Nereids est une toute jeune formation française de metal symphonique qui a notamment été présente à l'édition 2012 du PPM Fest en Belgique. Voilà un bon tremplin pour un petit groupe qui vient juste de livrer un tout premier EP éponyme. Dans un style surchargé comme celui-ci, il faut donc une sacré dose de talent ou d'audace pour arriver à se démarquer, et un premier jet c'est quelque chose qui permet d'évaluer quand même un certain potentiel, généralement (même si la suite de la carrière peut montrer, ou non, l'inverse).
Le groupe n'échappe cependant pas à quelques défauts, et en particulier à une production qui ne rend pas complètement justice à la musique délivrée par le combo. Pour être honnête, le son est largement tolérable, ce n'est pas non plus une tambouille immonde, mais il manque un peu de clarté pour que chaque élément ressorte convenablement, et le chant, lui, est parfois mixé un peu trop en retrait. De plus, nous n'évitons pas de voir certaines influences (comme beaucoup, on pense parfois un peu à Nightwish) mais vu que c'est encore un premier travail pour le groupe, cela peut s'atténuer avec le temps. Enfin, quelques clichés ne sont pas évités, notamment dans certaines parties de chant.
Malgré ces quelques petits défauts, Nereids possède pourtant un charme certain, qui leur confère une sympathique et une attraction insoupçonnable aux premiers abords. Et pourtant, ce que l'on écoute est fort agréable, et le potentiel est bel et bien là ! Et ce que notre groupe français sait bien faire, c'est marier l'aspect philharmonique de leur musique, délivré par le clavier notamment, avec la section metal, pour un résultat qui approcherait presque du metal atmosphérique. C'est le cas sur "The End of Wizardry" ou "Elévation" notamment, qui démontrent quand même qu'ils ont plus d'un tour dans leur sac, et savent nous surprendre. Là où on n'attendait pas forcément pour un premier EP une mixture adroite, le savoir-faire est pourtant indéniable.
Cela passe aussi par des morceaux relativement accrocheurs, et plutôt diversifiés. "The End of Wizardry" s'en tire vraiment très bien, c'est plaisant dès l'introduction, franchement mignon. Leur musique est « adorable ». Ce terme est étonnant, mais pourtant, le charme qu'ils dégagent donne un sentiment d'empathie pour cette formation, et surtout par l'aspect philharmonique si bien exploité, ou un discret violon. On sent un réel souci de bien faire là-dessous, et cette âme dans leur travail est très respectable. Si les refrains ne sont pas les points les plus marquants, on se souviendra surtout des atmosphères, qui, de leur côté, nous régalent. Il est sûr que Nereids sait comment en créer de belles, et surtout prenantes.
Ce n'est pas forcément original, mais cela fait du bien par où ça passe, et dans leur royaume, paraît-il, les rêves sont réels. C'est ce que nous dit Julie, la chanteuse, et avec un tel voyage, on ne demande qu'à la croire. D'ailleurs, la jeune femme chantera même dans la langue de Molière sur "Élévation", un morceau plutôt touchant, pas forcément transcendant, mais rafraîchissant, tandis que "Dark Sky", plus énergique, tranche un peu plus avec le reste. Au niveau vocal, la prestation de la jeune chanteuse est tout à fait correcte. Sa voix n'évite pas quelques petites faussetés de temps à autre, mais rien de bien grave, car ce qu'elle fait est plutôt maîtrisé, surtout dans les tons plus grave, et son timbre est comme la musique : agréable. Ses interventions lyriques sont plutôt bonnes.
Avec ce premier EP éponyme, les Français de Nereids nous démontrent qu'ils ont quelque chose à revendre, et ne sont pas un énième groupe sans prétention, ni intérêt. Encore quelques petits efforts seront à faire (les petits écarts de justesse, la production) pour vraiment pouvoir prétendre à un rang supérieur, mais vu comme ils sont partis, les Nereids ne sont pas destinés à être de seconds couteaux. Une affaire à suivre, en tout cas, qui nous promet du bon.