CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
9/20
LINE UP
-Mike Hill
(chant+guitare)
-Dominic Seita
(basse)
-Justin Ennis
(batterie)
TRACKLIST
1)Black Hole of Summer
2)To Cross the Land
3)Constellations
4)Bloodletters
5)Path of Totality
6)Vermillion
7)Passageways
8)Silent World
9)Cold Dark Eyes
10)Black Heaven
11)Red Shadows
12)Angel of Destruction
DISCOGRAPHIE
Dans la rubrique « ça arrive même aux meilleurs » : vous vous étiez couché de bonne heure et sans une goutte d’alcool, et malgré tout, ce matin-là, vous vous réveillez la gueule en vrac, avec l’impression d’être enfoncé au plus profond de votre matelas. Le hic, c’est que vous ne rappelez absolument pas du rêve pourrissime qui vous a mis dans cet état-là, quand bien même il y a le sentiment d’avoir été arraché d’un truc pas net… sensation désagréable, n’est-ce pas ?
Eh bien réjouissez-vous les loulous ! Tombs a pensé à vous en restituant de leur mieux la bande-son de votre coltard : Path Of Totality, musique engourdie, endolorie, délibérément (?) monotone, qui repose une heure durant sur un unique mode opératoire, à savoir : un duo guitare-basse qui sonne comme une mare de fange, une batterie qui fouette la chair sans demander la permission, et un chant hurlé qui sent la vinasse, la bouche pâteuse du clodo qui en veut à tout et tout le monde. Et dit comme ça, ça semble alléchant, parfaitement propice à toute séance de masochisme auditif à laquelle vous vous adonnez périodiquement, bande de saligauds. Et puis vous aurez remarqué que tout ça se passe chez Relapse, ce qui fait frétiller encore un peu plus votre œil torve et malade. Et quand s’abattra sur vous l’intro orageuse de "Black Hole of Summer", puis les augures inquiétantes de "To Cross the Land", vous vous direz que vous avez trouvé votre compagnon de cauchemar adéquat, idéal pour épicer les longues nuits d’hiver et tremper vos draps…
…oui mais non. Car la torpeur, aussi bien amenée soit-elle, doit quand même bien nous emmener quelque part : ou à la catalepsie totale, ou à une forme de rémission, mais rester entre deux eaux jusqu’à la fin du voyage et nous laisser dedans comme si rien ne s’était passé, c’est très frustrant pour le voyageur immobile que nous sommes. Et c’est ce qui se passe ici : Tombs ne va pas au-delà de son départ en trombe, mais ne change pas non plus de rivage. Il ne tente pas le grand saut formel, ne propose pas de longue pièce nauséeuse, d’envolées surréalistes ou même des aires de repos : il se contente d’enchaîner les morceaux, ici plus heavy, là plus doom, par endroits quasi-goth, mais recyclant encore et toujours cette atmosphère marécageuse dont on aimerait bien voir le bout. Et voilà comment, au bout de 12 titres, on laisse le disque s’achever sans plus y prêter attention, plus tout à fait réveillé, dans un état tourbé qui n’appelle que moyennement à des visites futures.
Mais les fourmis dans les jambes, c’est peut-être votre truc, après tout ? Auquel cas, écoute obligatoire de Path Of Totality, à renouveler autant de fois que vous voulez, sans risque de lassitude puisque de toute façon, vous n’aurez que très peu de souvenirs de la dernière demi-heure de votre traversée. Les moins monomaniaques d’entre vous, en revanche, seront priés d’aller voir ailleurs, à la recherche d’expériences plus diverses ou radicales.