CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16.5/20
LINE UP
-Vassilis
(chant)
-Alex "Ad Ventus"
(guitare)
-Stergios
(basse)
-Eli
(batterie)
-Vassilis "Q-Snc"
(claviers)
TRACKLIST
1) Litrosis
2) Insomniac's Lullaby
3) Soulcide
4) Burn the Sun
5) Countless Wounds
6) I Am Death
7) Bloodred Desert Plain
8) In the Grave You Go Alone
9) Bury the Dead
DISCOGRAPHIE
Intituler un album Je Suis La Mort, c’est un peu risqué. Pour peu que l’œuvre ne soit pas très bonne, les vannes peuvent fuser facilement (« Ah oui, ton album est surtout mortellement chiant », etc.). Le premier opus des Grecs de Litrosis ne devrait heureusement pas être motif de raillerie tant leur black metal heavy/symphonique speedé est impactant. Ces jeunes musicos ont voulu faire coexister dans un même album leur amour pour le black ou black thrash assez typique de leur pays (Necromantia, Rotting Christ,…), leur passion pour le shred et le heavy (au point de composer une ballade, oui, une ballade !), et leur goût pour les arrangements gothico-symphoniques, le tout à 200 km/h. Le résultat est une œuvre globalement bouillonnante, bourrée d’idées originales et de bons moments, et malgré tout, encore perfectible.
Sans être aussi hors-norme que leurs compatriotes de Transcending Bizarre?, Litrosis s’avère être néanmoins relativement iconoclaste dans leur approche du black metal symphonique, et ce pour diverses raisons. Une fois passée l’intro de rigueur (au fort côté In Slaughter Natives) et les premiers accords de "Insomniac’s Lullaby", assez conformes aux normes du black symphonique, on se rend vite compte que Litrosis ne va pas suivre les chemins déjà tracés : d’une part, la multiplication des solos de guitares qui shreddent à tout-va est une constante de l’opus. D’autre part, il faut parler un peu de la production, qui ne met non pas les arrangements mélodiques en avant, mais bien la section rythmique. Le groupe semble avoir un petit faible pour la basse, omniprésente tout au long de l’album, presque autant que sur un album de leurs compatriotes de Necromantia. Du coup, ça castagne sec sur presque tous les titres, et la musique obtenue est plus crue et beaucoup moins ampoulée (prétentieuse ?) que ce que peuvent ou ont pu offrir Cradle of Filth ou Moonspell, par exemple.
Litrosis est au sommet de son art sur des chansons comme "Soulcide" (et son intro « accoustique + double grosse caisse » assez similaire à ce qu’a fait Katatonia sur "Tomb of Insomnia" ou "Funeral Wedding"), "Burn The Sun" au refrain à la limite du métal gothique, ou l’ultra-rapide "Countless Wounds", dont les passages black/thrash évoquent Dawn of the Iconoclast de Rotting Christ. On accordera également une mention « bien » à la ballade de l’album, qui démontre que ce groupe ne raisonne pas dans les termes ridicules de « false vs true », mais bien en fonction de ses goûts. Il ne s’agit pas de la meilleure metal ballad jamais écrite, mais "In The Grave You Go Alone" aurait tout à fait sa place sur un album de heavy épique des années 80. Les autres titres sont un peu moins inspirés, tout en restant d’un niveau plus qu’acceptable (le solo clair de "I Am Death" est tout aussi remarquable que la fin mélancolique de "Bloodred Desert Plain"). Le seul vrai reproche que l’on peut faire au groupe étant de ne jamais enlever le pied de l’accélérateur. Si leur musique gagne en brutalité, elle perd parfois en puissance, et certains passages auraient gagné à être exprimés en mid-tempo.
Les virtuoses de Litrosis ont pondu un premier album plus qu’encourageant, véritable ode au métal sous sa forme extrême, mais également aux guitares et au bon vieux heavy des familles. I Am Death offre également des ambiances gothiques/ambient assez bien faites (notamment l’outro à la Stoa, et le titre caché qui fait penser à… ben non, je ne peux pas le dire, vu que c’est un titre caché…). On regrettera juste que nos jeunes amis ne sachent pas ralentir la cadence rythme de temps en temps pour laisser respirer l’auditeur et exprimer la plénitude de leur (gros) potentiel. Mais, dans le fond, qu’importe. Apparemment le groupe ne se meut pas par conventions et nous livre une œuvre peut-être imparfaite, mais forte et, surtout, sincère. Aux antipodes des groupes de black symphoniques théâtraux, la musicalité de Litrosis a une forte odeur de sueur et de tripes, ce qui force le respect.