CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Brett Hoffmann
(chant)
-Jon Rubin
(guitare)
-Phil Fasciana
(guitare)
-Jason Blachowicz
(basse)
-Dave Culross
(batterie)
TRACKLIST
1)Intro
2)United Hate
3)Conflict Finalized
4)Slaughterhouse
5)Compulsive Face Breaker
6)Lead Spitter
7)Target Rich Environment
8)Antagonized
9)Born Again Hard
10)Corruptor
11)Invidious Dominion
DISCOGRAPHIE
Un plat peut-il manquer de sel sans être vraiment fade ? Une peinture peut-elle sembler terne quand bien même elle regroupe un grand nombre de couleurs vives ? Un objet peut-il être mou si l’on ne parvient pas à le tordre ou à le malaxer ? Une musique peut-elle se révéler ennuyeuse même lorsque ses règles sont parfaitement respectées ? A toutes ces questions, il convient de laisser chacun se faire sa propre opinion, sauf la dernière qui est, en quelque sorte, le sujet du jour…
Trois ans après un Doomsday X qui changeait la donne au sein de Malevolent Creation en matière de line-up (dont le retour de Brett Hoffman au micro), le groupe, lancé dans cette nouvelle dynamique, nous redonne aimablement de ses nouvelles avec Invidious Dominion. Quand on fait du death métal depuis 1991, en 2010, il ne faut pas s’étonner que le groupe fasse toujours du death métal, tant la longévité d’un groupe semble se mesurer à l’aune de son immobilisme musical. Sans surprise, le mot old-school est une fois de plus de la partie, Invidious Dominion proposant une grosse demi-heure de death metal, de blast, de growl et de riffs d’outre-tombe. Avec un certain talent, cela va sans dire, tant les membres de ce collectif sont des vétérans ayant survécus à toutes les guerres. Pour autant, et malgré une passion palpable et une fougue digne d’un puceau mettant une jolie blonde pour la première fois dans sa couche, on sent nos papys un peu à court d’idée. De là à dire que Malevolent Creation tourne en rond depuis dix ans, il n’y a qu’un pas.
Les ingrédients sont les même que dans tous les albums de death traditionnels, nous n’allons donc pas fatiguer le lecteur à les lire – le groupe se chargera de fatiguer l’auditeur en les répétant ad nauseam. Malgré ce classicisme navrant, il faut reconnaitre qu’Invidious Domain se veut plus intéressant que Doomsday X, son prédécesseur. Certains riffs font mouches, comme sur "Conflict Finalized" ou "Antagonized", et globalement, l’ensemble se tient. Les titres sont tous calibrés autour de 3:30 (un seul dépasse tout juste les quatre minutes), les structures identiques, et aucune fioritures ni tentatives de diversification ne vient troubler l’apaisant et rassurant paysage de la tradition, au point que hormis quelques riffs et des titres sympathiques, l’auditeur peut s’enfiler l’album de A à Z sans vraiment avoir la sensation de passer d’un titre à l’autre. Le chant de Hoffman renforce cette sensation en se montrant monolithique et systématique, défaut déjà noté il y a trois ans.
Invidious Dominion rassemble donc un certain nombre des qualités que l’on est en droit d’attendre sur un disque de death metal, mais celles qui manquent sont celles qui font le plus cruellement défaut : un peu d’audace, de contraste et de variété. Invidious Dominion reste donc un album classique et mécanique, efficace mais manquant de conviction, bref, trop basiquement old-school…