Quoi ? Comment ? Sur Les Eternels, nous n'avons pas fait la chronique du dernier opus du combo néerlandais After Forever ? Comme on dit, faute avouée, à moitié pardonnée … et faute rétablie, ça vous va ? Il faut bien rappeler qu'il s'agira cependant de la dernière offrande de cette formation qui, elle, n'a jamais été reconnue à sa juste valeur, avec des difficultés à remplir les salles tandis que les Epica et Within Temptation s'envolaient vers le succès. Et pourtant, ils ont cet opus, là, cet éponyme, qui est absolument magistral.
Premier élément d'excellence : Floor Jansen. Cette chanteuse assure, et se classe franchement parmi les vocalistes les plus compétentes du metal, hommes et femmes confondus. Quel talent, quand même, avec une puissance qui fait du bien aux cages à miel (ses parties heavy sont jouissives), une versatilité à toute épreuve (d'un lyrique qui prouve sa qualité à une douceur et une sensibilité magnifique), bref, toutes les qualités requises qui prouvent qu'elle est géniale. Et puis, il y a le répondant, celui d'un certain Sander Gommans et de ses growls qui sont très bons, eux aussi, qu'on retrouve sur pléthore de morceaux, de "Discord" à "De-Energized", un titre où le chant death est justement presque majoritaire.
D'ailleurs, question composition, la formation souhaite s'affranchir des conventions habituelles présentes dans le metal symphonique en offrant un panel varié, et bien plus rentre-dedans. Là où Epica y allait vers le progressif, la longueur (et parfois les cassages de gueule, genre sur l'infâme Requiem for the Suicidaire), eux décident qu'il faut privilégier l'efficacité avec le talent, le in your face, le heavy, et ça envoie. On en reçoit plein dans la face, et plus ça va, plus on en redemande, le genre addictif si vous voulez. "Transitory", par exemple, est simple mais efficace, privilégiant la guitare aux pompeuses orchestrations courante dans le style, et le chant de Floor Jansen fait des merveilles.
On ne retrouve aucun morceau faible, en plus de cela. Oui, c'est assez rare pour que ce soit mentionné, mais tout y est bon. De la ballade où Floor nous livre toute la beauté de son timbre quand elle est douce ("Lonely", "Cry With a Smile") aux titres qui misent tout sur des putains de refrain ("Envision", "Energize Me"), toujours portés par cette voix exceptionnelle, on en retrouve pour tous les goûts. On a même le titre long mais qui est bourré d'intérêt ("Dreamfight"), et celui où Doro Pesch vient mettre son grain de sel ("Who I Am"). Et c'est l'un des meilleurs car les deux femmes ont des voix superbement bien accordées, la puissance respective de chacun formant un duo idéal. Allez, la meilleure reste "Who I Am" (et "Dreamfight"), la moins bonne "Empty Memories".
Pas besoin d'en faire un long discours, une écoute suffira déjà à convaincre (ou plus, après tout il n'est pas si simple à assimiler ce After Forever). Bref, la disparition de ce combo excellent a fait perdre un grand nom du metal symphonique, qui avait pourtant bien plus de légitimité que d'autres. Du talent, de la qualité de composition, une production excellente et des guitares puissantes, voilà une recette qui fonctionne bien, à condition que l'inspiration soit là. Et c'était le cas. Pendant que d'autres composent des Serenade of Self-Pétage d'Oreilles, vous, vous nous manquez, After Forever.