Attention chronique polémique, car groupe éminemment polémique, du moins si j’en crois tout ce que je lis et les discussions que j’ai pu avoir, dans les cercles métalleux parisiens. Betraying The Martyrs, médiatisés avant d’avoir sortir quoi que ce soit, annoncés comme la next big thing du métal d’ici, a déjà pas mal défrayé la chronique. Après un EP en demi teinte, les Parisiens sortent enfin leur premier album. Tentons d’en analyser la substance sans faire de focus sur le côté passablement énervant des bonhommes (ultras lookés, marketés à mort, cf leur myspace, et leur discours positive-attitude christian métal un peu assommant).
« Positive Metal From The City Of Love ». Put*** de merde. C’est sur ces mots, disons-le clichesques à crever et tout sauf métal, que vous serez accueillis sur la page myspace de BTM. Désolé mais ça pose tout de même son gros plan marketing d’un groupe qui vise clairement la scène US/anglo-saxonne, beaucoup plus encline à liker du deathcore un peu lisse à fond (puisque le genre est né et foisonne dans la première, et cartonne au moins autant dans la seconde), plutôt que les plus traditionnelles et sans doute plus exigeantes (ou moins ouvertes et tolérantes, ça dépend de quel point de vue on se place) scènes françaises, scandinaves ou allemandes. Mais bon, j’ai promis de ne parler que du son, et j’ai déjà rompu ma promesse. En même temps pardon, mais tout ce décorum prête un peu à rire tant on sent que les mecs crèveraient d’envie d’être des Américains. Mais passons, donc, et voyons si ce Breathe In Life peut trouver grâce à nos yeux de métalleux averti. Si vous lisez un peu mes papiers, vous savez que les voix claires ne me dérangent pas forcément, et que le côté mainstream d'un groupe n'engendre pas systématiquement, chez moi, la grosse vindicte synonyme de coup de gueule. Seulement, chez BTM, « on pousse le bouchon un peu loin, Maurice ». La faute à Victor Guillet, qui s'il est indéniablement un très bon claviériste qui apporte énormément d'ampleur et de lyrisme aux compos de son groupe (si si), a tout de même une sacrée tendance à se laisser aller à la ligne de chant bien émo qui dégouline de rimmel et d'émotion juvénile. On préfère quand il gueule un peu, même si c'est assez rare.
Cette fameuse voix pomme de discorde marche pas mal sur ''Martyrs'' car le morceau, soyons honnêtes, tue (même si on sent sur le final que les mecs ont beaucoup écouté Within The Ruins), voire sur ''Man Made Disaster'' (sauf l'intro, et heureusement que le reste est très bon), mais quand il dégomme un refrain black métal racé en posant dessus une ligne de chant digne de Simple Plan, ça fait un peu mal (''Because of You'', bon morceau au demeurant). Cependant, si on fait un peu abstraction de ce chant clair qui en rendra plus d'un taré (désolé, mais sur l'affreux ''Azalée'' ou même ''Life Is Precious'' dans une moindre mesure, c'est juste pas possible les gars) et du côté marketé du groupe, il faut reconnaître qu'il y a tout de même du putain de talent. Et oui. Indéniablement, BTM a sévèrement progressé depuis son EP, et propose un melting pot multi-influences de deathcore souvent efficace, et parfois même très bon (''Martyrs'' donc, ou ''Tapestry of Me''). Plusieurs éléments font la différence et permettent au groupe de surnager de la masse infâme de groupes clonés de la scène deathcore US. Premier bon point, ces types sont de sacrés mixers : du black, du death, du djent parfois, du néo même par instants, voire de l'électro dubstep (le très réussi interlude ''Liberate Me Ex Inferis''), et du hardcore évidemment, Breathe In Life tape un peu à tous les étages, maintient un niveau de bourrinage assez constant et ça marche plutôt bien, l'album étant finalement très varié tout en restant cohérent.
Cohérent donc, grâce au deuxième bon point du groupe : la touche d'identité qui va bien. Elle est là, indéniablement, grâce au travail effectué sur les claviers, les samples et les ambiances des morceaux, qui donnent un lustre parfois gothique ou néo-classique au compos, mais le plus souvent c'est bien dans le black sympho d'un Dimmu ou d'un Cradle que les BTM vont chercher le dénominateur commun à quasi tous leurs morceaux. Pas joli joli pour un groupe qui se veut « positive and from the city of love » ! Mais bon, encore une fois ça marche plutôt bien, donc bravo, au moins on parvient à les distinguer des autres,alors qu'entre les derniers Oceano, Acacia Strain, Whitechapel ou encore Carnifex (et j'en passe, je vous cite les plus connus mais chez les seconds couteaux c'est-la-même), c'est juste mission impossible. C'est dommage que ce soit d'ailleurs à ces types que BTM aie l'air d'avoir tellement envie de ressembler (à eux, et encore plus à Bring Me The Horizon, vlan). Enfin passons, une fois de plus. Ajoutez à ça une production en béton armé (boum, merci Steph' Buriez), et vous obtenez ben...ce qui est finalement une assez bonne surprise tant je m'attendais au pire.
Vous l'aurez compris, si vous êtes encore djeuns, un peu branchouilles et ouvert d'esprit dans votre tête (les deux ne se contredisent pas fatalement), que le côté mainstream de ce groupe (les voix claires « plus émo tu crèves ») ne vous dérange pas et que vous êtes capable de faire abstraction de leur côté « on est des gentils en dedans et des gros méchants en dehors » (désolé mais y a que chez Gojira que je ne trouve pas ça éminemment ridicule), alors oui, contre toute attente, vous risquez fort d'apprécier ce Breathe In Life, qui possède d'indubitables atouts pour séduire en masse. Si vous êtres un TrVe, un vrai puriste, vous allez haïr ce groupe et tout ce qu'il représente, tant il incarne le véritable envahissement de la scène french métal de groupes qui pensent et respirent deathcore US. Espérons tout de même qu'ils ne seront pas trop nombreux à leur emboiter le pas.