CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Lesley Knife
(chant)
-Aleksandr Ourakov
(guitare)
-Youri Sivtsov
(basse)
-Dmitri Ovtchinnikov
(claviers)
-Vladislav Saltsevitch
(batterie)
TRACKLIST
1)Reign of Silence
2)When Life Ends
3)Inis Afalon
4)Till Death Do Us Part
5)The Eerie
6)Beyond Praying
DISCOGRAPHIE
Gods Tower est un groupe de pagan doom/folk biélorusse. Voilà, maintenant que la majorité bien-pensante a fermé cette page en poussant un petit gloussement narquois, nous pouvons rester tranquillement entre amateurs de bizarreries exotiques. Continuons. Une idée reçue couramment répandue affirme que les groupes de metal des pays de l'est n'ont jamais été capables de faire autre chose que copier maladroitement la musique de leurs collègues occidentaux, sans y apporter de réelle originalité. Même si ce jugement est en grande partie justifié, Gods Tower fait partie des exceptions qui confirment la règle.
Si de nos jours le doom/folk s'était développé en un véritable courant au lieu de se limiter à quelques groupes épars, nul doute que The Eerie en serait l'une des pierres angulaires. Enregistré en 1993 en tant que première démo, puis réenregistré en 1997 pour devenir un véritable album, il tord le cou à une opinion commune selon laquelle le metal folk est forcément quelque chose de festif et guilleret, et donc a fortiori incompatible avec le doom. Mais la musique traditionnelle slave, par son aspect souvent très mélancolique, s'est trouvée fort adaptée au mélange pratiqué par le groupe.
Plus qu'un mélange, c'est ici une véritable fusion, car Gods Tower ne se limite pas à un du metal métissé avec quelques mélodies au pipeau, ou a un folk mâtiné de grosses guitares. Tous les riffs du maussade "Reign Of Silence" ont à la fois cette gravité caractéristique du doom, tout en incorporant invariablement les harmonies et rythmiques traditionnelles qui les rendent si uniques. The Eerie incorpore avec succès plusieurs autres éléments : l'intro à la guitare classique de "Till Death Do Us Part" et son couplet très calme soutenu uniquement par une orgue funéraire, ou encore les violons dans un esprit très "musique contemporaine" en outro du morceau éponyme. En revanche, quand le groupe s'éloigne de cette voie originale et opte pour des riffs plus stéréotypés sur "When Life Ends", le résultat est assez lassant, surtout compte tenu des transitions assez grossières.
The Eerie est loin d'être irréprochable, il est à l'image de cette idole païenne représentée sur la pochette : atypique et plein d'instinct, mais taillé un peu grossièrement dans un matériau pas très noble. Pour une production venant des pays de l'est, le son est plus que correct, seyant au style, dense à souhait et mettant correctement en valeur les différents instruments. Le seul élément qui risque de rebuter l'auditeur est le style vocal de Lesley Knife : pas vraiment un growl, mais presque un hurlement dans un registre à la limite du thrash la plupart du temps, et quand il s'adonne au chant clair, ses vocalises oscillent entre le passable ("The Eerie") et l'agaçant ("Beyond Praying").
Ces quelques défauts ne devraient toutefois pas dissuader ceux qui apprécient les OVNI metalliques de se laisser tenter par un petit voyage dans les steppes biélorusses. Ils n'y trouveront peut-être pas la grâce d'un groupe comme Lumsk, mais auront cependant un disque construisant un univers à part, et démontrant que les laissés pour compte du metal peuvent aussi produire des disques en avance sur leur temps, voire hors du temps.