CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-BST
(chant+guitare)
-James Mac Ilroy
(guitare)
-Peter Benjamin
(basse)
-Daniel Wilding
(batterie)
TRACKLIST
1)God Speaks
2)Ich Bin Das Licht
3)Word
4)Never
5)Fifth
6)White Dust
7)Four Beasts
8)Flesh of Yhvh
9)Ex-Voto
10)L’Orgueil
DISCOGRAPHIE
On ne sait pas trop si c’est une blague, mais si on s’intéresse à The Order Of Apollyon, on se rend compte que sa communication est axée autour d’un prétendu culte au Seigneur, et que le groupe serait « un outil de propagande visant à répandre nos idées ». Difficile de trancher entre un second degré très sérieux ou une véritable vocation (dans quoi ? on se le demande toujours), mais si c’est le seul argument pour se pencher sur leur premier album The Flesh, c’est un peu léger. Mais non : le groupe compte aussi sur son line-up. Et la musique, alors ?
Le line-up, parlons-en : BST (Aborted), Daniel Wilding (Aborted), James McIlroy (Cradle Of Filth) et Peter Benjamin (Akercocke). Un bien beau linge, de quoi en tout cas habiller élégamment cette galette, du moins en théorie. Le mix de tout ceci donne un black/death assez old school, à la production délibérément sale et brute, loin de la froideur clinique d’un Cradle Of Filth ou du côté deathcore crado d’Aborted : il est heureux que chaque membre du groupe ait amené sa personnalité et non celle de la formation dont il provient – encore qu’un mix entre Cradle Of Filth et Aborted, bien réalisé, pourrait être intéressant. En attendant, The Order Of Apollyon pose ses valoches sur un terrain déjà pas mal occupé par d’autres formations et va essayer de s’imposer. The Flesh se veut malsain, sombre, violent et dérangeant, et il parvient à l’être de temps en temps. Malheureusement, les inégalités qualitatives qui jalonnent les dix titres de The Flesh le rendent assez peu intéressant sur la longueur.
Par exemple, on enchaîne un "World" un peu inconsistant avec un "Never" glauque à souhait, avec une ambiance vraiment poisseuse, travaillée et qui fonctionne. Pour retomber sur un "Fifth" assez heavy métal et trop prévisible pour fédérer un mouvement de tête approbateur. La suite se veut constante dans l’alternance entre titre enthousiasmant et titre décevant. Un "Four Beasts" bien amené et un "Flesh of YHVH" où pour une fois, l’influence de Aborted ressort plus particulièrement (avec bonheur), un interlude de presque quatre minutes dispensable et on finit sur un "L'Orgueil" inégal mais qui parvient à imposer sa lourdeur et son texte en français, rappelant fatalement Misanthrope. Et ça n’est pas le seul lien que l’on peut faire entre The Order Of Apollyon et la scène black/death française : le son brut et les riffs complexes rappellent immédiatement un Borgia ou un Orakle, en un peu moins torturé et – surtout – un peu moins réussi. Order Of Apollyon se déguste sans déplaisir mais n’éveille à aucun moment cette petite voix qui – nous avons tous connu ça – vous susurre à un moment donné de l’écoute « eeeeeh…mais ça poutre, ça ».
Imagerie qui brouille les pistes et line-up qui fait saliver, voila ce qui donne envie de mettre le CD dans la chaîne. Production brute, presque brouillonne, et compositions inégales, voila ce qui peut ne pas vraiment donner envie de le remettre après deux-trois écoutes. Indéniablement, nous étions en droit d’espérer un produit peut être plus convaincant de la part de musiciens aguerris comme ceux qui composent The Order Of Apollyon… tant pis.