CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Alex Skofljanec
(chant)
-Jan Svigelj
(guitare)
-Mitja Lipicer
(basse)
-Ziga Zmazek
(batterie)
TRACKLIST
1)Mind Decay
2)Screaming Fear
3)Addicted to Aggression
4)Disharmony
5)The Way to…
6)Insane Asylum
7)The Q Box
8)Sickened
9)Shark Attack
10)Coordinates of Confusion
DISCOGRAPHIE
Metal Blade est un label généraliste qui a souvent eu le nez creux en matière de thrash. On peut évidemment évoquer Slayer, Voïvod ou Sacred Reich, dont les premiers albums sont tous sortis sur le label fondé par le légendaire Brian Slagel. Même aujourd'hui, losque Metal Blade signe des groupes de thrash de troisième division, il choisit le haut du panier, comme Fatal Embrace récemment. Du coup, je veux bien les suivre à l'aveugle, même lorsqu'ils vont recruter dans des pays pas forcément réputés pour leur scène metal, comme la Slovénie.
L'enseignement du jour, c'est que le thrash slovène s'inspire énormément du thrash made in Bay Area. Ceci dit, Negligence n'a pas l'intention de recréer les albums de la grande époque, mais bien de proposer quelque chose au goût du jour, en tenant compte des évolutions en terme de jeu et de production (mais on y reviendra). En résumé, les Slovènes sont bien plus proches de leurs collègues de label Lazarus A.D. que des groupes de la vague thrash revival. A l'écoute de Coordonates Of Confusion, deux principales influences se dégagent : Testament et Heathen. La première est sans doute la plus évidente, car quelques plans auraient tout à fait pu se retrouver sur un album de la bande à Chuck Billy, sur "Addicted to Aggression" ou "Shark Attack" notamment. De même, l'interlude "The Way to…", qui est en réalité un court solo d'1 minute 10, semble tout droit sorti de The New Order. C'est d'ailleurs loin d'être le seul solo indiquant clairement qu'Alex Skolnick est un des héros musicaux de Jan Svigelj. Néanmoins, c'est bien l'influence Heathen qui transparaît le plus sur cet album.
En effet, chez Negligence, on aime bien tricoter et on ne se prive de caser des parties ardues sur quasiment tous les titres. "Disharmony" doit se sentir bien seul à défendre la cause des morceaux directs. Dommage d'ailleurs, car avec son refrain bas du front martelé par un Alex Skofljanec aux faux airs de Phil Rind, appuyé par des salves de double pédale ravageuses, il s'agit d'un des moments les plus marquants de l'album. Après, comme souvent, tout est question de dosage. Sur la première moitié de l'album, les Slovènes utilisent leur aisance technique comme un moyen de proposer un thrash alambiqué qui sort un peu des sentiers battus, grâce à un certain nombre de séquences rythmiques pas piquées des vers. Il n'y a certes pas forcément grand-chose de très mémorable au premier abord, mais cela est essentiellement dû à un refus de la solution de facilité. En effet, hormis sur "Disharmony", Negligence rechigne à proposer des refrains simplistes s'appuyant sur la répétition frénétique d'une ou deux phrases, comme a l'habitude de faire un groupe comme Destruction. Sur un plan purement artistique, c'est une décision plutôt louable.
C'est à partir de "Insane Asylum" que ça commence à se gâter. À partir de ce titre, la technique devient quasiment une fin en soi, ce qui nuit grandement à la qualité des morceaux. Pourtant, la matière première est là : jusqu'au break, on tient un morceau de folie avec un riff digne du Iced Earth de la grande époque et une refrain très honnête ; mais à partir du break, c'est une succession de plans collés à la va-comme-je-te-pousse : un pour une nouvelle ligne vocale, puis un autre qui n'a rien à voir pour caser un solo à rallonge, et hop retour à l'arrache sur le riff de départ. Cohérence de l'ensemble : zéro. Ou comment sortir un morceau très moyen avec que des plans de premier choix. Même sentiment à l'écoute de "Coordinates of Confusion" où la volonté de proposer un morceau technique est évident dès le riff d'intro en mesures asymétriques. Sauf que rapidement, on tombe dans la démonstration stérile et les collages de plans, tel ce riff à la Megadeth qui déboule sans crier gare. Résultat, on arrive au bout de ces 6 minutes lessivé par les changements de rythme à répétition et par une production dans l'air du temps, c'est-à-dire usante pour les tympans.
On ne peut pas parler de mauvaise pioche pour Metal Blade avec Negligence, puisque les Slovènes ont indéniablement du potentiel, comme en témoignent pas mal de belles choses sur ce deuxième effort. Simplement, il va falloir bosser pour canaliser tout ça et utiliser cette technique pour tendre vers quelque chose de moins indigeste que la seconde moitié de cet album. Si vous ne craignez pas l'excès de technicité, Coordinates Of Confusion devrait vous plaire ; si comme moi, vous vénérez les choses simples, alors votre avis sera déjà un peu plus mitigé.