CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Legion
(chant)
-Jensen
(guitare)
-Rickard Rimfält
(guitare)
-Sharlee D’Angelo
(basse)
-Martin Axe
(batterie)
TRACKLIST
1)Witchkrieg
2)Wearer Of Wolf's Skin
3)The God Who Fell From Earth
4)Conqueror's Return
5)The Reaver
6)From Dead To Worse
7)Devil Rides Out
8)One Foot In The Grave
9)Hellhound
10)Witch Hunter
DISCOGRAPHIE
Witchery est l’exemple type de ce que l’on appelle un ‘super groupe’. Formé sur les cendres du groupe culte Satanic Slaughter à la fin des années 90 le combo Suédois peut se vanter de comporter du beau linge dans son line up : Sharlee D’Angelo (Arch Enemy) et Martin Axe (Opeth, Bloodbath) accompagnant les membres fondateurs Rickard Rimfält (Seance) et Jensen (The Haunted). Lorsqu’on apprend qu’en plus l’excellent Legion (ex Marduk et Devian) vient de prendre le micro suite au départ du hurleur Toxine, on est en droit de s’attendre à du lourd.
Malgré son line up de fous furieux, Witchery a toujours été considéré comme un projet parallèle par ses membres, quelque chose de pas très sérieux permettant de se défouler en balançant du bon vieux thrash à chant black/death et en reprenant des classiques du heavy metal des 80’s avec des titres d’albums basés sur des jeux de mots foireux (Restless And Dead, Dead, Hot And Ready, Symphony For The Devil…). Le groupe a également toujours servi de défouloir à Jensen (qui en est clairement le leader et l’unique compositeur), lui permettant de se lâcher totalement et d’exploiter certaines idées peut être jugées trop old school pour son groupe principal par les jumeaux Björler. Mais cette fois le ton semble être plus sérieux et moins propice à la rigolade et aux blagues de potaches. Outre l’arrivée de Legion, Century Media semble décidé à pousser le groupe vers plus de professionnalisme à grands coups de promo, de son énorme concocté par l’omniprésent Tue Madsen, et de clip à gros budget. D’où l’ambiance moins fun qui se dégage du nouvel album comme le prouve l’abandon de la mascotte squelettique qui ornait toutes les pochettes et ce nouveau personnage d’un gout douteux allant de pair avec le jeu de mot du titre (Witchkrieg – blitzkrieg).
Autre argument de poids, la présence de nombreux guests six cordistes sur la plupart des titres, au premier rang desquels on retrouve rien de moins que Kerry King en personne qui balance un de ces solos dissonants si particuliers dont il a le secret sur l’excellent titre d’ouverture. Du pur thrash où le riff martial est roi et sur lequel Legion vient poser son chant écorché à la limite du black et du death qui s’intègre parfaitement. Pas un chef d’œuvre mais une très belle entrée en matière. Le ton est donné et ne changera pas, les titres se suivant et se ressemblant. Les riffs de Jensen jouent moins la carte du thrash old school que sur les albums précédents, ce qui n’est pas sans donner une légère saveur à la The Haunted à ce Witchkrieg très majoritairement rapide. 'The Reaver' en est un bel exemple, pur furie thrash défoulatoire sublimée par une joute guitaristique jouissive œuvre de la paire de six cordistes d’Exodus, Gary Holt et Lee Altus. Quelques rares mid tempo se démarquent, comme le très bon 'The God Who Fell From Earth' sur lequel Hank Shermann (Mercyful Fate) balance un long lead qui semble en partie improvisé. Autre moment fort, un 'From Dead To Worse' au refrain particulièrement entrainant et sur lequel Andy LaRocque (King Diamond) fait des merveilles, comme d’habitude. Dernier invité à s’illustrer, le moins connu mais le plus culte Jim Durkin de Dark Angel fait des siennes sur 'One Foot In The Grave'.
Au final Witchkrieg est un bon album, pas de doute la dessus. Pourtant on ne peut s’empêcher d’être un poil déçu par cet opus «seulement» bon alors qu’on aurait tellement aimé pouvoir célébrer la sortie d’une véritable pierre angulaire du thrash. Les attentes liées au line up et aux guests prestigieux étaient peut être trop fortes, et la concurrence extrêmement relevée en matière de thrash cette année (Exodus, Heathen, Overkill, Annihilator, Nevermore…) fait relativiser. Mais attention je le répète, cela reste de la très bonne came.