CHRONIQUE PAR ...
[MäelströM]
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16/20
LINE UP
- Alex Machacek (guitare+piano)
+ divers
TRACKLIST
1)[sic]
2)Indian Girl (Meets Austrian Boy)
3)Miss Understanding
4)Yellow Pages
5)Djon Don
6)Piano
7)Out of Pappenheim
8)Austin Powers
9)Ballad of the Dead Dog
DISCOGRAPHIE
La vie d'un chroniqueur est parfois bouleversée par un petit rien. Un jour vous mettez 06/20 à un groupe perdu d'avance – il méritait 3 mais en tant que musicien vous compatissez – et le lendemain, vous tombez sur un disque démentiel que seul le jazz peut se vanter de pouvoir sortir. Un disque d'un type inconnu mais déjà complimenté par John McLaughlin, qui se permet d'inviter Terry Bozzio (Zappa, Missing Persons…) sur son disque, et qui pousse le vice jusqu'à enregistrer quatre de ses neuf morceaux (ô combien compliqués) en session directe avec ses musiciens.
Agglomérat de Weather Report avec de jolies touches Zappa, Machacek apprécie les percussions folles et pousse le jazz-rock jusqu'à du Miles Davis premier âge, ou du Tyner période défonce sauvage. Et si le disque passe si bien c'est justement grâce à cette décoction raffinée de lignes middle-jazz et (pas de secret) d'un line-up de rêve. Machacek calibre ses harmonies comme du Reinhardt, n'ajoutant pas plus de notes que de raison (hormis dans la sur-harmonique Out Of Pappenheim) ; Preuschl laisse la walking au placard et brode des impro' démentielles ; alors que Pirker se révèle grandiose et (contrairement à ce qu'on pouvait imaginer) ne fait absolument pas pitié à côté des apparitions de Bozzio qui, elles, n'ont même pas besoin d'être commentées.
Une chose est sûre, le batteur n'a pas fait que du boum-boum ici, tant le son ressemble à ce qu'a pu faire Frank Zappa de son temps. Le condensé est d'ailleurs très bien optimisé, mélangeant allégrement les penchants jazzy (dominants) avec des structures plus pop – tel Birdland à sa sortie. Même un morceau comme "Djon Don" (neuf minutes au compteur) alterne avec tant de facilité les passages catchy, les breaks si chers au jazz et les ruptures brutales qu'on se demande comment le résultat peut encore être enrobé de tant de clarté. "Yellow Pages" pourrait presque être assimilée à du funk fruité, titillant la frontière HancoClinton au travers d'une escalade de percussions qui révèle Herbert Pirker comme un concurrent direct à Bozzio dans l'improvisation semi-mélodique.
C'est difficile de parler de musique sans parler de musique, encore plus en ce qui concerne le jazz. Alors le mot de la fin serait sans doute : «Okay!». Personne ne sera déçu, Machacek ayant pris le soin de personnaliser des hymnes à sa sauce : Zawinul pour "Indian Girl (Meets Austrian Boy)" ; Hancock pour "Yellow Pages" ; Zappa pour "Austin Powers"… Ca manque peut-être un poil d'identité, mais que dire pour un premier disque, sinon que le résultat est à la hauteur de la formation ? Comme dirait Steve Khan : «Un talent qu'il faudra tenir à l'œil pour les années à venir.»