CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Radek Polrolniczak
(chant)
-Michal Kostrzynski
(guitare)
-Jarek Kajszczak
(basse)
-Tomek Grochowski
(batterie)
TRACKLIST
1)Friend
2)Russian Roulette
3)You, Departed
4)I Can't Believe
5)Lock n' Load
6)Pathogen
7)False Flag
8)Questions
DISCOGRAPHIE
Premier album pour les Polonais de Made Of Hate qui… Hein, c'est déjà leur deuxième album chez AFM, et même le troisième si l'on prend en compte un premier effort confidentiel sorti sous le nom d'Archeon ? Diantre, je n'en avais jamais entendu parler… Ah ben merde, Bullet In Your Head avait été chroniqué chez nous pourtant ! Mon camarade Dupinguez était à l'époque d'accord avec l'ensemble de la presse metal, qui déplorait que Made Of Hate marque un peu trop à la culotte son modèle Children Of Bodom. Et maintenant ?
Les Polonais ont décidé de ne plus prêter le flanc aussi facilement à la critique en procédant à des ajustements majeurs. Tout d'abord, un changement drastique au niveau de la direction musicale, puisque Made Of Hate s'est converti au power metal bien lourd, abandonnant presque toute velléité de vitesse. L'influence Children Of Bodom n'a pas complètement disparue puisqu'elle ressurgit de temps à autre au détour de quelques prouesses guitaristiques assez marquées, comme sur "Friend" ou "False Flag", mais elle est désormais beaucoup moins évidente. Ensuite, histoire de couper presque définitivement le cordon, Michal Kostrzynski a décidé de se concentrer sur la guitare, abandonnent ainsi la place de chanteur à son ancien guitariste rythmique Radek Polrolniczak, devenu désormais vocaliste à plein temps. Pas forcément un choix judicieux d'ailleurs : OK, le chant ne ressemble plus à celui d'Alexi Laiho… sauf qu'en fait il ne ressemble plus à grand-chose tout court. Polrolniczak a une voix de grizzly paradoxalement un peu timide, sans véritable puissance, et son registre est terriblement limité : dès que le bonhomme essaie de varier et de poser son chant, il ne parvient pas à produire autre chose que des graves enroués et sans relief, comme sur le refrain de "Pathogen". De là à dire qu'outre les solos, les moments les plus intéressants de l'album sont les intros, il n'y a qu'un pas…
La meilleure illustration possible est "Russian Roulette" : le riff de départ décoiffe et nous donne vraiment d'y croire, mais les Polonais se montrent incapables d'enchaîner derrière et on se retrouve au final avec un morceau sans saveur. Made Of Hate a toutes les peines du monde à sortir autre chose que des plans vus et revus des centaines de fois sur d'autres albums de power metal de seconde zone. Cela n'empêche pas le groupe de proposer des choses tout à fait correctes de temps en temps, à la faveur d'un assemblage savant : ainsi, "Friend" ou "I Can't Believe" s'en tirent très honorablement. Néanmoins, la plupart des morceaux sont freinés par des mélodies vocales indigentes qui s'ajoutent à la faiblesse du chant : du coup, on ne trouve quasiment aucun refrain marquant sur Pathogen. Une fois les 40 minutes passées, à part peut-être celui de "You, Departed", il est peu probable que vous gardiez en tête le souvenir de l'un d'eux : un peu fâcheux quand on évolue dans un style où l'efficacité est un des maîtres mots… Cette absence de fond est vraiment regrettable quand on voit le niveau des solos de Michal Kostrzynski, qui auraient pu faire office de cerise sur le gâteau. Par ses interventions, le bonhomme parvient à redonner du souffle à des compos pas très bien engagées comme "Russian Roulette" ou "False Flag". Sauf que des solos, même parfaitement exécutés, n'ont jamais réussi à sauver un album sans bons riffs ni refrains…
Indéniablement, Made Of Hate a tiré les leçons de son précédent album, très correct mais beaucoup trop marqué du sceau de son influence principale. Les Polonais ont fait ce qu'il fallait pour échapper aux comparaisons trop faciles en empruntant une autre voie musicale. Malheureusement pour eux, le résultat n'est pas vraiment à la hauteur de leurs efforts, et Pathogen ne risque pas de rester dans la mémoire collective de fans de metal. Après, faut-il être un bon clone de Children Of Bodom ou un groupe très moyen de power metal ? Le débat reste ouvert…