(2004) -
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Tiens, Necronomicon fait son come-back après neuf ans d’absence… Necronomicon, ça vous dit quelque chose? Non? Moi non plus… Enfin, jusqu’à ce que je trouve cette petite fiche de renseignement gracieusement fournie par le label. Voyons, voyons… Necronomicon, c’est un vénérable ancêtre du thrash old-school, que ses membres ont commencé à pratiquer dès 1986 avec leur premier album éponyme. Hmmm, intéressant… Necronomicon, c’est aussi un groupe… Allemand. Ha… Je ne sais pas pourquoi là, je suis beaucoup moins enthousiaste du coup. Enfin c’est pas que j’ai des préjugés, mais bon, les Allemands, même si ils ont pondu Destruction et Kreator (mouais…), c’est pas vraiment la panacée à côté de leurs homologues américains. C’est vrai quoi, chacun son boulot, le heavy de base aux allemands, et le thrash aux ricains. Non? Ok, j’appuie sur lecture…
Avant de me raviser. D’après la pochette, il y aurait sur le CD le clip d’un des titres, "Terrorist Attack", qui comme son nom l’indique, doit traiter des récents problèmes d’aménagement du territoire en Poméranie Occidentale. J’envoie donc la sauce, avec à l’esprit l’idée qu’une vidéo constituerait une bonne première approche du groupe. Carrément pas! Ce clip est pitoyable, mais bon, ça, à la limite, je m’y attendais. Non ce qui est plus gênant c’est le morceau en lui-même déjà. Il se veut poignant, il est superficiel et chiant comme la pluie, ce qui promet. Les quatre gus sont statiques au possible, jouent en play-back de façon peu subtile (ce qui ruine totalement les passages sensés être musclés) et headbanguent aussi sauvagement que des octogénaires arthritiques. En bref, ce n’est pas tip–top comme hors d’œuvre, si on peut dire, et ça laisse présager du pire en live.
L’écoute de l’album en lui-même ne m’apportera malheureusement pas plus de satisfaction. La très grande majorité des titres s’enchaînent sans accrocher particulièrement l’attention. Les morceaux sont perclus de riffs prévisibles et ultrabasiques, entrecoupés de breaks sans âme. Les solos sont bêtes et méchants, et pas techniques pour un sou. Très souvent, on a l’impression d’écouter une sorte de sous-Coroner en fait. C’est la voix de Freddy, le guitariste-chanteur, qui donne cette impression, car elle est assez proche de celle de Ron Royce (sur "From Hell" notamment). Beaucoup de parties de gratte puent le plagiat à plein nez, à tel point que l’on finit par se demander si Necronomicon n’a pas accéléré son retour en pompant allègrement dans la paire "Mental Vortex" / "No More Color", qui, j’insiste, a du beaucoup les impressionner. Cela dit, ils prétendent s’inspirer, entre autres, de Slayer et d’Anthrax. Je vois pas trop où ni comment, mais bon, si c’est leur avis…
Il n’empêche que cet album, à force de noyer l’auditeur dans un océan de banalité, lui laisse le temps de savourer, faute de mieux, tout le répertoire des gimmicks du thrash US « made in années 80 ». De plage en plage, on retrouve ainsi avec joie cette efficacité primaire et ces incontournables backing vocals vindicatifs qui fleurissaient à l’époque sur tous grands albums à la Rust In Peace, The Ultra Violence et autres Bonded By Blood. Les plages se suivent et se ressemblent, et finalement, même si on a du mal à s’enthousiasmer outre mesure, on réalise que les vieux thrasheux ne manqueront pas de se sentir comme à la maison, dans un univers qu’ils connaissent bien. La production d’Achim Köhler (Primal Fear, Sinner, Symphorce, Sodom…), est aussi tout à fait respectable, il faut le reconnaître.
Mais bon, malgré ces quelques « qualités », il demeure bien difficile de trouver un semblant d’intérêt à ce Construction Of Evil. La sincérité et la bonne volonté de la démarche de Necronomicon paye malheureusement le prix de compositions sans saveur, et de carences techniques impardonnables dans un milieu où rodent les Mustaine, les Lombardo, et tous les autres shredders et compositeurs de ce calibre. Passez votre chemin.