CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Apollo Papathanasio
(chant)
-Michael Amott
(guitare)
-Per Wiberg
(claviers)
-Sharlee D'Angelo
(basse)
-Ludwig Witt
(batterie)
TRACKLIST
1)Return To Zero (intro)
2)Lost In Yesterday
3)Star Born
4)The Chaos Of Rebirth
5)We Are Free
6)Spirit Of The Wind
7)Coming Home
8)Concrete Horizon
9)A New Dawn Rising
10)Believe In Me
11)Dead Weight
12)The Road Less Travelled
Bonus track:
13)Time To Live (Uriah Heep)
DISCOGRAPHIE
Un nouveau Spiritual Beggars? Voila un album que l’on n’attendait plus! Michael Amott étant tellement occupé par son groupe principal Arch Enemy et la reformation de Carcass, on ne pensait pas que le guitariste rouquin serait en mesure de consacrer du temps à son side project old school (oula, quatre mots consécutifs en anglais, serai-je atteint du syndrome JCVD ?). D’autant plus que les autres Beggars ont de quoi faire de leur côté, que ce soit avec Opeth, Grand Magus, Witchery ou Firebird.
D’ailleurs première surprise (en dehors de la sortie même de cet album): le chanteur JB n’est plus de la partie, souhaitant certainement se consacrer à temps plein à son propre groupe Grand Magus dont la carrière commence à décoller. Le nouveau venu derrière le micro n’est autre qu’Apollo Papathanasio, chanteur attitré de Firewind (à ne pas confondre avec Firebird, ni Rhapsody Of Fire… ni Firefly ou Firefox d’ailleurs). Oui oui Firewind, le groupe de true heavy metal de Gus G (qui lui vient de rejoindre Ozzy Osbourne), qui sort d’ailleurs son nouvel album pratiquement en même temps que Return To Zero. Mais rassurez vous, point de vocalises haut-perchées à la Stratovarius ici. Même au sein du combo grec Apollo est plus connu pour son grain chaleureux que pour sa tessiture élastique. Le côté old school de sa voix est ici logiquement poussé à son paroxysme, si bien qu’on a parfois presque l’impression d’entendre un clone de David Coverdale au micro ! Autant le dire tout de suite, cela colle parfaitement à la musique des Beggars, même si sa voix peut sembler un peu moins virile que celle de JB, moins lyrique aussi. Le feeling est là est c'est l'essentiel. Bref très bon casting réussi par Amott : troisième chanteur pour son groupe, troisième réussite. Ca s’appelle avoir le nez creux.
Musicalement Return To Zero s’inscrit très clairement dans la lignée de ses deux prédécesseurs Demons et On Fire, ceux avec JB au chant. L’ère Spice (premier chanteur du combo) qui a valu à Spiritual Beggars d’être catalogué comme un groupe de stoner est désormais totalement révolue. Cette étiquette (qui de tout façon ne veut pas dire grand-chose) ne colle plus du tout au groupe qui joue depuis trois albums maintenant tout simplement un hard rock traditionnel totalement inspiré des grands classiques des années 70, voire du metal du début des années 80. Après une jolie intro au clavier qui évoque Deep Purple ou Rainbow (on pense aux premières notes de 'Gates of Babylon') le gros son débarque sur 'Lost In Yesterday', mid tempo à la fois lourd et entrainant comme peut l’être Black Sabbath (ceux qui ont rêvé d’entendre un jour le Sab’ avec Coverdale au chant font se faire dessus). Accrocheur et assez doom dans l’esprit, bel écart ! Rajoutez à cela un break Purplien à l’orgue qui débouche sur un solo gavé de feeling d’un Michael Amott parfait dans ce registre de guitar hero des 70’s, et le tour est joué. Les plus rapides et enjoués 'Star Born' ou 'We Are Free' (belle déclaration d’amour à la musique dans les paroles), pourraient eux être qualifiés de singles accrocheurs, comme l’était le tube 'Killing Time' sur On Fire. Mais Spiritual Beggars n’est pas qu’un tribute band à Black Sabbath, Deep Purple, Rainbow ou Whitesnake.
Sur 'The Chaos Of Rebirth' par exemple, les Beggars quittent les années 70 pour évoquer la décennie suivante à coup de riff clairement heavy metal propice au headbanging et d’une accélération finale proprement jouissive. L’ombre de ce que faisait le regretté Ronnie James Dio en solo plane sur ce titre, pas étonnant d’ailleurs de trouver les mots «In memory of RJD» à la fin des paroles du morceau (écrites par Angela Gossow). Un hommage classe et discret, preuve de bon gout. Première surprise de l’album, 'Spirit Of The Wind' étonne par son calme et l’ambiance assez planante, presque shamanique, qu’elle dégage. Papathanasio y est sublime d’émotion à fleur de peau. La machine repart de plus belle avec l’excellent 'Coming Home' et sa magnifique mélodie de guitare. Impossible pour le fan de Whitesnake qui écrit ses lignes de ne pas citer également 'Believe In Me', titre tellement inspiré par le groupe de David Coverdale qu’on ne peut que le considérer comme un hommage. Ca groove, ça déborde de feeling, ça chante avec les tripes… qu’est ce que c’est bon ! L’album se termine sur rien de moins qu’une ballade entièrement au piano, la très belle 'The Road Less Travelled' qui n’est pas sans évoquer le 'Wish You Well' du Serpent Blanc. Poussant le bon gout jusqu’au bout, le groupe a la classe de faire figurer en bonus track une reprise absolument jouissive de Huriah Heep, du genre qui vous donne envie d’aller écouter l’originale immédiatement !
Bref c’est un sans faute, peut être le meilleur album des Beggars, en tout cas depuis le départ de Spice (le terne 'Demons' est relégué loin derrière). Tout ce que les années 70 ont de mieux est réuni ici sans jamais tomber dans des clichés ou des gimmicks ridicules. Comme si une bande de Suédois avait réussi en 2010 à retrouver l’esprit fantasmé de cette décennie si magique musicalement. Michael Amott est décidemment un grand musicien, à la fois compositeur et guitariste d’un immense talent. Dommage que la carrière d’Arch Enemy marche aussi bien finalement…