The Grotesquery -
The Facts and Terrifying Testament Of Mason Hamilton: Tsathoggua Tales
En général, les concepts-albums sont intéressants. On les considère bien, parce qu’ils portent en eux un peu plus que des chansons. Prenez Operation: Mindcrime ou Seventh Son Of The Seventh Son, la portée des morceaux est autre quand on sait qu’ils s’emboitent parfaitement pour former un grand tout. Mais pour nous, pauvres Français, qui ne maîtrisons pas trop la langue de Kilmister, les textes passent souvent à la trappe. Dans le cas d’un concept-album death metal, c’est mieux, déjà que d’habitude on capte pas grand-chose, mais alors là, c’est nawak. Et pourtant…
Et pourtant… Au-delà des mots existent les sentiments, titillés par les ambiances, par les sonorités, les intonations… Et là, il faut reconnaître que The Grotesquery s’en sort pas mal. Musicalement, les riffs vont du basique punk/thrash/death au death technique tout ce qu’il y a de plus moderne. Tout comme la diction du sieur Lee, penchant parfois vers Black Flag, Hatebreed ou Napalm. Mais, entre le double chant (pur death ou plus black), les leads distillés ça et là, les rythmiques à la Death (le groupe) avec ces notes de basses rondelettes et en dehors de la rythmique, les gars arrivent à distiller un metal coloré et pas (trop) linéaire. Ajoutez à ça quelques bruitages rigolos (une infirmière, des rires, des pouêt-pouêts), vous obtenez un album bien fichu qui tient la route. Après, on est d’accord, c’est pas la révolution du genre non plus. Mais mis à part quelques changements de rythmiques faciles, genre sur "Gaze Of Ghatanathao" (on part d’une rythmique mid tempo, puis arrive une accélération mélodique qui accouche sur une reprise du motif lent), ou sur "A Terrifying Testament" (tout ce qu’il y a de classique pour du death avant une reprise mauvaise pour les cervicales), l’album enquille les bons moments sans sourciller.
Si au premier abord, écoute de surface, on n’est pas pénétré par la pertinence du tout, il faut avouer qu’après s’être un peu posé sur l’artwork, sur les paroles, sur l’histoire, on accroche un peu plus à ce qui est une sorte de best-of extrême des familles. Une chose à noter, en bien : plutôt que de se la jouer ultra technique, alors qu’ils pourraient, The Grotesquery joue la carte de l’apparente simplicité. Y compris dans les traditionnelles parties soli de guitare. Il y en a mais on ne tombe jamais dans la démonstration facile, la mélodie reste le maitre mot et il faut avouer que ça marche. A prendre en compte aussi, le pouvoir des leads… Greg Mackintosh (Paradise Lost) l’a compris depuis des années. Ici c’est la même et c’est fou comme quelques notes lancées en parallèles d’une rythmique peuvent changer la perception d’un morceau… Une fois que l’on sait, grosso modo, de quoi on parle, on ne voit plus que des locaux lugubres, infestés de cafards et de vers de terre, des murs mouillés d’une eau noir, et une folie qui pointe, là, dans le cellule d’un Arkham plus glauque que glauque. Ce qui est dingue, c’est qu’au départ, votre serviteur comptait leur foutre un 11 pointé pour rabâchage de déjà-vus. Comme quoi…
En plus d’avoir pondu un album dont le nom, même abrégé, prend deux plombes à écrire (TFATTOMHTT en format cours), The Grotesquery nous offre cette année un album calibré pour les longues soirées Resident Evil. Rien de dingue, pas le truc de l’année, mais pour autant loin des dizaines d’albums composés en mode automatique qui ne proposent rien de neuf. Donc une bonne surprise. Un agréable moment de détente, pour peu qu’on aime le death, le gore et les ambiances à la Lovecraft (cf. le nom des titres !).