodies qui frisent l’exercice scolaire, des chansons qui se ressemblent toutes, Dommin est un clone de HIM sans saveur, qui ne fait rien de plus que de mettre un peu de gimmicks au dessus de chansons très proprettes pour se dire metal gothique. Alors que non, il n’est ni l’un, ni l’autre, juste chiant.