CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Morten Shax
(chant)
-Endekrist
(guitare)
-Mattis Malphas
(guitare)
-Sregroth
(basse)
-Carl Balam
(batterie)
TRACKLIST
1) Junkyard Oblivion
2) Enigma of the Sullen
3) Against Them All
4) Swansong of a Giant
5) Hollow
6) Krossing Rubikon
7) Soulcleansing
DISCOGRAPHIE
Une petite déclamation mystique d'un ton totalement plat pour commencer, c'est le genre de chose qui veut mettre en ambiance non ? A la vue du titre, Erotik Nekrosis, vous pourriez légitimement vous attendre à de langoureux cris féminins. Loupé donc. Ici, on invoque manifestement. Pourtant, amateur de sexualité débridée, ne vous inquiétez pas car Endezzma, chose assez rare au final dans le black, évoque les termes « sex » et « fuck » de temps en temps. Donc, premier album de black sexuel ?
Moui, pour le côté purement sexuel, il faudra repasser car en dehors du titre et de quelques paroles intelligibles, le reste n'est pas spécialement orienté (ou tout du moins, en ignorant le reste qu'on ne comprend pas, soit 95%). Mais cela laisse tout de même la musique, ce qui finalement nous intéresse au plus haut point. Une musique qui commence comme Leviathan, le Suédois, avec un son et des riffs étonnamment similaires. Le chant est cependant loin des standards black puisqu'il s'avère hurlé plus que râclé même s'il garde une touche désespérée, réminiscence des années 80 auquel il fait indubitablement penser, qui n'est pas pour déplaire. Néanmoins, sachez qu'il est suffisamment particulier pour plaire ou déplaire fortement, il n'est clairement pas neutre. Ce qui ressort également de ce premier titre est la propension du groupe à se livrer aux duels de soli dans une veine très mélodique.
Endezzma ne fait donc pas du black comme tout le monde et c'est certainement tant mieux. Il continue de le prouver en balançant une sorte de solo de basse pour débuter "Enigma of the Sullen", là on pense du coup gros rock ou Virus, car cette basse qui claque est baveuse et saturée. La suite de la chanson sera dans un style mélodique et parfois langoureux dont certains riffs font penser à un copier coller de Cradle of Filth période Dusk... And Her Embrace / Cruelty and the Beast. Sachant que derrière, on a du Darkthrone version black'n roll. En fait, Endezzma va faire penser à beaucoup de courants et groupes du black metal au cours de son évolution sur cet album et ça va se révéler un problème dérangeant. La sensation d'avoir au final quelque chose d'unique et très varié mais fabriqué comme l’agrégation de trop d'influences. Comme si on avait un Frankenstein fait black metal, tissé des résidus décharnés du black metal.
En tout cas, c'est la sensation qui en ressort et c'est ce qui va gréver Erotik Nekrosis malgré ses qualités indéniables de composition, de jeu, car chacun des membres propose une technique solide, et de versatilité musicale. Trop versatile au final et surtout trop reconnaissable dans ses influences ("Against Them All" c'est du pur Angst Skvadron, pas si étonnant si on considère que le guitariste du groupe maintenant décédé en faisait partie). Pourtant, et c'est là tout le paradoxe, on peut croire détenir quelque chose d'unique au final, seulement tout est ruiné par ce manque de finesse dans les reprises (Dimmu Borgir "Soulcleansing" ?). Ou alors votre chroniqueur a trop l'esprit concentré à chercher la bête, pourtant la première écoute avait été enthousiasmante. Et c'est le deuxième écueil du disque, c'est que le soufflé retombe au fil des passages dans le lecteur. De débuts prometteurs, on passe à un statut de « Ouais, pas trop envie d'y revenir finalement », ce qui ne présage de rien de bon.
Que penser de ce Erotik Nekrosis donc ? Qu'il plaira à une frange du public black metal indubitablement, celle qui ne se soucie guère des influences, et ils ont bien raison. Ceux qui débutent dans le genre pourrait aussi y trouver leur compte avant de s'envoler vers les originaux. Pour les plus aguerris, cela risque d'être plus difficile, mais sachez que rien que pour un son de guitare si froid, on a envie de donner sa chance pour un deuxième album.