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CHRONIQUE PAR ...

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Cedric
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16.5/20

LINE UP

-Niko Bastide
(chant)

-Alexandre Berenguer
(guitare)

-Laurent Bringer
(guitare)

-Jérémie Ruiz
(basse)

-Olivier Lolmède
(batterie)

TRACKLIST

1)Caput Mortuum Ocean
2)Grey Sailor
3)Black Queen
4)
Ivory Lighthouse
5)Blue Keel
6)Silver Hand
7)Purple Ride
8)Red Ballet
9)Electric Seat
10)Golden Adieu
11)Muddy Smoke
12)
Azurite Constellation

DISCOGRAPHIE


Drawers - All Is One
(2011) - stoner stoner sludge étouffant - Label : Slow Burn Records



Je déteste la phrase "la scène metal française va bien". A quoi ça rime ? A-t-on déjà entendu dire "la restauration rapide se porte bien" à la sortie d’un nouvel hamburger Mc Do’ ? Ou "l’industrie des baskets se transcende" pour les derniers modèles Nike ? "L’agriculture c’est d’la balle" pour le Beaujolais Nouveau ? Non. Ca n’a aucun intérêt. Vraiment. Comme cette intro, que je vais m’empresser de terminer, pour vous présenter le premier album du groupe Toulousain Drawers qui, ma foi, se porte comme un charme.

Au moment d’écrire ces lignes, je me fais la remarque que All Is One, produit par Laurent, un des deux guitaristes du groupe, est un album "coups de batte dans ta gueule, attaché au fauteuil". Un de ceux où l’on est fier d’arriver au terme sain et sauf, fier d’avoir traversé les morceaux comme autant d’embuches, d’être resté sur le ring face à un Tyson remonté et d’avoir tenu les douze rounds, fier d’avoir sauvé la princesse sans se faire avoir par les mâchoires en acier, les piques aux fonds des trous, les gardes en turban, et ce malgré la maniabilité de ce con de Prince de Perse avoisinant la température annale de la grenouille. Bref, All Is One, c’est un album à la Lethal Dose of Americain Hatred, dans un genre différent. Arrivé à la fin du douzième titre, vous vous sentirez à la fois léger, esquinté et terriblement las. Revenons donc sur cette galette de polycarbonate à l’ambiance poisseuse comme de la mélasse et joyeuse comme un clown mort.

La première minute de "Caput Mortuum Ocean" peut être vécue comme une présentation. Bonjour, nous sommes Drawers. Voici Laurent et Alexandre, les deux guitaristes qui distribuent quelques larsens dissonants, plongés dans un accordage bas et opaque. Là, c’est Jérémie à la quatre cordes, avec un son rondouillard et crunchy qui occupe dans le spectre une place importante. Ici c’est Olivier, petit frère de Brann Dailor de Mastodon, époque Remission. A 1’00 pile poile, la dernière silhouette se révèle : Niko possède un organe grincheux qui distille un growl rugueux et agressif. Voilà, les présentations sont faites. Le midtempo façon marteau-pilon peut attaquer, le refrain arrive vite, la mélodie est sombre, le propos obscur, le pont en twin claque, posant une atmosphère lourde et étouffante. La reprise du motif et son bend tremblant, à la fin du morceau, est un véritable uppercut. Le ton est donné, Drawers pratique un stoner/doom écrasant axé sur le rythme.

L’intro de "Grey Sailor" a beau brouiller le jeu, plus légère, presque rock n’ roll, le titre qu’elle annonce reste dans la veine, accélération puis lourdeur à casser des cervicales par kilos. Le pont en basse/batterie/chant fait sourire tant il est bien amené. Le morceau se termine sur une mélodie étrange portée par une rythmique lente et pesante. Un larsen (encore !) plus loin et déboule "Black Queen", un des morceaux les plus excitants de l’album, porté par un motif en lead à la Greg Mackintosh, un refrain craché, et une dernière minute lancée dans l’urgence. Une sacrée réussite. Le trio de tête s’enchaine magnifiquement et le placement de "Ivory Lighthouse", longue pièce avoisinant les sept minutes, est à la fois l’opportunité de respirer un peu et une vraie cassure. Un peu moins bien ficelée, malgré ses très bons riffs qui n’auraient pas dépareillés sur un album de Down et sa partie centrale en mode "crooner", pourtant crédible, elle peine à décoller. Tant pis, une petite instrumentale, tout en légèreté, ouvre le bal sur le morceau dur de All Is One.

Quatre titres moins "mélodiques", plus rentre-dedans, s’enchainent et témoignent d’un sacré melting pot au niveau des influences. De la lead bien pensée, des patterns de batterie originaux, toujours ce son de basse vrombissant et cette voix puissante. L’auditeur plongé dans l’écoute assidue sera surpris par ce solo, le seul de l’album, échoué au milieu de "Purple Ride", annoncé par une partie chantée dégueulant sur un hurlement humide. Lâchée avec un doigté tout en finesse, cette incartade hard rock est un coup de pied au cul juste très bien réussie. Le début de "Golden Adieu" est intimiste, le chant est toujours aussi hallucinant, entre fureur et désespoir, le rythme semble ralentir, s’arrêter, repartir, les larsens, véritable gimmick du groupe, ponctuent le morceau et les six minutes ( !) passent comme une seule. "Muddy Smoke", est une belle réussite, ambiance mélancolique, ici encore intimiste, pour achever l’histoire sur une note sombre, permettant à Niko de moduler un poil plus sa voix, laissant entrevoir ses capacités en chant clair. Avis de tempête, ce morceau s’achève sur du riffage malsain comme on en voudrait plus souvent.

Le voyage avec les Toulousain se termine là. L’instrumentale "Azurite Constellation" achève ce que "Muddy Smoke" avait entrepris : de l’ambiance sale, angoissante, une musique de fin du monde, d’avènement du Mal, All Is One se clôt de manière originale, restant cohérent avec son propos. Cinquante minutes. Douze titres, une moyenne de cinq minutes par morceaux. Pour le genre pratiqué par le groupe, ça fait des pavés assez lourds à digérer. Certains passages auraient gagné à être raccourcis ("Ivory Lightouse" en tête, qui reste l’élément faible au regard du reste), un peu plus de modulation au niveau du chant permettrait également d’alléger la recette. Pour autant, malgré ces défauts, de nombreuses petites choses donnent du relief aux histoires racontées par le groupe, à commencer par la production. Réalisée par Laurent, elle est en béton armé et met en valeur la section rythmique porté par un batteur caméléon et un bassiste crunchy. Le choix de ne pas superposer les couches de guitares et de chant donne un cachet authentique aux morceaux, le tout sent la sueur et l’honnêteté.

Bon, vous l’aurez compris : j’ai beaucoup apprécié l’album. All Is One possède ses défauts, quelques longueurs, absence de soli pour alléger la charge, modulation du chant quasi-absente, propos opaque. Il reste une belle collection de riffs de tueurs, une maitrise de placement vocal impeccable, une production solide et l’exploitation de tous les musiciens. Sans l’étiquette « premier album », on pourrait se poser des questions. Perfectible, oui. Dans le haut du panier, très clairement.


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