CHRONIQUE PAR ...
Pietro
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Pelle «Hornper» Åhman
(chant)
-Niklas Lindström
(guitare)
-Henrik Palm
(guitare)
-Gottfrid Åhman
(basse)
-Uno Bruniusson
(batterie)
TRACKLIST
1)The World The Flesh The Devil
2)We Were Never Here
3)Serpents Are Rising
4)Poisoned, Blessed And Burned
5)Demons
6)To Her Darkness
7)Dance Of The Adversary
8)On Burning Paths
DISCOGRAPHIE
Régulièrement, un vieux groupe surgit du passé et passe en quelque temps du statut de vieillerie réservée à quelques nostalgiques sur le retour à celui beaucoup plus enviable de groupe culte soudain respecté de tous et à l’influence fondamentalement assumée et même revendiquée par une nouvelle génération. Récemment ce traitement de faveur est réservé aux Danois de Mercyful Fate, dont on retrouve la patte plus ou moins présente chez Ghost, les revenants de Hell, ou encore The Devil’s Blood… et bien sur chez In Solitude (sinon cette intro n’aurait que très peu d’intérêt).
Le combo suédois ne se cache pas le moins du monde de cette influence (de très bon gout, soit dit en passant) sur The World.The Flesh.The Devil., deuxième album qui succède à l’éponyme de 2008. Le heavy metal de tradition que pratique le combo d’Uppsala se pare en effet des plus beaux atours qui ont fait (et font encore) toute la personnalité et le charme à la fois inquiétant et légèrement suranné de la musique du Destin Miséricordieux, un peu comme lorsqu’on regarde un vieux film d’horreur de la Hammer avec Sir Christopher Lee dans le rôle du comte Dracula. Les éléments si caractéristiques du Fate sont bien présents : les compos sont la plupart du temps longues et tortueuses, l’ambiance est pour le moins occulte et ésotérique, pour ne pas dire franchement satanique, les guitares sont présentes, mélodiques et peu avares de soli. Même la production reste fidèle aux canons des années 80. Quant au chant, même si Hornper n’atteint jamais les hauteurs sous plafond vertigineuses de King Diamond (qui sont de toute manières inaccessibles pour un être humain normalement constitué), le vocaliste restitue à merveille toute la théâtralité du Roi Diamant, lui qui en fait des caisses et n’hésite pas à multiplier les registres afin de rendre son interprétation la plus dramatique possible.
Rajoutons à cela des passages instrumentaux aux guitares mélodiques que n’aurait pas reniées un Iron Maiden des débuts, afin d’ancrer encore un peu plus les Suédois dans une tradition du heavy metal d’époque, comme on en faisait au milieu des années 80. Alors In Solitude, hommage sincère ou simple plagiat ? Car c’est bien cette question qui vient à l’esprit à l’écoute de l’album. Comme souvent la différence de jugement se fera en fonction de la qualité des compos. Comme on pouvait s’y attendre, celles-ci ne sont pas particulièrement accrocheuses et directes, influence Mercyful Fate oblige. Pas de refrain à chanter en chœur sous la douche ou de mélodie simpliste à hurler une bière à la main. Non, ici tout est question d’ambiance et d’attitude, et à ce niveau là on est bien servi, on s’y croirait ! Seul le morceau "Serpents Are Rising" déroge à cette règle et semble avoir été pensé comme un single, ou en tout cas pour être le titre facile du disque. Mais plus on avance dans l’album, plus les titres se font longs et complexes, tortueux et sinueux. A tel point qu’on a parfois l’impression que le groupe en fait un peu trop et finit par se perdre lui-même et à perdre son auditeur : "Dance Of The Adversary" et son long passage instrumental psychédélique, ou encore le titre final "On Burning Paths" qui débute par des tagada tagada très Maideniens avant de s’étaler sur presque un quart d’heure.
Si le pari de In Solitude était de ressusciter l’esprit de la musique de Mercyful Fate, celui-ci est totalement réussi tant on se croit parfois replonger au cœur des chefs d’œuvres que sont Melissa ou Don’t Break The Oath. Bien entendu l’originalité n’est pas un critère pertinent pour juger un tel album, mais les suédois feraient bien de recentrer un peu leur musique qui donne parfois l’impression de tourner dans le vide.