CHRONIQUE PAR ...
Oni²
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Stefan Lundgren
(guitare+chant)
-Anders Exo Ericson
(guitare)
-Eriko Arkö
(basse)
-Calle Bäckström
(batterie)
TRACKLIST
1)Age of Splendour
2)Storms
3)Dominion
4)Dream Vessel
5)Ceremonial March
6)Unseeing Divine
7)Incantation of the Lost Continent
8)Procession Through Flesh
DISCOGRAPHIE
Récemment, votre serviteur avait eu affaire au cas Puteraeon, formation rassemblant quelques gaillards expérimentés de l’underground extrême suédois qui avaient pris le parti de jouer un death 100% old school, sans concession. Sectu, c’est un peu leur contraire. Certes, toujours du death metal pur, sans affiliation aux branches techniques, progressives ou core, mais sans l’obscurantisme des précédents. Comprenez par là, qu’ils n’ont pas choisi de la jouer bas du front : pas de prod crasseuse, ni de double et de tremolo picking non stop. C’est un peu plus intéressant que ça.
Sectu démarre les hostilités en évitant soigneusement de balancer un prévisible opener couillu à l’extrême. Le morceau suivant va encore plus loin en ralentissant vraiment le tempo, atypique pour du death, mais l’opération est réussie grâce une maîtrise de l’ambiance que ne renierait pas Morbid Angel. Ambiance, le mot est lâché, sans même devoir recourir aux claviers ou à d’éventuels samples, les musiciens ont doté leur premier album d’une aura absolument malsaine. Curieusement, la production léchée et franchement moderne n’atténue à aucun moment le climat des compositions. Pour en rajouter, la bien nommée “Ceremonial March” illustre vraisemblablement la mise en terre sous un ciel gris de soldats tombés au front, avant que leurs camarades ne partent les venger sur la piste d’après. “Unseeing Divine” qui lui succède, ne me fera pas dire le contraire. Le violent et groovy “Incantation of the Lost Continent” est assez représentatif d’Innundate dans son ensemble : passant des rythmiques les plus barbares aux avalanches de double pédale sur un tempo lent, sans oublier le court solo de guitare, pas spécialement complexe mais judicieusement placé. Les très bons “Dream Vessel” et “Dominion” suivent le même schéma, avec une efficacité assez redoutable.
Tout ceci semble annoncer un bien bon album, mais le problème est là, tout a été dit. Les membres de Sectu ont agi à l’opposé de leurs compatriotes chez Puteraeon qui avaient pondu un interminable bloc de death sans aucune nuance. Là, tout est expédié en 32 minutes chrono. Et ce n’est malheureusement pas le seul reproche qu’on pourrait leur faire. Stefan Lundgren assure son growl sans dégager une once de personnalité. Certes, tout le monde ne peut pas être aussi charismatique que Mikael Akerfeldt ou Peter Tagtgren mais ce n’est vraiment pas cette voix qui fera remarquer nos Suédois. En revanche, nul doute que l’inspiration est au rendez-vous pour le reste. Les rythmiques font mal (dans le bon sens du terme) et les soli sont majoritairement brefs et efficaces (celui de “Storms”, plus élaboré, mis à part). Toujours est-il qu’on ressort d’une écoute intégrale en se disant : « est-ce qu’il ne manquerait pas quelque chose là ? ». Comme si on avait été privé de dessert, après deux bons plats. Il aurait pourtant suffi d’un seul petit morceau final, avec un peu plus d’ambition que les autres (à tout hasard, un pavé qui s’aventurerait dans les méandres du progressif peut-être ?). Ils étaient si près d’atteindre le cercle des groupes les plus prometteurs à surveiller …
Un premier essai non dénué de qualités qui ne dépassera sans doute jamais le stade de « l’album sympa » qu’on écoute en fond sonore sans vraiment y prêter attention. Malgré cela, il faut saluer la créativité des ces messieurs, jamais à court de bons riffs. C’est à se demander pourquoi ils n’ont pas poussé un peu plus loin, il y avait vraiment matière à sortir quelque chose qui scotche l’auditeur. Encore un petit effort et ils y arriveront, on espère que c’est pour bientôt.