Le metal, c’est avant tout du fun, du kiff et de l’entertainement. Mais, comme toute communauté qui a une certaine importance, elle ne peut ignorer le monde qui l’entoure et qui, d’ailleurs, nourrit son imaginaire, son folklore – bref, son identité. Alors quand un drame d’une certaine ampleur survient, plutôt que de multiplier les messages de soutien, certains décident que les actes valent mieux que les paroles, et choisissent d’aider. De faire un petit quelque chose, à son niveau. De s’investir. Et c’est pourquoi Lion Music a mis à contribution sa prestigieuse écurie au profit du Japon, qui a connu la catastrophe que l’on sait tous.
Ne rêvons pas : les musiciens de Lars Eric Mattson (patron de Lion Music, rappelons-le) ne changeront pas la face du monde. Et si tous les bénéfices de ce disque seront reversés à la Japan Red Cross Society (la croix rouge Japonaise), il ne faut pas s’attendre à ce que l’association reçoive des millions de dollars. Lion ne brasse pas les mêmes sommes que Metallica, Lady Gaga ou Prince, mais l’intention est là. Cette compilation, comportant deux CDs bien remplis, est là pour le prouver. Car nous ne sommes pas en présence d’un best-of, ou d’une compilation, mais bien de titres inédits, composés pour la plupart spécialement pour l’occasion, et qui sont parfois la première apparition d’un groupe suite à un changement de line-up (par exemple Ashent, Astra, Venturia ou encore Iron Mask, qui présentent de nouveaux chanteurs/euses). Il y a aussi des invités : Milan Polak reçoit entre autre le génial Bumblefoot (mais à la basse). Pour le reste, tous sont connus pour qui s’intéresse un peu au roster de Lion, et beaucoup ont été chroniqués dans nos pages. Le dernier titre est un effort instrumental collectif (que l’on sent écrit par Mattson tant sa patte est reconnaissable) qui rassemble certains des guitaristes phares de Lion, comme Borislav Mitic, Fransesco Fareri ou encore Simone Fiorletta. On regrettera l’absence de George Bellas et de Vitalij Kuprij.
À la rigueur, la musique est quasiment accessoire. Sur les vingt-huit titres que vous trouverez sur ce double album, vous allez en apprécier certains, d’autres pas. Vous trouverez de bons titres, d’autres sur lesquels vous ne vous arrêterez pas. Vous ferez peut-être une ou deux découvertes qui vous redirigeront vers d’autres albums, et vous tendrez l’oreille sur tel ou tel chanteur, tel ou tel gratteux, et ça sera tant mieux. Mais surtout, en achetant cet album, vous aurez fait – pour une fois – un peu plus que vous faire un petit plaisir. Vous aurez indirectement aidé une population dans le besoin, un pays qui se relève difficilement d’un enchainement de catastrophes à peine concevables dans un film de science-fiction (un tremblement de terre, un tsunami et une crise nucléaire majeure) qui ont provoqué de nombreuses victimes. Joindre l’utile à l’agréable : tel est le message de Lion Music, qui tout en régalant vos oreilles de heavy/hard de facture inégale (mais globalement, plutôt réjouissante) fera de vous un donateur anonyme à une organisation humanitaire. Et votre karma s’en rappellera.
On ne peut pas être de toutes les causes. Lion Music a choisi de s’investir pour la Japon, qui a de tout temps été une terre accueillante voire innovante pour le monde du métal, et on ne peut que se réjouir de ce genre d’initiative, certes vaguement utopique – mais toute goutte d’eau dans la mer de la solidarité est bonne à prendre. Bref, achetez cet album, et écoutez-le – car si vous ne l’écoutez pas, faites directement un don à une association humanitaire, ça sera plus direct.