CHRONIQUE PAR ...
Dupinguez
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Ida Haukland
(chant+basse)
-Marius Silver Bergesen
(guitare)
-T. O. Byberg
(guitare)
-Orjan Jorgensen
(batterie)
TRACKLIST
1)Ignition (Intro)
2)Driven
3)Human Condition
4)Death Of Jane Doe
5)Marionette
6)The Road Less Travelled
7)The Anger And The Silent Remorse
8)Watcher
9)21
10)Worlds Apart
11)The Last Haven (Outro)
DISCOGRAPHIE
Le heavy est en inexorable déclin depuis maintenant une belle somme d’années. Ce n’est pas nouveau, et votre serviteur s’en plaint d’ailleurs assez régulièrement pour que ce soit bien clair dans les esprits des plus optimistes. Mais il faut reconnaitre que, dans le lot de médiocrité déversé par le style ces derniers temps, les pays scandinaves arrivent toujours à sortir des formations au-dessus du lot, possédant un savoir-faire et une maturité indéniables dans un genre mélodique qui leur sied à merveille. Transition moisie toute trouvée, donc : Triosphere en fait justement partie.
Car pour un deuxième album, le niveau de professionnalisme atteint est assez impressionnant. Être un groupe de heavy scandinave, cela signifie de toute façon se plier à un certain nombre de règles. La production, comme le veut la coutume locale, se doit d’être très propre, froide et sèche. Gagné ! Il faut ensuite avoir une voix haut-perchée, très mélodique, avec une légère agressivité en option. Sur ce point, Triosphere ne nous déçoit pas non plus avec la talentueuse Ida Haukland, dont le timbre tout à fait classique est taillé pour le genre. Cela dit, on regrettera que la chanteuse/bassiste tombe dans le même écueil que ses homologues masculins : la tentation d’en faire toujours plus dans les aigus, au détriment de la maitrise, et donc de la beauté du rendu final. Le début de la très belle "Marionette" ne méritait pas ça. Enfin, le groupe scandinave se doit d’avoir une belle chevelure blonde, prête à voler au vent à l’approche de ventilateurs prévus à cet effet, ou – mieux – du vent naturel parfois présent en festival, afin de mieux charmer la jeune adolescente gothique fan de metal. Hum, non, pardon, où en était-je ? Ha oui, voilà : le groupe scandinave se doit d’avoir un sens de la mélodie à toute épreuve. Là encore, c’est gagné les doigts dans le nez, grâce à des lignes de chant toujours très lisses.
Cela dit, Triosphere n’oublie pas de rendre hommage aux grosses guitares en de multiples occasions. La chanson titre est notamment un bel alliage de mélodie et de rythmique grasse et appuyée en soutien. Et c’est tant mieux, car à trop vouloir suivre le manuel du parfait petit heavy metalleux, les norvégiens en oublient quelque peu de se construire une personnalité salvatrice pour pouvoir s’inscrire dans la durée. Les musiciens semblent tous interchangeables avec n’importe quel autre produit des industries locales. On pourrait bien louer une touche mélancolique pas désagréable, qui donne lieu à quelques très beaux moments : l’introduction de "The Anger and the Silent Remorse" nous arracherait presque une larme avec ses violons larmoyants. Mais il suffit d’évoquer le nom de Stratovarius pour se rendre compte que ça aussi, c’est loin d’être nouveau. Bon, rassurez-vous, il n’y a pas lieu de crier au scandale, et l’amateur saura trouver son compte dans les bons moments de cet album, notamment quelques passages instrumentaux de haute volée : "Watcher" et ses grosses rythmiques, avec un petit passage symphonique qui préfigure un solo bien mené, ainsi que l’opener "Driven" et sa section solo endiablée, bien introduite par un "Ignition" qui n’est pas sans rappeler Iced Earth par son ambiance.
Il est cependant à craindre que cela ne suffise pas pour permettre à Triosphere de s’extirper d’un marché qui va bientôt compter plus de groupes qui d’auditeurs. Malgré tout le savoir-faire nordique, bien assimilé par les norvégiens, The Road Less Travelled est handicapé d’un manque de personnalité rédhibitoire.