Chroniquer trop d'étrons métal-émo(-rroïdo)-core, ça rend con. Et quand on est con, on fait des conneries. On mé-juge un groupe à la tête de ses musiciens, au genre pratiqué, au nom à consonance hype qu'on retrouve partout dans le genre, bref on fait de la merde. J'ai fait ça avec les Texas In July. J'ai fait ça et puis j'ai bien, bien écouté leur dernier album en date. J'ai fait ça et puis j'ai bien, bien vite fermé ma gu**le du coup. Texas In July, c'est du lourd t'entends ? La frange encore un minimum classieuse et pas trop survendue de la scène US. La trempe des August Burns Red, This Or The Apocalypse ou Parkway Drive. La trempe des rares bons quoi.
Et pourtant mais DIEU QU'ILS ONT L'AIR EMO ! Sans mentir, le fait qu'il n'y ait absolument PAS de voix claire gay friendly sur cet album, comme il y en a pourtant dans la quasi totalité des groupes soit disant metalcore de la scène US qui marche bien (Asking Alexandria et autres We Came As Romans en tête) a été une surprise énorme pour votre serviteur désabusé, tant il s'attendait à la voir surgir à tout moment, insipide, digne d'Alesana, plaintive, massacrant l'opener jusque ici énormissime ("Magnolia", une fabuleuse tuerie ce truc), ou encore l'excellent "1000 Lies" et son magnifique solo (vraiment, ce pont à mi-morceau déchire tout). Mais non ! Non non, ah ah, bénis soient ces mecs : ça tombe bien, ils font partie de la fameuse scène christiancore, qui quoi qu'on en dise charrie quand même un paquet de groupes de tueurs, du genre de Zao (non, pas celle de"C'est chelou"), de The Chariot, de Norma Jean, etc. Plus sérieusement, quel bonheur, quel miracle, car même sur LE gros single de l'album ("No Greater Love", hyper classieux au demeurant), tout juste quelques spoken lyrics pas désagréables. Le reste du temps, Alex Good (rien à voir avec le trublion pas drôle de M6, thank god) gueule, gueule et regueule à la façon de Jake Luhrs d'August Burns Red. Enfin si on veut être tout à fait honnête, c'est plutôt absolument toute la musique du combo d'Ephrata qui est "à la August Burns Red", sans hésitation la plus grosse influence de Texas In July sur cet album. Metalcore classieux donc, inspiré, hyper mélodique et technique, vif mais manquant assez sévèrement de puissance, et surtout très, très scolaire. Les breaks core répondent aux couplets thrash mélodeath survitaminés aux riffs proprement injouables ("1000 Lies", "Dreamer"), des refrains très lyriques mais jamais émo viennent entrecouper tout ça et les soli se radinent à l'occasion, toujours avec ce sens certain de la mélodie ciselée, qu'on sent d'ailleurs dès l'intro ("Introduction", jolie montée) qui touche là où il faut le gros cœur tout dur du métalleux pour le faire fondre, et kiffer.
Ça peut typiquement être le genre de groupe à recommander pour une entrée en matière de qualité dans le genre, tant les Ricains maitrisent à la perfection leur style. Cohérence, qualité de composition au dessus de la moyenne (surtout chez la paire de gratteux, assez scandaleusement bien dotée techniquement parlant), compos épiques ("One Reality", "Dying World"), courtes, pêchues, du très beau boulot quoi. On peut être plus sceptique sur la prod', excessivement aseptisée (à la ABR quoi...) et où les basses ont un peu foutu le camp en vacances, mais il est clair que ce groupe axe tout son propos sur la virtuosité des riffs et le côté très mélodique et vif de l'ensemble, au détriment de la lourdeur et de la puissance (c'est pas du deathcore quoi). C'est un choix de prod' clairement assumé et mis au service des atouts du combo, et ça marche plutôt bien. Mais l'essentiel n'est pas là. Ce qui est intéressant avec ce groupe (et avec les quelques précités en intro), c'est qu'il arrive à démontrer qu'on peut tout à fait jouer de la musique pleine de beauté, relativement ouverte et mainstream, tout en conservant un esprit résolument nerveux et metal (pas de voix claires, des tempi assez élevés la plupart du temps, entre thrash, death et hardcore mélo). Nul besoin de foutre absolument partout d'ignobles voix claires dignes de Escape The Fate ou des samples électro dans tous les coins pour être accessible, il est possible (même si c'est beaucoup plus difficile et que seuls les bons y arrivent, du coup) d'y arriver en jouant du putain de metal (très mélo, certes).
Ah. J'avais oublié de préciser que les mecs ont genre 22 ans de moyenne d'âge. Oui, le talent oui. Sans doute la dernière occasion de profiter de celui-ci d'ailleurs, vu que comme cet album va sans doute cartonner tout en restant encore metal, le prochain sera sans doute résolument plus mainstream et blindé de voix claires crypto-gay (jurisprudences Architects, After The Burial et maintes autres). Seigneur, toi et moi on n'est pas vraiment potes, mais sois cool, fais que tes ouailles me fassent mentir, on veut encore plus de cette belle came ! Une réussite, clairement.