CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Atterigner
(chant)
-Vorzloth
(guitare)
-Usud
(guitare)
-Inomatanas
(basse)
-Phantom
(claviers)
TRACKLIST
1)Atrium Mortis
2)One With the Darkside Eternal
3)Allegiance to the Fall
4)Omega Overcasts the Presence
5)Rise of Pantheon
6)Skies Are the Chains
7)Within Their Midnight
8)The Final Purification
DISCOGRAPHIE
Nous sommes en 1996, je n’écris donc pas cette chronique depuis un ordinateur mais évidemment avec ma si chère plume, celle qui m’a accompagnée vaillamment de si nombreuses années. Le black metal bout de toute part et les fans sont ... hé ??!!, mais WTF ? Je suis sur un clavier d’ordinateur là et le black metal est un genre bien établi loin de la température d’ébullition. Que se passe-t-il dans ce monde pourri ? Apparemment le calendrier indique bel et bien 2010. Etrange. Attendez ... ah ! Non, Triumfall (merci pour le jeu de mots) semble avoir joué avec mes repères, il fait de la musique de 1996.
Arborant fièrement des corpsepaints datant de Gorgoroth ou des premiers Immortal (Pure Holocaust pour être exact) sur leurs photos promos, les membres du groupe n’aident vraiment pas à se sentir dans son époque. Le son dès le début happe par sa ressemblance avec celui des anciens essais d’Ancient (période The Cainan Chronicles) avec les mêmes apparitions fugaces de claviers. Les compositions ne déparaillent d’ailleurs pas, faisant aussi penser à du Satyricon période Dark Medieval Times/The Shadowthrone avec quelques touches de Dimmu Borgir version For All Tid. Le chant est typique du cru, à savoir bien évidemment raclé et braillard. Pas de doute, le groupe a beaucoup aimé ce qui s’est fait au début-milieu des années 90. On ne lui jettera pas la pierre, de nombreuses personnes sont dans le même état d’esprit. Par contre, il aurait pu se passer d’un tel nom d’album .... Qu’importe.
Tant de ressemblances pourraient effrayer, car il ne faut pas oublier Emperor à ses débuts aussi. Triumfall se ridiculise-t-il à imiter ses glorieux aînés là où laisser leur mémoire intacte aurait sans doute bien suffi ? Le plus étonnant est que la réponse à cette question est : Pas du tout. Vraiment étonnant. En fait le groupe attaque le black metal avec une fougue et une honnêteté impressionnantes qui font oublier toutes tentatives vilement mercantilistes. En plus, il est d’origine serbe, c’est pas banal pour du black. Et peut-être de là vient la réponse à l’interrogation première de ce paragraphe. En venant de Serbie, terre quasi vierge de groupe de black metal, Triumfall s’est ainsi trouvé débarrassé de toute une flopée de groupes à copier, à dépasser ou à écraser. En étant seuls prophètes de leur pays, les Serbes partent pour ainsi dire de zéro, se donnant le luxe de retrouver l’atmosphère qui habitait la Norvège d’antan.
Et c’est sûrement ça qui fait que leur musique ne soulève pas contestation. Sa pureté retrouve l’ivresse originelle et le grain emblématique du black metal norvégien. Les compositions étant inspirées de, mais pas pompées sur, toute cette scène légendaire et possédant une patte personnelle aussi incongrue qu’évidente, elles réjouissent leurs auditeurs. Car ce n’est pas tous les jours qu’en 2010 on tombe sur un groupe qui sait si parfaitement se faire sentir en 1996, qui sait si bien émuler l’émotion de ceux qui avant nous ont découvert le black en même temps que son explosion. Bien sûr, l’originalité est proche du néant, mais la personnalité est là, accompagnée de compositions d’un très bon niveau, donc aucune raison de faire les grincheux si tant est qu’on soit un minimum attiré par le genre black metal dans sa forme la plus traditionnelle. Qui plus est, le son arrive même à faire vibrer quelques caractéristiques plus moderne dans sa définition.
Cet Antithesis Of All Flesh est donc une très agréable surprise. Brut, simple, froid et antique, il fait revivre avec brio la grande époque du black metal. Bien loin de toutes les considérations actuelles vers plus de technique, de folk, de brutalité, de true-itude pour se démarquer de son voisin, Triumfall se contente d’une honnête revue de black metal, d’il y a 15 ans maintenant, qu’est-ce qu’on est vieux ! Dénué de tout intérêt pour tout profane bien entendu.