CHRONIQUE PAR ...
Kroboy
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12.5/20
LINE UP
-Joel Grind
(chant + guitare)
-Phil Zeller
(basse)
-Nick Bellmore
(batterie)
TRACKLIST
1)Judgment Awaits You
2)Agony Of The Damned
3)Bitch
4)Red Winter
5)Nowhere To Run
6)I Am Disease
7)In The Depths (Of Your Mind)
8)The Liars Are Burning
9)Revelations
10)Sound The Charge
DISCOGRAPHIE
Après 3 ans de silence, voici le grand retour de Joel Grind, aka le Rémy Bricka du thrash metal ! Encore que, avec les années, ce surnom colle de moins en moins à la réalité : après plusieurs années en tant que one man band, avec deux albums à la clé, Grind avait fait appel à un batteur sur An Overdose Of Death..., se gardant tout de même les parties de basse en plus du chant et de la guitare ; cette fois, Grind a franchi le pas et Toxic Holocaust est désormais un vrai groupe. Un pas de plus vers la normalisation ?
Même lorsque l'on regarde la liste des morceaux, on se dit que Toxic Holocaust se rapproche de plus en plus d'un groupe « classique ». Bien sûr, j'exagère un peu : Conjure And Command est une fois de plus très court (32 minutes pour 10 titres), mais par rapport aux trois premiers albums, il n'en demeure pas moins celui qui affiche la durée moyenne par morceau la plus élevée. Seul l'opener "Judgment Awaits You" s'inscrit dans la tradition (révolue ?) des roquettes de moins de 2 minutes au compteur ; pour le reste, tous les titres flirtent ou dépassent légèrement les 3 minutes. Et pour la première fois, on retrouve sur le même album deux morceaux de plus de 4 minutes, en l'occurrence "Agony Of The Damned" et "I Am Disease" (et on était à deux doigts de rajouter "Nowhere To Run" à cette liste). Incroyable, non ?
Hasard ou une conséquence de la mutation de ce projet en véritable groupe, Joel Grind a aussi partiellement modifié sa façon de composer. Auparavant, un album de Toxic Holocaust, c'était assez simple à résumer : à fond à fond à fond pendant une demi-heure, rien que du thrash direct et sans concessions, avec de très légères touches punk ou grind. Cette fois, on a droit à un peu plus de variété : un titre à la Motörhead (où plutôt à la Sodom qui s'inspire de Motörhead) avec "Bitch", et surtout pas mal de passages heavy. Souvent des intros ou de simples passages pour aérer les compos, mais parfois des titres entiers : "The Liars Are Burning", qui nous montre ce qu'aurait donné le Judas Priest old school s'il avait décidé de groover un peu, ou le plombé "I Am Disease", un titre aux confins du doom qui rappelle Celtic Frost.
Ceci dit, Toxic Holocaust n'a pas non plus complètement tourné le dos à son passé. Joel Grind est toujours capable d'envoyer la purée avec une sauvagerie incroyable. Rarement un groupe aura approché d'aussi près l'intensité du Slayer de la grande époque. Cela paraît presque insensé de dire ça, mais un titre comme "Judgment Awaits You" n'a pas grand-chose à envier à la plupart des compos de Reign In Blood. Cela fait pourtant des années que Toxic Holocaust s'inscrit dans la lignée de Slayer, mais jamais il n'avait sonné de façon si convaincante. Un peu plus loin, "In The Depths (Of Your Mind)" et "Revelations" confirment la filiation, de même que "Red Winter" dans un registre plus lent à la "Mandatory Suicide", mais on revient au niveau de Hell On Earth ou An Overdose Of Death… : celui de très bon suiveur, mais guère plus.
Jusqu'ici, Toxic Holocaust était toujours resté enfermé dans son schéma de composition étriqué, qui fait qu'au bout de 10 minutes (le temps de s'envoyer 4 fois la même chanson), on avait envie de passer à autre chose. Cette fois-ci, les Ricains ont insufflé un peu de variété fort bienvenue, qui leur a redonné pas mal de souffle et leur a permis de sortir un album pas forcément génial, mais solide de bout en bout. Si vous avez 30 minutes à tuer et que vous avez envie de refaire le plein d'énergie, laissez tomber les Frosties et rabattez-vous plutôt sur Conjure And Command, vous ne le regretterez pas.