CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Jan Michaelis
(chant)
-Piero Pellegrino
(guitare)
-Ralph Swan Krieger
(claviers)
-Kostas Kontos
(basse)
-Dennis Hoffmann
(batterie)
TRACKLIST
1)One Month in Real Time
2)One With the Lies
3)Ice Age
4)Borrow Me Your Dullness
5)Do You Live
6)Deadborn
7)One Moment and the Murder After
8)Project Elimi
DISCOGRAPHIE
Messieurs les patrons des labels metal, je sais bien que les temps sont durs, que pour signer toujours plus de groupes de heavy allemand il faut faire des économies, et que ce n’est pas avec ces salauds de webzineux ingrats – même qu’il paraît qu’ils écoutent du punk ! rah les cons – qu’on va commencer à faire dans la générosité. Mais quand même, ce serait trop demander que de recevoir un fichier presse autrement que dans la langue de Goethe ? Et les paroles, aussi, surtout quand le groupe se targue d’avoir pondu un concept béton ; ça peut être plus facile pour suivre. Enfin…
… on fera avec ce qu’on a, à savoir : Project Elimi, monstre de 76 minutes, premier volet d’une trilogie annoncée, une pièce de 22 minutes pour clôturer, bref, on frôle l’indigestion avant même d’avoir démarré. Et on est soulagés de constater, à l’écoute, que Tangent Plane ne fait pas dans les cabrioles ou dans l’avalanche de breaks. En revanche, c’est une surprise de constater que Ralph Swan, le claviériste, soit le maître à penser de la formation ; on aurait bien vu le chanteur Jan occuper cette place vu qu’il semble avoir beaucoup, beaucoup de choses à dire. Rarement a-t-on écouté disque de prog aussi bavard, et ceux qui attendaient des escouades instrumentales vont ronger leur frein. Heureusement que monsieur Jan assure bien l’exercice, malgré une fragilité apparente qui le pousse à la limite de la justesse. Il se permet des montées assez prenantes, comme sur l’intense "Deadborn"; à l’inverse, il est parfois à côté de la plaque lorsqu’il attaque les registres graves, notamment sur le final larmoyant d’"Ice Age" qui se serait bien passé de cette touche grotesque.
Oui, il y a des maladresses, des approximations dans ce mastodonte qui perd parfois les moyens de ses ambitions : tantôt des sons de claviers house music au comique involontaire, tantôt une faute d’anglais douloureuse, ce qui la fout mal pour la carrière internationale (eh ouais les mecs, « to borrow », ça veut dire « emprunter » et non « prêter » ; du coup c’est "Lend Me Your Dullness" qu’il fallait écrire, même si ça sonne moins bien). Il y a évidemment des longueurs, notamment la plage-titre qui s’est permis de faire l’impasse sur un thème fort, concluant l’affaire sur un « mouais » bien malheureux. Mais ailleurs, il y a un vrai sens de la dramaturgie, de l’angoisse et de la colère. "Deadborn", déjà cité, a pour lui une construction remarquable, tandis que "One Moment and The Murder After" s’appuie sur un riff lourd et déchirant pour dérouler son fil dérangé, jusqu’à une fin un tantinet chargée et excessive ; mais ça fait tout de même son effet. Il y a même, chose curieuse, un sens du tube, du morceau agressif et accrocheur, en témoigne le "Do You Live" qui ne ferait pas tâche sur un bon album de heavy burné.
Malgré ses lourdeurs, Project Elimi est traversé, çà et là, de petites promesses qui donnent envie, pour une fois, d’être indulgent. D’espérer que Tangent Plane, pour les deux prochains volets, ne cherche pas à atteindre l’heure et quart règlementaire et qu’il se montre moins volubile qu’un Bob Dylan en syncope. Ça laissera peut-être le temps au label de nous fournir les paroles, cette fois.