CHRONIQUE PAR ...
Lord Henry
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Geoff Tate
(chant)
-Michael Wilton
(guitare)
-Mike Stone
(guitare)
-Eddie Jackson
(basse)
-Scott Rockenfield
(batterie)
TRACKLIST
1)Freiheit Overtüre
2)Convict
3)I'm American
4)One Foot in Hell
5)Hostage
6)The Hands
7)Speed of Light
8)Signs Say Go
9)Re-Arrange You
10)The Chase
11)Murderer?
12)Circles
13)If I Could Change It All
14)An Intentional Confrontation
15)A Junkie's Blues
16)Fear City Slide
17)All the Promises
DISCOGRAPHIE
En voilà un qui s'est fait attendre, pas vrai ? Dix-huit ans après Operation: Mindcrime premier du nom, ou comment l'année 1988 aura bouleversé à jamais le petit monde du metal progressif et influencé toute une génération, Queensrÿche réapparaît pour enfoncer le clou qu'il a pourtant longtemps souhaité laisser en l'état, à demi-émergeant. En perte de vitesse depuis quelques années, il fallait bien cela pour remettre les Américains d'aplomb. Le mystère prend fin désormais ; et tous de tourner la tête outre-Atlantique. Un nouveau disque de chevet pour des millions de fans rangés avec conjoint et enfants ? L'aube d'une nouvelle révolution musicale, tout comme dix-huit ans en arrière ? Un bâton de dynamite qui a pris la flotte ? Nikki, avide de vengeance, sort de prison et s'en va vous raconter tout ça...
Bonne idée que d'avoir eu recours à un arrangeur expressément désigné aux effets orchestraux. L'emphatique introduction "Freiheit Ouverture" fait monter la pression et annonce un disque soigné à la perfection... Les sens, de fait, sont en éveil... Mais "I'm American", fort malheureusement, déçoit. La production, parallèlement aux arrangements, donne à la guitare lead un son étrangement vintage, et c'est assez original ; cependant le morceau lui-même n'a pas grand chose pour lui, sorte de "The Needle Lies" au rabais, plus conforme aux dernières parutions du Rÿche que du vrai Mindcrime. Et que dire de "One Foot In Hell", si ce n'est qu'il s'agit probablement de l'une des plus pauvres compositions du groupe ? Nikki n'a pas arrêté la coke, et l'aventure commence bien mal.
C'est seulement alors que le disque, réellement, décolle. Il était temps. "Hostage" renoue en effet avec les traditions, la basse d'Eddie Jackson retrouve sa patate légendaire, et l'on retrouve enfin la richesse mélodique de Geoff Tate et de ses compères. Chris DeGarmo manque à l'appel, mais Mike Stone assure honorablement à sa place, même si cela se paie au prix d'une irrégularité certaine en terme de composition. Du très bon sur Mindcrime part II, il y en a certes : ainsi "The Chase", où gros riffs et orchestrations soutiennent un dialogue admirablement agencé entre Geoff Tate et le guest de luxe Ronnie James Dio. Un excellent solo conclut ce morceau, remontant en flèche la moyenne de la galette en son milieu. "If I Could Change It All" a beau être une ballade plutôt simple, le duo Tate / Moore fait toujours des merveilles (souvenez-vous de "Suite Sister Mary"...), la mélodie prend aux tripes, et les splendides choeurs d'opéra font une royale transition vers les puissants riffs de "An Intentional Confrontation". Mais il y a du franchement passable aussi, comme ce douloureux début d'album, le bien peu inspiré "Speed Of Light" - est-ce un hommage revendiqué au "Kashmir" de Led Zeppelin, ou bien en est-ce un pur et simple rip-off ? Difficile à dire...- ou encore un "Signs Say Go" qui n'a pour lui que sa rapidité d'exécution.
Queensrÿche n'a pas oublié ses penchants hard-rock (les dignes "Fear City Slide" et "A Junkie's Blues"), mais semble avoir totalement délaissé cette fois ses influences progressives. L'orchestre synthétique accompagnant le très rythmé "Re-Arrange You" n'est plus, de nos jours, le summum de l'inventivité ; tout cela a déjà été fait, même si le résultat demeure plutôt plaisant. Operation: Mindcrime II est plus direct que son prédécesseur, plus foncièrement heavy ; le producteur Jason Slater allie modernité et tradition dans son travail de mise en son, tirant vers le haut des chansons dans l'ensemble moins compactes et solides. Les attentes, à la première écoute, sont donc déçues, comme c'est le cas pour la majorité des "suites de...", dans n'importe quel domaine artistique d'ailleurs. Mais attention de ne point fustiger trop vite le groupe, qui a su faire tourner la vapeur à temps, pour fournir non certes un futur classique, mais un disque plutôt honnête, eu égard en tout cas aux plus récentes de ses parutions. L'estampillage "Operation: Mindcrime" est donc le principal facteur de désappointement ; il appartient au fan de passer l'éponge - ou pas. Mais ça peut valoir le coup.