Bien sûr, tout le monde aura son avis personnel, mais je pense vraiment que le metal est le style musical le plus prenant, le plus authentique, intéressant, chargé émotionnellement, le plus impressionnant techniquement et dans la transmission d’ambiances ou d’état d’esprit, mais surtout, lorsque l’on se met à écouter du metal, on vit metal, on respire metal… Bref, ce style n’est pas quelque chose que l’on écoute, mais quelque chose que l’on vit. Est-ce cet album de Vore qui me rend si dithyrambique à propos de notre style chéri ? Oui, et non… Explications.
La première chose frappante dans cet album, c’est ce son. Frappante, c’est bien le mot, le genre de production qui vous rentre dedans, qui vous maltraite en quelque sorte, mais vous, malsain comme vous l’êtes, vous en redemandez… La violence, ici extrêmement présente puisque si caractéristique du style pratiqué, à savoir le death metal, n’est en fait qu’un outil pour autre chose. Car au fond, cet effet rouleau compresseur, celui qui vous donne envie de retourner à l’état foetal, bien au chaud et en sécurité dans l’utérus de votre chère maman, n’est là que pour vous rappeler que le death, c’est malsain. Oui malsain, et pour toutes les personnes malsaines de cette Terre qui se contiennent en public grâce à cette musique, merci ! Bon, passons à du concret, parce qu’à part cette déclaration d’amour au nom de tous les cinglés impliqués dans la sphère metallique, qu’est ce qu’on a ? Un mix entre le old school des années 80 ou 90 et la nouvelle école, la vague plus ou moins progressive des années 2000 qui a envahi notre bulle il y a quelques années, avec des groupes comme Opeth (toujours ce son) ou encore Septic Flesh (le growl de Page Townsley se rapproche dangereusement de celui de Seth Siro Anton).
Et la qualité des titres, dans tout ça ? Et bien, on commence très fort avec le premier titre "The Cruelest Construct", et même si le reste a tendance à s’essouffler un peu, une certaine homogénéité reste présente. On pourra remercier les différents instrumentistes pour ce travail toujours impressionnant, et qui permettent de garder ce niveau constant tout le long du skeud. On pourra notamment citer Monsieur Remy Cameron, qui, derrière ses fûts, insiste sur la lourdeur d’un son qui n’en avait déjà pas besoin pour nous éblouir, et qui arrive également à sublimer chaque riff qui pointe le bout de son nez pour quelques instants. Car effectivement, les chansons ne se font que rarement redondantes, et les riffs s’empilent et se succèdent rapidement, tout en évitant avec plus ou moins de succès les répétitions et les baisses de régime. "Uroborus", en milieu d’album, nous permet de prendre l’air entre deux passages à tabac, et les soli, bien que peu originaux pour le style pratiqué, tendraient plus à faire mouche qu’à nous faire penser à du déjà entendu (on citera notamment celui de "The Unseen Hand", plutôt éblouissant). Enfin, le grand point fort de cet album est sans aucun doute son ambiance, prenante, entrainante et mystique, vous emportant dans un flot continu d’images répulsives.
Il y a donc tout pour plaire, et tout ce que l’on peut rechercher dans un album de death, dans cet album de death… Evidemment, il fera donc un peu typé, et parfois même il sonnera comme un autre groupe, mais les codes sont tenaces du côté obscur de la musique. On ne pourra donc pas en vouloir aux Américains, et on saluera plutôt leur réussite, tant au niveau qualitatif que commercial.