CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Stelios Tsakirides
(chant)
-Johnnie Athanasiadi
(guitare)
-Teo Savage
(guitare)
-Jim Tsakirides
(claviers)
-Fotis Toumanides
(basse)
-Bill Kanakis
(batterie)
TRACKLIST
1)We Won't Fall
2)Theater of Pain
3)Where Angels Fly
4)Regeneration
5)Starchild
6)Speak of the Devil
7)Planet Metal
8)Chasing the Wind
9)Fantasmagoria
10)Holding Out for a Hero
DISCOGRAPHIE
Si mes souvenirs ne me trahissent pas, en 2001, Hard Rock Magazine avait fait une interview croisée entre Kai Hansen, parrain de la scène speed mélodique alors au sommet de son art avant la déchéance, et Tobias Sammet, jeune loup aux dents longues à la réputation grandissante. A la question « où vous voyez-vous dans 10 ans ? », Tobi avait répondu « ici, avec un petit jeune à mes côtés » (et Hansen d'ajouter, « moi aussi, avec Tobi et le petit jeune ! »). Et bien le petit jeune en question, ça pourrait bien être un membre de Emerald Sun…
Les Grecs ne sont pourtant plus des perdreaux de l'année, puisque la naissance du groupe remonte à 1998 et ses débuts discographiques à 2005 (avant de réenregistrer leur premier album en 2007). Les aléas de la carrière des groupes amateurs étant ce qu'ils sont, ce n'est qu'aujourd'hui que sort leur deuxième effort, Regeneration. Une chose est sûre, Emerald Sun croit à fond en ce qu'il fait. On ne pourra pas leur reprocher de ne pas mettre de cœur à l'ouvrage, tant cet album est animé par une fougue juvénile qui suffit à reléguer au second plan les limites évidentes du groupe, à commencer par un chanteur un peu faiblard. En choisissant Stelios Tsakirides pour prendre la suite de Jimmy Santrazami, Emerald Sun a remplacé un clone de Kiske par une voix à la Joacim Cans, ce qui ressemble fort à une idée à la con. En plus d'un timbre un peu nasillard, comme si Billy Corgan se mettait à chanter du heavy, le bonhomme manque singulièrement de coffre. Bref, ce n'était sans doute pas le choix optimal.
Le début de l'album s'inscrit dans la lignée du précédent. Un titre énergique à la "I Want Out" avec "We Won't Fall", un titre de speed mélo débridé qui rappelle l'époque glorieuse du Happy Happy Helloween avec "Theater of Pain" (y compris la narration avec le même type de voix que sur "Keeper of the Seven Keys") : hormis une prod' un peu plus pêchue, pas de différence majeure avec Escape From Twilight, inspiré quasi exclusivement par la bande à Weiki. Heureusement, par la suite, Emerald Sun s'affranchit un peu de cette influence trop marquée, sans non plus aller chercher très loin puisqu'on reste dans la sphère du speed mélodique. Une pincée de Stratovarius par ici avec "Where Angels Fly", un titre un peu plus catchy dans la veine de "Hunting High and Low" avec des paroles neuneus pour renforcer le mimétisme, ou une louche de Gamma Ray par là avec "Starchild", sur lequel Emerald Sun intègre quelques tics de composition à la Kai Hansen et une touche SF dans les paroles pour un résultat à la "Somewhere Out in Space".
Et Edguy dans tout ça ? Patience, ça arrive ! D'abord avec le mid tempo "Speak of the Devil" qui rappelle le virage récent adopté par les Allemands, puis avec le supersonique "Planet Metal", un titre complètement délirant à la "Save Us Now". La ballade "Chasing the Wind", démarre de façon bien craignos avec une ligne de claviers immonde, mais Emerald Sun rectifie le tir in extremis avec un Stelios Tsakirides qui se lâche enfin et qui donne à ce morceau des ondes très positives. En revanche, dans l'exercice du epic de fin d'album, les Grecs se vautrent avec "Fantasmagoria", morceau de 5 minutes étiré sur 12 et qui paraît forcément longuet. Cela aurait été dommage de finir sur cet échec, mais il y a un peu de rab' avec une reprise de Bonnie Tyler, "Holding Out For A Hero". D'ordinaire, je ne suis pas fan de cet exercice, mais sous l'impulsion d'un Bill Kanakis déchaîné, les Grecs se réapproprient brillamment ce morceau pour en faire un titre de speed mélodique à part entière, comme savait le faire Sonata Arctica.
Forcément, vous devez vous dire qu'avec tant de noms prestigieux cités dans une même chronique, ce n'est pas bon signe concernant la personnalité du groupe. Effectivement, la musique proposée par Emerald Sun n'est pas originale pour un sou, mais elle est jouée avec une fraîcheur des plus réjouissantes. Hormis un epic un peu raté, il n'y a absolument rien à jeter sur cet album qui respire le soleil et la gaieté. Parfait pour lancer la saison des barbecues !