CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Thomas Bertuch
(chant)
-Sebastian Weissgerber
(guitare)
-Maik Badowsky
(guitare)
-Pascal Thiele
(guitare)
-André Möhwald
(basse)
-Tobias Dohle
(batterie)
TRACKLIST
1) The Door to the Unknown
2) Tomorrow Dies Today
3) Frozen Alive
4) The Storm and the Silence
5) Grapes of Wrath
6) Whispering Age
7) Virus
8) Disease
9) Surreal World
10) Where Angels Die
11) The Fog
DISCOGRAPHIE
Le death mélodique est un truc bizarre, une créature hybride qui emprunte rythmique et chant au death traditionnel, mais qui puise au creuset du heavy-metal traditionnel quand il s’agit de créer des mélodies ou de structurer le morceau (ah le sacro-saint tryptique couplet-refrain-break…). Jugé trop commercial par les ayatollahs du death bourrin, trouvé trop bruyant par les fans des musicos permanentés aux pantalons collants à rayures rouges et noires, ce style a pourtant quelques belles réussites à son actif (allez au hasard Tales of the Thousand Lakes), et aussi quelques bonnes plantades (non, pas de noms, c’est pas gentil). Où se situent les jeunes Allemands de Zero Degree avec leur premier album Surreal World ? Du côté des jeunes promesses, sans aucun doute.
Et pourtant, le début fait un peu peur. Après une intro à la Maiden correcte, le premier morceau "Tomorrow Dies Today", plutôt bien fait mais assez convenu, évoque Re-Route to Remain de In Flames et ses refrains en voix claire qui se veulent accrocheurs. Même son de cloche pour la première moitié du morceau suivant : couplet, refrain, couplet, refrain. On pense également à Sentenced époque Amok, mais ça ne nous empêche pas de commencer à bailler un peu. Et puis, tout d’un coup, le groupe commence à faire ce qu’il sait le mieux faire : laisser parler les guitares, et notamment les duos. Ce n’est pas pour rien que Zero Degree a trois guitaristes : les guitares jumelles « made in Maiden » sont la marque de fabrique du groupe, et le moins qu’on puisse dire est qu’ils sont habiles à ce petit jeu. Epaulé par une rythmique accrocheuse, "The Storm and The Silence" nous offre quelques dialogues entre les deux guitares leads franchement bons. Quant au puissant "Virus", ce morceau allie riffs plombés et chorus remarquables (le break est ici une petite merveille).
Tous les morceaux ne sont pas aussi brillants que les deux cités précédemment, mais les instants de torpeur initiaux sont passés, l’ensemble est plus que correct et on se prend à guetter les solos et chœurs de nos orfèvres-guitaristes. La section rythmique n’est pas nulle loin de là, et le groupe sait varier tempos rapides à la In Flames/Dark Tranquility et moments plus lents et lourds. Les refrains ne sont pas toujours très originaux, mais ils ne choquent pas l’oreille des mélomanes métalliques. Les paroles du groupe, axés sur les catastrophes naturelles, pourront peut-être intéresser certain d’entre vous. Mais, il est clair que le principal attrait du groupe reste sa paire de guitares jumelles (qui font par exemple tout le charme de "Whispering Age"). Avec de tels artistes, Zero Degree pourrait même allonger la durée moyenne de ses compositions et les laisser s’exprimer de manière plus ample encore.
Le fait est là : Zero Degree n’a pas encore atteint sa maturité musicale, mais ces musicos ont un bon potentiel. Surreal World est un bon album, alternant moments véritablement lumineux et passages plus standards. Mais avec un peu plus d’audace, en osant s’écarter des structures conventionnelles, en n’hésitant pas à écrire des morceaux longs (ici, ils ne dépassent guère les cinq minutes), nos amis seront certainement capables de composer quelques odes mémorables aux guitares, au dieu métal en général et au dieu Maiden en particulier. Rome ne s’est pas fait en un jour, Tales of the Thousand Lakes n’était pas le premier album d’Amorphis. Bref, tous les espoirs sont permis…