CHRONIQUE PAR ...
Droom
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Mogwai
(supervision)
-intervenants
(cf. tracklist)
TRACKLIST
1) George Square Thatcher Death Party (Justin K. Broadrick Reshape)
2) Rano Pano (Mogwai Is My Dick RMX by Klad Hest)
3) White Noise (EVP Mix by Cylob)
4) How To Be A Werewolf (Xander Harris remix)
5) Letters To The Metro (Zombi remix)
6) Mexican Grand Prix (reworked by RM Hubbert)
7) Rano Pano (Tim Hecker remix)
8) San Pedro (The Soft Moon remix)
9) Too Raging To Cheers (Umberto remix)
10) La Mort Blanche (Robert Hampson remix)
DISCOGRAPHIE
Mogwai -
A Wrenched Virile Lore
Loin d'être des débutants, les Ecossais de Mogwai écument la scène post-rock depuis 1995. Ceci leur permet de revendiquer une qualité de pionnier du genre, ou du moins d'influence majeure sur la génération qui suivra (et on sait que la portée est grande !). Comme toute influence majeure, Mogwai méritait donc un hommage. C'est chose faite avec A Wrenched Virile Lore. Car nous ne parlerons pas ici d'un album au sens strict, mais d'une compilation de remix fondés sur l'oeuvre des post-rockers.
Cassons immédiatement les codes du site et utilisons une formule personnelle: j'avais adoré le dernier album en date, Hardcore Will Never Die, But You Will, sorti en 2011. Tour à tour énergique et posé, le post-rock présenté sur cet opus m'avait eu par surprise, me forçant à remettre en permanence le disque dans le lecteur. C'était donc avec une joie particulière que j'accueillais A Wrenched Virile Lore. En effet, cette sortie, loin de réviser les titres cultes du groupe, se restreint aux seuls titres de l'album précédent. Presque tous y passent, exclusions faites de "Death Rays" (dommage !) et "You're Lionel Richie". Seront en revanche doublement repris "Rano Pano", déjà virevoltant dans sa version originale, mais encore "White Noise" et "Georges Square Thatcher Death Party" (une fois chacun de manière autonome, puis une seconde fois dans le super-remix de 13 minutes "La Mort Blanche", compilation retravaillée des deux morceaux sus-cités). Après ce tour d'horizon de l'album et après avoir signalé le bel anagramme qu'est son titre, il est plus que temps de s'attarder sur la musique.
Qui dit remix dit electro. Et qui dit post-rock dit progression. Logiquement, les remix présents sur cet opus se résument donc pour la plupart à de l'electro ambiant, tendance post-rock mais pas trop. Est-ce clair ? Si la plupart des pistes bidouillent et déconstruisent les originaux pour en faire de nouvelles pistes tour à tour dansantes ("How To Be A Werewold") ou planantes ("La Mort Blanche"), la réinterprétation de "Mexican Grand Prix" par R.M Hubert (qui assurait les premières parties du groupe sur la dernière tournée) se démarque du reste en présentant une version interprétée à l'aide de sa seule guitare acoustique, accompagné d'un chant chaleureux et un brin suave. Un peu d'humanité au milieu d'un foisonnement de sonorités numériques. A ce propos, un mot sur les autres intervenants: pour la plupart inconnus de ma personne, nous noterons néanmoins la présence de Justin Broadrick (Godflesh, Jesu) qui, sur le premier morceau, laisse son empreinte à l'aide de beats incisifs et aériens à la fois. On ne change jamais vraiment.
Et le reste? Eh bien, ce reste alterne entre passages corrects et quelconques. Au rang des bonnes idées faut-il citer les sonorités "gameboy" de "Rano Pano" revue par Klad Hest, la reprise d'"How To Be A Werewolf" (seule piste à dépasser son modèle, qui était le point faible sur Hardcore...), l'hommage Tangerine Dreamien de Zombi sur "Letters To The Metro" ou le doux vocoder sur "White Noise". Le reste, jamais désagréable, est toutefois de moins bonne facture. "Rano Pano" version Tim Hecker semble cotonneux et inutile tandis que "Too Raging To Cheers", bien qu'agréable à l'écoute, n'ajoute aucune plus-value par rapport à un morceau initial se suffisant à lui-même. Au final, les morceaux restent pour la plupart identifiables grâce à la reprise de leur thème mélodique. Identifiables, certes, mais pas aussi percutants sous ces versions revisitées que dans leurs formes originelles. Et c'est un peu là que le bât blesse. En fond sonore, c'est super mais après... c'est une autre histoire.
Bref, en un mot comme en cent, A Wrenched Virile Lore est loin, très loin d'être aussi intéressant que l'oeuvre première sur laquelle il se fonde. Sans être soporifique (quoique...), cet essai ne sera pas non plus du genre à vous faire tomber à la renverse. Nous ne tenons ici qu'une sortie sympathique mais parfaitement dispensable -y compris pour l'amateur de post-rock- qui ne saurait vous détourner de votre objectif principal: acquérir au plus vite Hardcore Will Never Die.