Le metal symphonique c'est assez surchargé en ce moment, et pourtant, j'aime toujours en écouter. Je me plonge sans mal dans mes vieux Nightwish (parce qu'aujourd'hui c'est plus pareil, etc…), et je me dis que de nos jours, c'est difficile de révolutionner un genre qui semble avoir déjà tout dit. La faute en est à de nombreuses copies des Finlandais (citons Legenda Aurea, Operatika ou Coronatus en vrac) qui n'arrivent pas à en atteindre la qualité. Il y a bien quelques inspirés qui, eux,arrivent à produire de la qualité (Pythia, Amberian Dawn, Tacere), mais ces groupes pourtant de bonne facture ne sont pas des plus originaux (ce qui n'insinue en rien qu'ils ne sont pas bons !). Alors je suis sceptique quand je vois arriver Meden Agan, qui provient de Grèce. Metal symphonique lyrique, c'est suspect ...
Pas de panique, ici, pas de clone de Nightwish à détecter (juste un inspiré, comme les seconds cités),même si je vais débuter cette chronique par ce qui est plutôt négatif dans Erevos Aenaon. Et bien sûr, cela commence avec les morceaux eux-mêmes, non pas dans leur qualité, car ils sont (presque) tous bons, mais par leur structure. C'est bien simple, ça se suit mais ça se ressemble, et même les éléments progressifs décelables çà et là finissent par tous se ressembler et à ne pas diversifier assez les titres. Les seuls choses qui peuvent faire changer, c'est les growls qui rendent l'atmosphère plus sombre et créant une dualité vocale brisant la monotonie (''Nemesis'', ''Erevos Aenaon''). Du coup, il serait conseillé de ne pas prendre la même formule à chaque fois et de l'appliquer neuf fois d'affilée, c'est dérangeant, voir pénible. Et puis le groupe n'a pas encore son identité propre, et les influences vont se chercher du côté Nightwish et Epica, sans les copier ou les plagier, heureusement. On est pas chez Legenda Aurea, non plus.
Ce qui se démarque dans ''Erevos Aenaon'', c'est la chanteuse Iliana qui n'est pas une débutante. La preuve, la jeune femme a été invitée à participer au dernier album en date de Septicflesh, imaginez-donc le niveau ! Et effectivement, la frontwoman assure, avec un chant lyrique d'une grande beauté, auquel on pourra cependant reprocher, comme aux titres, un peu de linéarité, ce qu'elle va, c'est certain, corriger avec le temps. Mais ses performances remarquables (surtout sur la ballade ''Universe Unseen'') gomment bien vite les défauts. Elle sera accompagnée sur ''Nemesis'' et ''Erevos Aenaon'' d'une voix masculine extrême, qui se taillera même une place importante, comme dans Design Your Universe d'Epica, par exemple. On y pensera, d'ailleurs, à cet album, pendant les moments où Meden Agan se la joue ''extrême''. Mais il fait du bon extrême, et si le chanteur est moins bon que Mark Jansen, Iliana surclasse techniquement Simone.
Faute de faire original, Meden Agan nous fait de bons morceaux. Les refrains sont de qualité et nous traversons l'album d'un bout à l'autre sans rechigner ni s'ennuyer,même si on décèle une mauvaise plage (''Tribute to Life''), qui bénéficiera même de son inutile version longue (tout comme ''Dissolve Into Grey'' et ''From the Ashes of Sin''. Et je n'ai pas compris l'intérêt du groupe à offrir ces versions rallongées,mais soit, je vais être gentille et ne pas blâmer les grecs). Il yen a même qui se font plus subtils que d'autre. Mon petit coup de coeur, c'est ''Blinded by Faith'', simple mais efficace et agréable. La ballade ''Universe Unseen'' est excellente et brise les clichés,car elle ne se contente pas du classique piano/voix, elle aime mettre beaucoup de guitare par-dessus. Les très Epica-like ''Erevos Aenaon'' et ''Nemesis'' sont bonnes aussi. Il ne manque plus qu'un peu moins de « j'ai déjà entendu ça quelque part » pour faire adhérer pleinement. Vu le potentiel du groupe ce serait dommage d'avoir continuellement un tel sentiment.
Erevos Aenaon passe vite, un peu trop même, et s'il ne laisse pas un souvenir impérissable, l'album s'écoute relativement bien, avec beaucoup de plaisir. J'en suis convaincue, Meden Agan a vraiment toutes les armes pour se faire un nom, surtout avec une chanteuse de cette qualité. Les curieux et les fans de belles voix lyriques se doivent donc d'aller faire un tour sur ce qu'ils trouveront être une belle découverte, car dans le metal symphonique, ces temps-ci, il est dur d'en faire de belles. Mettons en garde nos amis de Grèce : il va falloir que la durée de vie de l'album futur soit un peu plus longue, et ce en développant encore les qualités, sans se reposer uniquement sur le talent de la chanteuse. Et trouver une vraie identité. La route sera peut-être longue, mais le succès est à son bout. Courage !