« On a tous quelque chose en nous de progressif…» aurait pu chanter notre Johnny, lui dont le Hamlet rivalise avec les The Lamb et autres Love Beach parmi les chefs-d’œuvre de ce genre trop injustement honni. Mais de ce genre, nous n’avons pas tous la même perception, la même approche ; et vous-même, peut-être, n’êtes pas très au clair de ce que vous attendez réellement de la musique « progressive ». Heureusement, Mélomane Actuelle y a pensé pour vous et vous propose, dans ce numéro exceptionnel, le GRAND PSYCHOTEST DE LA RENTREE : QUEL PROGRESSIF ETES-VOUS ?
Question 1 : Pourquoi écoutez-vous du rock progressif ?
A/ Pour la créativité débridée, la volonté de déborder des cadres, d’emmener les choses plus loin, où du moins ailleurs… une envie de aussi de parcourir des univers « autres », qu’ils soient actuels ou qu’ils remontent aux années 70…
B/ Pour la technique, la virtuosité, les compositions à tiroir : j’aime le travail sur les structures, les rappels de thème, et pourquoi pas un peu d’asymétrie par-ci par-là… et des solos aussi ! Beaucoup de solos, de guitares, de claviers, de tambours/trompettes, si possible sur des mesures asymétriques, tant qu’à faire…
C/ Bah… parce que les morceaux sont longs ! Au moins huit minutes chacun, hein, sinon c’est un peu trop commercial aussi. Ah, et puis assurez-vous que l’album soit rempli jusqu’à la gueule, au moins une heure de musique, c’est ça le vrai progressif ! Comme le dernier Accept, quoi…
Question 2 : Que privilégiez-vous dans le progressif ?
A/ L’atmosphère : il faut que quelque chose se passe. Un morceau peut tenir sur un riff ou sur un milliard d’idées, il faut qu’il y ait ce « truc », imperceptible, qui te tienne et ne te lâche plus ; qui te donne envie d’explorer, de creuser à fond l’univers qui t’est proposé.
B/ La composition : les morceaux doivent être bien troussés, tenir debout, ne pas hésiter à faire dans le tortueux, le surprenant (et aussi l’asymétrique). Et les mecs ont intérêt à assurer derrière, aussi. Des solos en mode myxolydien, par exemple, ça le fait.
C/ Ah bah… que les musiciens ne donnent pas dans la prouesse, je m’en cogne ; et qu’il y ait à peu près une seule idée accrocheuse par morceau et qu’il soit usé jusqu’à la corde, bah ça me va ; du moment que ça dure plus de huit minutes…
Question 3 : Le progressif et l’accessibilité, ça fait bon ménage chez vous ?
A/ Complètement, oui : je ne vois pas en quoi l’un empêcherait l’autre. Le but n’est évidemment pas de saisir l’essence du morceau à la première écoute ; mais qu’il y ait, malgré tout, un goût de reviens-y, une envie de développer, d’approfondir…
B/ Non merci : je n’écoute pas de la musique de falses. Il m’a fallu au moins cinquante écoutes pour cerner les secrets des disques que je tiens en plus haute estime. Faut dire aussi : les mesures asymétriques, la première fois, c’est dur de se repérer…
C/ Euh… je comprends pas trop la question en fait… sinon moi la plupart du temps, quand j’écoute du progressif, je retiens pas grand-chose parce que huit minutes par titre, quand même, c’est long, et que ça change quand même pas beaucoup… mais c’est ça qui est génial ! Ça me détend…
VOUS AVEZ OBTENU UNE MAJORITÉ DE C/ : Vous êtes PROGRESSIF COMPTABLE ! Pour vous, le progressif est une question de chiffres : tout disque ne comprenant aucun titre de moins de cinq minutes et minimum un pavé de plus d’un quart-d’heure trouve automatiquement grâce à vos yeux, qu’importe que les morceaux aient été étirés au-delà du raisonnable et qu’aucune compétence technique ou vertu de composition ne puisse légitimer une telle longueur. Notre conseil : L’album Said, du groupe Neverdream, 7 morceaux pour 65 minutes et un potentiel d’écoute infini puisqu’à chaque fois, vous aurez oublié plus de la moitié de ce que vous venez d’entendre. Aussi inoffensif que rasoir, et parfait pour le Mélomane Actuel que vous êtes !