CHRONIQUE PAR ...
Amdor
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Nico Webers
(chant)
-Daniel Oberländer
(guitare)
-Simon Hawemann
(guitare)
-Filip Hantusch
(basse)
-Paule Seidel
(batterie)
TRACKLIST
1) Origin
2) Vertigo
3) H(a)unted
4) Terrifier
5) Of Fear and Total Control
6) Temple
7) The Black Lodge
8) Beyond Life and Death
9) To the Villains
10) Krycek
11) Scopophobia
12) Catacombae
13) Epitaph
DISCOGRAPHIE
Dans la vie, il y a les patronymes qui claquent et puis les autres. Quand le nom de ton groupe fait partie de la seconde catégorie, ta musique a intérêt à envoyer du lourd, ce que les Allemands de War From a Harlots Mouth semblent avoir bien compris. Alors faites abstraction de cette appellation qui ne veut pas dire grand-chose : ils réservent leur inspiration pour leur musique. Encore parfois rangés sous l’étiquette si difficile à porter de deathcore, le groupe a réussi à sortir du lot il y a quelques années et ne demande plus aujourd’hui qu’à pouvoir confirmer tout le bien qu’on en pense.
Ce Voyeur s’inscrit dans la suite logique suivie par le groupe depuis sa création : fini le deathcore gentiment décalé de Transmetropolitan, WFAHM joue aujourd’hui un mathcore bien plus sombre et torturé. Ce qui attirait la curiosité des amateurs sur ce groupe, et ce depuis In Shoals, c’était ces breaks jazzy qui permettaient d’aérer une musique particulièrement dense, et pourtant, suivant la tendance indiquée par MMX qui en limitait leur nombre et leur durée, les Berlinois prennent ici le risque de les supprimer une bonne fois pour toute sur ce Voyeur. On retrouve donc sur cet album pour seules respirations des violoncelles, tantôt mélancoliques, tantôt inquiétant, en intro et outro, sur "Catacombae" ainsi que sur l’interlude "Beyond Life and Death" situé en milieu d’album, soit sur au total un peu plus de 3 minutes sur les 35 qui composent l’album hors bonus. Sur les 32 minutes restantes c’est simple, WFAHM nous livre un monolithe sans concession et presque dépourvu de mélodie reposant sur une rythmique en béton armé.
Avec un duo basse-batterie particulièrement incisif bénéficiant d’un mix de haute qualité, ainsi que des guitaristes qui ne lâchent la corde grave qu’en de rares instants, comme sur "The Black Lodge", le groupe nous offre des titres massifs, écrasants et pas toujours évident à assimiler. Car c’est bien la section rythmique qui est à l’honneur ici : mise très en avant, elle densifie énormément la musique et constitue la véritable épine dorsale des compositions. Les premières écoutes sont d’ailleurs difficiles à surmonter tant on est proche de l’overdose de breakdown, si bien que les quelques accélérations en fin d’album sur "To the Villains", "Scopophobia" et "Catacombae", titres qui devraient plus fédérer les fans de MMX, sont salvatrices. Il faudra en effet plusieurs écoutes pour digérer les mastodontes comme "Temple" ou "Krycek" qui pèsent sur l’estomac au début avant de finir par se révéler comme étant des petites pépites dans leur genre.
On peut cependant regretter plusieurs choses, comme le chanteur, le même depuis deux albums, qui peine un peu à se hisser au même niveau de puissance que le reste ou encore la difficulté à différencier les titres de début d’album, globalement plus faibles que la suite. L’exemple le plus flagrant reste "H(a)unted", piste greffée à la fin de "Vertigo", qui passe totalement inaperçu avec ses 41 secondes pas franchement indispensables. En dépit de ces points, WFAHM livre une bonne copie. Difficile d’accès, Voyeur ne contentera pas tout le monde, c’est une certitude : dans un premier temps, les réfractaires aux mosh parts qui risquent de ne pas dépasser la première moitié de l’album qui en est pleine à craquer, puis certains fans des précédents essais du groupe qui regretteront le groove rafraîchissant de In Shoals. Toutefois, ceux qui survivront à la production asphyxiante de l’ensemble devraient apprécier l’effort tout à fait convaincant des teutons.
La musique de Voyeur se révèle à l’image de sa pochette : une beauté sombre et intimidante, une entité noire qu’il faut apprivoiser. War From a Harlots Mouth poursuit son bout de chemin, perdant en folie ce qu’il gagne en violence, sans pour autant rentrer totalement dans le rang. A réserver aux fans de mathcore et de deathcore, cet album court mais intense est une production solide qui devrait se révéler après quelques écoutes aux amateurs de riffs couillus, en espérant qu’après cette série de sorties de qualité, les Allemands puissent à l’avenir enfin être cités parmi les références actuelles du genre.