CHRONIQUE PAR ...
Dimebag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Miri Milman
(chant)
-Sven De Caluwe
(chant)
-Cole Martinez
(guitare+samples)
-Michael Wilson
(guitare)
-Andrew Lenthe
(basse)
-Mike Heller
(batterie)
TRACKLIST
1)Vagaries of Perception
2)An Intoxicating Affair
3)Echoes
4)The Apex Doctrine
5)Lethargy
6)(N)ether
7)Hollow
8)Purity in Imperfection
9)Repentiforget
10)The Conscious Sedation
11)Stagnant Progression
DISCOGRAPHIE
System Divide, ou la rencontre quelque peu improbable entre la brutalité de ce bon vieux Sven de Caluwé (Aborted) et l'univers autrement plus gothique et « doomesque » de Miri Milman (ex-Distorted, a également bossé avec Orphaned Land). Ajoutez à ça un casting de musiciens venus d'un peu partout et on se retrouve avec ce projet s'auto définissant comme métal extrême mélodique. Pourquoi pas? Après, arriver à faire prendre la greffe chant goth sur une base de métal moderne et bourrin peut s'avérer assez casse-gueule.
Mais force est de constater que les System Divide s'en sortent plutôt bien. Ce Conscious Sedation est un melting pot assez réussi de métal moderne finalement pas si extrême que ça, aux sonorités et filiations diverses, allant du grind au death mélo en passant par le deathcore, assemblé sans grand génie certes, mais avec un métier certain, pour un résultat des plus agréables à l'écoute. Mais vous l'aurez compris (à moins de ne pas avoir lu l'intro, auquel cas vous craignez), l'intérêt principal de ce projet réside avant tout dans l'idée d'associer le chant grind death écorché de Sven à la voix goth de Miri. L'idée de départ était bonne, la réalisation l'est également, mais il faut bien reconnaître que le rendu final n'est pas d'une grande originalité et manque un peu de naturel. La faute au côté assez froid et manquant quelque peu d'émotion de la voix de Miri, qui bien que parfaitement maitrisée sur le plan technique et excellemment posée peine à insuffler une touche de lyrisme à l'ensemble, qui reste du coup un peu trop mécanique et redondant à mon goût. C'est dommage, mais cela ne vient pas pour autant plomber complètement cet album. De plus, étant tout sauf un fan de chant gotho-épico-lyrique féminin dans le métal, je pars peut-être avec un a priori quelque peu négatif sur le sujet. Toujours est-il qu'au-delà de cet aspect qui gêne un peu, le reste est malgré tout de plutôt bonne facture, tant au niveau de la composition que de la production et de l'exécution.
Les riffs ne sont pas forcément des modèles d'inventivité, notamment sur les couplets, mais ils sont carrés et efficaces (''Vagaries of Perception'' ; ''The Apex Doctrine''). Les refrains sont, en général, assez réussis, grâce à l'adjonction de chœurs et autres effets collant parfaitement à la voix de Miri (sur ''Vagaries of Perception'' notamment, ou sur le final de ''(N)ether''), mais comme je le disais précédemment l'ensemble sonne de manière assez générique et manque un peu de variété. Plusieurs morceaux de bravoure viennent tout de même émailler l'album : citons notamment l'excellent final de ''An Intoxicating Affair'' (gros travail sur la basse), le groove de bûcheron des premières séquences d' ''Echoes'' ou de ''Purity In Imperfection''. Le boulot sur la rythmique est plus intéressant, puisque sur cet opus le batteur et le bassiste nous font vraiment visiter et re-visiter un paquet de styles et de plans : blast beat, plans thrash, death mélo, groove métal et deathcore, tout y passe (avec une légère prépondérance des deux derniers genres précités cependant), et le plus souvent avec une certaine réussite. Pas beaucoup de nouveauté là dedans certes, mais une maîtrise certaine et beaucoup de boulot abattu, indéniablement. Les guitaristes, comme je le disais, font le boulot, et quelques soli de qualité viennent également ponctuer certaines compos et renforcer le côté épico-mélodique de l'ensemble, mais tout cela reste définitivement un peu trop « sage » et appliqué.
Un plutôt bel exercice de style en somme, mais qui ne m'a jamais véritablement fait décoller. Il n'est jamais aisé de marier des genres qui ne sont à la base pas taillés pour s'entendre, et on peut déjà saluer l'effort fait par System Divide pour tenter le coup. Le résultat est indéniablement une réussite, mais pour autant,on peut tout de même regretter un certain manque de prise de risque et un classicisme un peu trop prégnant dans les compos, du moins à mon goût. Un opus de qualité donc, mais qui risque tout de même de peiner à trouver son public :trop bourrin pour les fans de métal lyrique à chanteuse, et définitivement trop posé pour les amateurs de trucs un peu plus « poilus ».