CHRONIQUE PAR ...
Mita
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Brenda Gaviño
(chant)
-Vince Marquez
(guitare)
-Wany
(guitare)
-Adán Madrigal
(violon)
-Brujo
(basse)
-Oscar Muro
(batterie)
TRACKLIST
1) La Danza De La Locura
2) La Delgada Línea
3) Eclipses
4) La Llorona
5) Nostalgia de Tí
6) En el Laberínto del Nahuál
7) Presagio
8) Espejo
9) La Semilla De La Vida
10) Lamento Romaní
11) No Fears
12) El Jardín
DISCOGRAPHIE
La scène mexicaine, vous connaissez un petit peu ? Si ce n'est pas le cas, ne vous inquiétez pas : mes connaissances dans ce domaine sont très limitées. Cependant, une formation retiendra notre attention aujourd'hui : El Cuervo de Poe, avec son second opus Ex-Libris qui, lui, succède à Vox Corvus La Voz Del Cuervo. On se situe pourtant dans le bon vieux créneau du metal à donzelle, la différence géographique ne devrait pas changer grand chose …
Premier point un peu fâcheux dans tout cela : une production qui ne permet pas de mettre correctement en valeur la batterie, un peu trop en retrait. Bien que l'ensemble sonore soit parfaitement convenable, cet élément reste un peu regrettable. On écoute, et c'est un peu la douche froide avec le premier vrai morceau "La Delgada Linea" (si on ne compte pas l'intro, bien sûr). Pourquoi c'est pas bon ? Car tout sonne assez brouillon, manquant de professionnalisme, composition faite presque à l'arrache, avec un refrain qui ne décolle jamais. Voilà, c'est une recette assez mauvaise et ça ne laisse pas un bon présage pour le reste de l'aventure. Pourtant, ne pas continuer serait une grossière erreur.
Ce qui se démarque immédiatement, c'est la voix de la jolie Brenda Gaviño, qui se démarque de nombreuses collègues dans le metal à chanteuse. Son timbre de voix est original, sa polvalence plus qu'exemplaire et sa capacité d'adaptation aux différentes mélodies vocales et aux thèmes développés est spectaculaire. Elle en volerait presque la vedette aux autres instruments ! Il est juste dommage d'accompagner la demoiselle de growls dispensables (bien que plutôt bons) sur "En el Laberínto del Nahuál", tant le chant féminin se suffit à lui-même. Là où sa performance est remarquable, c'est sur "Nostalgia de Tí", une ballade somptueuse et délicate, réellement touchante. L'usage de la langue natale (exception sur "No Fears") des Mexicains aide encore davantage à porter en émotion ce morceau déjà raffiné et harmonieux. Là où cet exercice est casse gueule pour beaucoup, El Cuervo de Poe transforme l'essai en un monument d'émotion.
Adán Madrigal, le violoniste, est un protagoniste qui prend une grande part à la réussite d'Ex-Libris. Car là où les guitares veulent souvent donner dans la lourdeur et verser dans la puissance (des tournures plus heavy peuvent s'identifier ici et là), ce violon aide à calmer les ardeurs, à mélanger les diverses inspirations. Ainsi, on joue énormément sur un effet de contraste entre cette vélocité de la section rythmique et la délicatesse apportée par le violon et le chant. Ce qui est intéressant, c'est que dans la musique du groupe, ce n'est pas qu'un simple faire-valoir. Non, il est partie intégrante de la musique et ses lignes fonctionnent généralement très bien, tant elles sont variées. Sans aller jusqu'à dire que ça ajoute une petite touche d'originalité, on a quand même le droit à une bonne dose de fraîcheur dans le climat mexicain.
D'ailleurs, l'Inde s'invite à la fête le temps de "No Fears", où les ambiances et les instruments de ce pays sont utilisés pour renforcer l'ambiance d'une composition déjà de grande qualité. Et encore, ce n'est pas la seule atmosphère, car assurément c'est un énorme point fort chez El Cuervo de Poe qui s'amuse à brouiller les pistes assez régulièrement. Et tout ça n'est pas un cache-misère, au contraire : derrière, ça assure rythmiquement, nous faisant donc oublier le faux pas initial qu'est "La Delgada Linea". "El Jardín" est un titre puisant ses influences dans la musique progressive, nous délivrant une structure peu banale, et jouant, là aussi, sur divers voyages (bien que le Mexique soit évidemment privilégié). "La Semilla de la Vida", très justement choisie comme single, délivre un parfait aspect direct et accrocheur, en dosant quelques touches rock à ce mélange de metal gothique et alternatif, pour un résultat qui ne déçoit nullement. Tout comme cet opus est, en général, très réussi.
Ex-Libris démontre donc que la scène mexicaine a, elle aussi, de jolies choses à nous montrer. Et s'il subsiste des imperfections, gageons qu'elles ne seront que de l'histoire ancienne dès le prochain album de la formation. En fait, El Cuervo de Poe a même le niveau suffisant pour rivaliser avec les groupes européens. Mais on sait tous que la géographie peut, malheureusement, être une énorme barrière ...