Y a des soirs où, comme ça, le vaillant chroniqueur n'a pas envie. Et ouais, il sait bien que la mise à jour est pour bientôt et qu'il a ses deux-trois albums à chroniquer, que ça ne lui prendra que quelques heures, mais voilà, il vient de taper sa grosse journée de taff, il fait moche, c'est lundi. Bref, il est pas content. Mais bon, il est pro le gars, et quand il se rend compte qu'il doit chroniquer un petit groupe français (chose qui ne lui est pas arrivée depuis un moment), il se dit: « allez, motive-toi un peu branleur, si les webzines ne soutiennent pas ces mecs, qui le fera ?»
Donc, le gars, il y va. Il y va disais-je, il sort son beau casque audio tout neuf (motivation supplémentaire, attention) et il se met à écouter Nothingness, groupe poitevin fondé en 2006 et qui assène avec ce Beyond Senses un premier album des plus burnés. Et là, le chroniqueur ne regrette pas de s'être motivé. Pourquoi me direz-vous? Mais parce qu'il aime ce qu'il entend nom de dieu. Il aime ET il est surpris en plus. Il s'attendait à du hardcore métal basique des familles, un peu sous produit vu les galères que le groupe semble avoir traversé pour sortir cet album (l'objet en question a quand même été enregistré il y a presque deux ans, et il n'est sorti que cet été). Eh ben en fait, pas du tout. Oui c'est hardcore métal, mais pas que. Loin de là. En effet, pas question ici de se contenter d'un sous-Hatebreed ou d'un pâle clone de Terror. Non, Nothingness va beaucoup plus loin, a l'intelligence de varier gravement son propos tout au long de l'album, et le tout avec un professionnalisme assez hallucinant. Mise en place technique, exécution, cohérence de l'ensemble, production, tout est carré, massif et ma foi, plutôt jouissif ! Bon, clairement, les poitevins ont bouffé du hardcore à la pelle, du old school évidemment, ça s'entend dans les moults breaks empruntés au genre qui émaillent l'album (''Beyond Senses''), de même que sur les chœurs typiquement coreux également disséminés tout au long de la galette (''Annihilation by Human Hands'', entre autres), mais aussi du new school, comme l'attestent les excellents refrains d'"Another Kingdom'' et ''Faded''.
Bien évidemment, le chant est au diapason, écorché et rugueux comme il se doit, mais point trop monocorde pour autant, et on en remercie le frontman. Mais comme je le disais, le groupe ne se contente pas de jouer du hardcore métal, super efficace en concert certes, mais tout aussi vite chiant sur platine (du moins à mon humble avis). En effet, il y en a clairement deux qui n'ont pas écouté que du hardcore dans leur jeunesse, ce sont bien les guitaristes, qui font preuve d'une aisance technique et d'une maturité assez monstrueuse dans la composition pour un premier album. Ça tape dans le thrash évidemment, dans le death à l'occasion, mais également et c'est plus intéressant dans un métal un poil plus groovy rappelant leurs grands frères de Gojira et Hacride, voire les pointures Mastodon (l'excellente ''My Own Sentence''), mais également dans le postcore et les trucs un peu plus barrés et progressifs (''Faded'', décidément une grosse réussite). Bref, y a du niveau comme on dit, des beatdowns doublés à la lead, des morceaux à tiroir (notamment ''Wrath'', pivot de l'album), des soli bien exécutés, des refrains entraînants, que du bon, tonton. Nothingness joue bien, très bien même, et même si l'album ne recèle pas de hit immédiat à se taper le cul par terre, il maintient cependant un niveau de qualité pour le moins élevé pendant presque 50 minutes, ce qui est déjà fort beau en soi.
Indéniablement un groupe qui a su digérer ses nombreuses influences pour un rendu des plus intéressants. Groupe à suivre donc, et enfin groupe à qui il faut trouver-des-dates! Tourneurs! Ces mecs sont libres jusque mars! Écoutez l'album, et bookez les bon Dieu, ils sont bons! Très franchement, de voir qu'un groupe qui a partagé la scène avec des pointures comme Hacride et The Arrs lutte pour se trouver des dates, ça me fend le cul. À bon entendeur bonsoir, moi je retourne me pieuter.