CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Alia O'Brien
(chant+flûte+orgue)
-Sean Kennedy
(guitare)
-Lucas Gadke
(basse)
-Andrew Haust
(batterie)
TRACKLIST
1)The Great God Pan
2)Coven Tree
3)The Hermit
4)My Demon Brother
5)Morning of the Magicians
6)Oliver Haddo
7)Night of the Augury
8)The Witch's Dance
9)Daughter of the Sun
DISCOGRAPHIE
Rise Above, les Inside Out du metal ? Voilà une paire d’années que le label anglais n’en finit pas de signer des formations qui ont le compteur bloqué quarante piges en arrière, entre les Devil’s Blood, les Ghost, et maintenant ce Blood Ceremony qui joue la carte du passéisme jusqu’à son titre, tel une promesse que pas une fois on ne quittera le heavy de grand-papa, avec – surprise ! – de légères accointances prog via l’utilisation de flûtiaux magiques. Certes, dit comme ça, ça pourrait faire penser à un truc très chiant style une version badass des Flower Kings, mais la formule du groupe est tout de même plus sympathique…
Quand même, autant prévenir les gros bœufs tout de suite : à l’image des groupes précités, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de très viril. Le micro est tenu par une gente demoiselle, et son truc à elle c’était de se déguiser en Elvira plutôt qu’en troll des bois, si vous mordez l’esprit… l’organe est clair, chaud, traînant, avec juste ce qu’il faut de caresse pour que le gentil puceau tende l’oreille, et le reste avec. L’auditeur aguerri, de son côté, préférera prendre son pied sur les interludes et autres sections instrumentales où la bardeuse se prend pour la fille de Ian Anderson et humecte de ses lèvres une flûte virevoltante, au jeu totalement repiqué à son modèle ; mais l’usage de cet instrument dans le heavy est suffisamment rare pour passer outre l’aspect hommage/pompage (que nous appellerons « hompage » à partir d’aujourd’hui, afin de contribuer à l’effort d’évolution de la langue française).
Mais alors, demanderez-vous paniqués, il n’y a que ça ? Une nymphette défoncée qui danse sur un pied en soufflant dans un machin en bois ? À l’écoute d’un titre comme "The Hermit", instru prog-folk plus champêtre d’un pied de hobbit, ou des couplets sautillants de "Morning of the Magicians", on penserait Blood Ceremony tombé pour de bon dans la poudre de perlimpinpin. Mais rassurez-vous, ces Canadiens-là ont bien compris l’importance des guitares lourdes et burnées, et ont jugé préférable de cueillir le curieux avec le pesant "The Great God Pan", qui joue la carte du doom 70’s pur et dur avant de glisser, toutes orgues dehors, verte une seconde partie instru flamboyante, preuve que faire du heavy dans la prairie peut avoir un sens, voire même rendre plus savoureux encore un plat déjà consistant. Vous en doutez ? Mangez-vous "Night of the Augury", mini-pièce progressive au parfum de soufre à la montée insidieuse, qui n’évoquera des petits lutins qu’aux fans les plus déviants de Motörhead.
Du tout bon ? Presque : l’attitude « cul entre deux chaises » pourra laisser sur le carreau et les metalleux purs et durs, qui trouveront les incartades progueuses trop guillerettes, et les âmes les plus sensibles seront rebutés par les morceaux les plus monotones (et malheureusement, aussi, les plus longs). Sans compter que tout cela reste quand même de l’habile recyclage. Mais bon, vivre avec les Anciens, quand on sait les ménager, ça ne peut pas faire de mal de temps à autre…