CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
19/20
LINE UP
-Rusty Day
(chant)
-Jim McCarty
(guitare)
-Tim Bogaert
(basse)
-Carmine Appice
(batterie)
TRACKLIST
1)Parchman Farm
2)My Lady From South Of Detroit
3)Bro. Bill
4)You Can't Judge a Book By The Cover
5)Let Me Swim
6)No Need To Worry
7)Oleo
8)Feel So Good
DISCOGRAPHIE
Je vous parle d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Où les bandes magnétiques tournaient à la volée dans le studio sans possibilités de rafistolage numérique. Un temps où les pains restaient sur le solo du guitariste si le reste de la prise avait le mojo. Bref, un temps où bien loin de se prendre la courge à savoir si on devait employer un KDR 23bis ou deux compresseurs 5T « bi-polar », les mecs préféraient poser leurs tripes, leurs couilles et leur sueur sur l'album.
Alors, forcément, si tu cherches un album de blues qui sent bon le savon et les fleurs tu peux passer ton chemin. Mais si tu veux te coller dans les oreilles un morceau de légende qui sent bon le foutre et la sueur, Cactus est fait pour toi. Pour commencer, un grosse louche de groove : Carmine Appice derrière les futs et Tim Bogaert à la basse, excusez du peu. Et comme blues-rock rime avec guitare, collez donc à la six-cordes un des mecs les plus talentueux de tous les temps (mais malheureusement fort méconnu) : Jim McCarty. Histoire de parfaire le tableau un frontman « qui en a » est indispensable : Rusty Day fait la sauce et pas qu'un peu. Mettez tous ces gens fort talentueux dans un endroit qui enregistre avec des instruments et il y a de fortes chances pour qu'il vous sorte un bon album. Voire un truc extraordinaire.
Ce n'est pas gacher le suspense que de dire que l'on est dans le cas de figure numéro 2. Ce Cactus transpire le génie, tant dans les compos que dans l'interprétation de reprises. A commencer par cette version de "Parchman Farm" qui ouvre l'album à toute allure. Guitare extatique, section rythmique qui groove comme si sa vie en dépendait et duo chant / harmonica qui cabotine à mort. Le reste, même si moins globalement moins énervé, est à l'avenant. Ca blues, ca folk, ca psychédélise dans tous les sens avec un petit je-ne-sais-quoi en plus qui file des frissons (ce n'est pas ça que l'on appelle tout simplement la classe ?). "Bro. Bill" déroule son blues tranquille, "Let Me Swin" emballe les chevaux et "Oleo" écrase tout sur son passage (ce solo de basse !). Il n'y a bien que "Lady From" et "No Need to Worry" pour noircir très légérement le tableau (et encore c'est bien pour dire un truc négatif).
En un mot comme en cent, si un jour cet album à la pochette emprunte d'une symbolique peu ambiguë vous tombe entre les mains, n'hésitez pas longtemps avant de mettre la main au porte-monnaie car il serait dommage de laissez filer un morceau de légende. Achetez-le, chérissez-le, écoutez-le, offrez-le aux gens que vous aimez et aussi à ceux que vous n'aimez pas et surtout, surtout, donnez-le à vos enfants !