Alors là, mes amis, j’espère que vous êtes prêts à avaler un des trucs les plus brutaux que j’ai pu entendre depuis quelques temps… Là, c’est du lourd, on joue dans la catégorie des groupes hargneux qui font passer les gars de Marduk pour des tapettes. Batteur athlétique, qui rivaliserait en terme de rapidité avec Trym d’Emperor, guitariste soliste/rythmiste assez hallucinant de précision, bassiste qui s’entend (pour une formation de brutal death, c’est déjà pas mal, tout le monde ne s’appelle pas Jeroen Paul Thesseling (Obscura)). Temple, formation néerlandaise, possède un paquet d’atouts en main. Le Petit « au bout » ?
Belle « sleeve » en tout cas, pyramide Maya de nuit, ciel menaçant et nuageux, des tons bleutés inquiétants. Pas de cadavre bouffeurs de chats, c’est sobre et sympa. Personnellement, Temple, je connaissais pas. Ca arrive souvent hein, qu’on doive chroniquer un album d’un obscur groupe d’Albanais trépanés ou de sombres Suédois mangeurs d’enfants. On se renseigne, on cherche un peu, on écoute ce qu’ils ont fait avant, s’ils ont fait quelque chose avant, on découvre et vous restitue le tout… Dans ces cas là, j’ai une manière d’appréhender le truc : j’écoute l’album une fois en shuffle, juste pour tout entendre, puis après plusieurs fois dans l’ordre pour saisir l’ambiance, les enchainements, la logique s’il y en a une. Pour ce Structures In Chaos, j’ai attaqué par le deuxième morceau, "Higher Perfection", et honnêtement, au temps des K7 audio, j’aurais cru que la bande était bousillée. Vous imaginez le truc. Bon, soyons moderne, l’avantage du mp3 étant qu’on n’a pas à y aller avec un tournevis pour récupérer les mètres de bobines, enfin bref, vous voyez le truc…
Ca part sur un déluge de notes dissonantes et après ça cogne. Que dire de tout ça alors ? Commençons par LE morceau de l’album à mon sens. "Higher Perfection" justement. Sombre, ultra violent, une bonne partie mid tempo qui met en valeur la régularité et la précision du batteur. Quelques samples sympa, une montée graduelle du riff à 3’00 juste avant un solo simple mais bien senti pour une reprise très brutale. Parce que donc le propos est BRUTAL. Tous les morceaux bastonnent vitesse grand V, et même si, par exemple, ils nous la jouent intro hispanique sur "The Algol Planet", ne nous y trompons pas. Le pilonnage en règle revient, alternant gros blasts et mid tempo lourd et mélodique. Une grosse particularité quand même concernant le chant. Deux grosses particularités en fait. La première, c’est la voix du sieur A. J. Van Drenth, poussive, presque plus hardcore que vraiment death. A la limite, il peut faire penser à Barney, vous savez, le nounours anti-système de Napalm Death ? Sans les effets de saturation qui caractérise le chant sur les dernières sorties des britanniques hein.
Alors c’est pas foncièrement désagréable, mais c’est surprenant. La seconde particularité, c’est le nombre important d’invités au micro, tous des inconnus pour moi (Marloes (Izegrim), Stephan Gebédi (Hail Of Bullets, Thanatos), Masae Dausend (Debt Of Nature), Sonja Schuringa et Sven van Dijk (Dictated)). Ah oui, y a le bassiste qui gueule pas mal aussi. Et d’ailleurs sur la piste 3, la voix qui reprend à 3’00 aurait pu chanter en permanence tant son growl colle mieux à la musique du groupe que celle de Van Drenth. Après, je vais pas vous la faire en long en large et en travers. Mis à part quelques samples, des corbeaux sur "Among Ravens" (logique), un peu d’orgue sur "Matagatsubi", un batteur réellement impressionnant, qui parvient à caler des roulements toutes les quinze secondes pendant ses parties de blasts, un coup de chant féminin en clair sur "Cover Her In Blood" (logique, hum), il se passe pas grand chose de plus. Ca bourrine, ça recycle les mêmes structures tout le temps, ça fait du solo trashy, ça fait une instrumentale de trois minutes qui fait furieusement penser à la fin de "Blessed Are The Sick/Leading The Rats" de Morbid Angel, dans la structure, et "From Skin To Liquid" de Cannibal Corpse dans la manière de faire sonner les accords…
…Et ça nous la joue hispanique en fade out sur "Multiverse". Bien difficile de retenir quelque chose au final. C’est bien foutu, bien exécuté, bien produit et très nerveux mais ça ne raconte rien, Temple peine à installer une vraie ambiance sur son album. L’intérêt d’enchainer 9 titres d’un brutal death grindé, en tentant de maintenir le 300bpm, je ne le vois pas. A la limite, en 95, on kiffait un Man’s True Nature d’Infernal Torment, mais en 2012, la formule est légèrement passée de mode. Pas original pour un sou. Durée de la galette : 37'53. Durée de vie : 5 écoutes. A tout casser.
NdMoi-Même : entre Eternels on s'aide. « On se la joue hispanique en fade out sur "Multiverse" », bon en fait « c'est c'est une œuvre bien connue des guitaristes classique, le Caprice Arabe de Fransesco Tarrega ». Merci Luci ^^ On appréciera au moins le contraste !