Cymbales passées à l’envers, harpe, samples de téléfilms, puis émerge un beat dance sur lequel viennent se poser un phrasé hip-hop délibérément monotone, une basse slappée et des sonorités de claviers sortis de la console 8-bits du grenier ; "Writers’ Block" n’est même pas commencée depuis une minute que déjà, Jack Allsopp a planté son univers. Celui d’un jeune anglais un peu paumé qui a trompé son ennui dans les fêtes, les disques et un certain sens de la culture geek.
De ce fait, Jack a beau nous raconter la vie telle qu’il la voit, anodine, grave, dérisoire, on sent qu’il y a en lui une volonté de ne pas se prendre au sérieux. Ses compositions sont faussement simples et facilement appréciables, aiment à surprendre par des mélanges prétendument incongrus ; et dans le meilleur des cas, ce sont des tubes. Des vrais. Malgré son résumé anarchique en début de chronique, le titre "Writers’ Block" est parfaitement structuré, et la mise en place de tous ces éléments amène à une pure bombe hautement addictive. Dans le même genre Marcus Miller contre le retour de Pac Man, "I Talk Too Much" a également le potentiel pour faire remuer intelligemment les foules, grâce à un refrain classieux. Et là encore, tout se rencontre : solo de gratte heavy (!), guitares funky, trompette brumeuse, décollage de soucoupe volante… mais tous ces mélanges se font discrètement, presque naturellement. Il n’y a pas de tape-à-l’œil ici.
Si les morceaux sus-cités ont de quoi faire parler d’eux, nous prétendons tenir en "Starz In Their Eyes" l’un des titres de l’année 2007, pour le meilleur (radios, dancefloors) comme le pire (futur générique d’émissions de M6). Pourtant moins riche que d’autres compositions de ce recueil, Starz… tient sa force dans un refrain absolument sensationnel. Tout concorde à vous donner une pêche pas possible : la rythmique appuyée et bondissante, de nouveau les guitares funky qui dressent des accords en arc-en-ciel, et le phrasé terriblement musical d’Allsopp. Un break purement hip-hop se charge de maintenir les ardeurs à niveau, avant de repartir sur le thème principal pour une dernière minute de bonheur… simplement remarquable.
Mais comme décidément beaucoup trop d’albums, la seconde moitié ne parvient pas à retenir si bien l’attention. On trouve pourtant des choses délectables, comme l’urgence groovy de No Time ou l’atterrissage final Spectacular Failures, qui referme l’album sur une note épique. Mais avant cela, il aura fallu passer par les structures bancales de "Symphony Of Sirens", le refrain poussif de "Life Stories" (alors que les chorus efficaces sont une des grandes constantes de l’album) ou l’exercice de la ballade, dans lequel Allsopp s’essaie à un chant plus expressif, mais la sensibilité apparaît forcée. Preuve que la créativité de Jack Allsopp n’est pas encore maîtrisée sur tous les registres… mais il y a là tout de même des choses très notables qui feront danser dans les chaumières, qui intrigueront les éclectiques de tous bords et qui parleront à tous ceux qui aiment la vie, même – et surtout – quand elle est follement absurde.